Où vont les Français ?

L’élection du 6 mai s’est jouée à peu de choses. Mais les Français sont lassés des querelles de doctrine et des batailles de chiffres qu’on a vu pendant la campagne. Ils attendent de leurs élus des mesures efficaces. La perception des carences du système économique est grande.

Un taux de 25 % de jeunes au chômage est absolument inacceptable. Et ce n’est pas parce qu’en Espagne ce taux atteint 50 % que cela nous console.

Les mesures « protectionnistes » prônées par une partie de la droite ont été désavouées ; la stigmatisation des immigrés et la fermeture des frontières n’ont pas convaincu, même si les peurs sont toujours là. A ce sujet l’analyse d’Hervé Le Bras dans le Monde daté du 26 avril montre clairement que les forts taux de vote FN se produisent dans les lieux où il y a le moins d’immigrés. Au contraire, ce taux de vote FN est beaucoup plus faible dans les lieux où la proportion de français « d’origine immigrée » est plus grande. N’y a t il pas là une preuve par les chiffres que la « peur de l’immigré » est injustifiée ?

Les Français attendent encore trop de l’Etat français. Ils perçoivent encore mal les implications des traités européens. Or, la marge de manœuvre de l’Etat français est faible. Les espoirs de solutions « nationalistes » à la crise sont des impasses. L’enjeu est à minima européen, et probablement mondial. D’où l’importance de la qualité des relations de nos dirigeants avec leurs homologues étrangers. L’équipe qui va arriver au pouvoir en France n’est pas suspecte sur ce plan.

Cette qualité de relation est nécessaire, elle se concrétise par les rencontres régulières des responsables. Mais elle n’est pas suffisante. Les résultats se font souvent attendre ; l’opinion aurait de quoi juger sévèrement l’action de ces instances internationales, en particulier face à la crise financière. Car les mesures courageuses proposées depuis longtemps semblent « patiner » : résorption des paradis fiscaux, taxation des transactions financières, « mise au pas » des banques pour servir l’économie et non pas pour accumuler les profits par des méthodes de spéculation de plus en plus sophistiquées. L’exaspération des perdants est grande : chômeurs, travailleurs précaires et peu payés, retraités de misère. Le RSA n’a pas désamorcé la colère : c’est un palliatif, pas une solution. L’écart de bien être entre les « sacrifiés » et les « nantis » du système est redevenu explosif. Les nantis ne doivent plus agir exclusivement pour renforcer leur situation de rente. Les organisations de générosité reviennent au premier plan. Le succès des films sur ce thème n’est il pas un bon indicateur ? « Bienvenue chez les Chti’s » et « Les intouchables » ont ravi les français.

Où vont les Français ? Je l’espère, à la concertation sociale, aux réformes négociées, et à la générosité. Il nous faut de l’imagination pour de bonnes solutions et la volonté de concertation à tous les niveaux. Et non pas susciter des clivages ni rechercher de façon illusoire des boucs émissaires. Là aussi le rôle de l’Etat sera nécessaire mais il ne sera pas suffisant. C’est l’affaire de tous les Français.

Philippe Tixier

Président de Dirisolar

Share

Commentaires

Pas bien loin ... et ce tant que les corporatismes et les intérêts politiques et particuliers l'emporteront sur l'intérêt général !

Prenons un exemple, la filière du bois.

La France, pays de forêts, n'arrive pas à mettre sa filière du bois en ordre de marche. Elle produit la matière première en quantité et l'exporte, pour ensuite importer des produits manufacturés (meubles ou autres ... d'Allemagne par ex) comme un pays du tiers monde.

Pourquoi ?

Autre exemple, le port Espagnol de Valencia a profité à plus de 90% des subventions allouées par l'Europe quand le port de de sète lui n'en a utilisé juste 10%.

Pourquoi ?

Ajouter un commentaire