Ci-après le dernier volet de la série consacrée à "l'exceptionnalisme". Dans l'art de vivre à la française, il y a un rapport particulier entre l'homme et la femme. C'est sans doute le seul pays où, depuis pratiquement toujours, les conversations sont communes.

Dans les pays d'Europe du Sud, il n’y a encore pas si longtemps, les femmes restaient à la maison pendant que les hommes profitaient des terrasses de café. Dans les pays d'Europe du Nord, lorsqu'il y avait un dîner réunissant des amis, les femmes, après le dessert, allaient papoter tandis que les hommes passaient au fumoir.

La France est peut-être en retard en matière de parité professionnelle mais elle est largement en avance pour ce qui est de la parité du désir et la pratique de la séduction réciproque. Au Moyen Age, il y a eu l'« Amour Courtois », dans la chevalerie et un amour assez libre dans la paysannerie. Au XVIe siècle, les choses s'expriment clairement : le poète Clément Marot dit de deux amoureux qu'ils sont animés par un « vouloir semblable ». Au XVIIe et XVIIIe siècles, le libertinage est loin d'être une exclusivité masculine. Au XIXe, ce penchant n'est pas complètement étouffé par l'ordre bourgeois. Aujourd'hui, beaucoup d'étrangers parlent encore, avec un clin d’œil parfois grivois, de cette forme d'égalité qui est un patrimoine commun des Français et Françaises.

Dans un monde à l'avenir incertain, cette originalité n'a pas de prix mais beaucoup de valeur.