L’évolution climatique en question

La controverse en cours sur le changement climatique présente deux aspects, l’un scientifique, l’autre sociétal.

I - L’aspect scientifique : le plus clair et le moins compris par le public

Un certain nombre d’observations se présentent comme des faits établis n’étant remis en cause par personne.

  • Le niveau moyen des mers s’élève

Depuis la fin du 19e siècle, les marégraphes enregistraient une montée d’environ 1,8 mm par an. Commencées en 1992, d’excellentes mesures satellitales enregistrent depuis cette date une montée moyenne de 3,5 mm par an, donc une accélération (on est loin des affirmations d’Al Gore). Un tiers du phénomène est attribué à la dilatation de l’Océan due à son réchauffement ; un tiers à la fonte des glaciers de montagne et un tiers à celle des glaces péripolaires du Groenland et de l’Antarctique de l’ouest.

  • La surface de la banquise arctique diminue

Le cycle annuel de la banquise arctique (je dis arctique et non antarctique) se modifie : sa surface diminue plus pendant les étés qu’elle ne le faisait au début du 20e siècle, l’extension minimale de l’inlandsis décroît à un rythme de 8% par décennie, passant de 7,5 millions de km2 en 1978 à 5,5 millions en 2005 (mesures satellitales).

  • La température moyenne augmente

La température moyenne à la surface de la Terre est déterminée à partir de moyennes mensuelles combinant les mesures journalières obtenues dans les milliers de stations continentales et à bord de navires. S’y superposent des variations de plus faible amplitude qui ne modifient pas la tendance de fond : c’est ainsi que si la température a baissé dans les années 1950, elle a augmenté de 0,75°C entre 1906 et 2005, y compris 0,64°C entre 1956 et 2005. On voit que le phénomène à long terme est de l’ordre de 0,01°C par an, à comparer avec les fluctuations saisonnières de 10°C sur une moyenne couvrant un hémisphère. Ces chiffres font comprendre la différence entre climatologie et météorologie.

L’amplitude de l’effet n’est pas la même partout. Dans l’Arctique, la croissance, plus marquée, atteint 2,5°C. En France, les mesures de Météo France (qui ne sont pas faites par des écologistes échevelés) montrent une augmentation de la température moyenne de 1°C entre 1950 et 2005, avec des conséquences frappantes comme l’avancée de deux à trois semaines de la date de certaines vendanges entre 1950 et 2005, le plus grand nombre de journées estivales, le plus petit nombre de jours sans gel et surtout une différence plus faible entre la température de jour et celle de nuit.

Prenant en compte ces mesures, la très grande majorité des professionnels (chercheurs et opérationnels) qui s’occupent de météorologie, d’océanographie, de glaciologie ou de climatologie, est convaincue de la réalité de l’amorce d’un changement climatique caractérisé par une évolution rapide vers des températures plus élevées, à l’exception des présentateurs de TV américains, dont la compétence scientifique est modeste.

Encore une fois, il faut distinguer la météorologie – qui décrit des phénomènes à l’échelle de la journée, voire de la semaine –, et la climatologie dont l’horizon est le siècle.

La climatologie repose sur la description du passé à partir de son héritage (gaz emprisonnés dans la glace antarctique, anneaux de croissance des arbres…). Pour prévoir le futur, elle doit extrapoler vers lui – au moyen de modèles – la situation actuelle fournie par des mesures crédibles (c’est-à-dire faites à la fin du 19e et  au 20e siècle).

Comme il s’agit de comprendre le cycle de l’eau sous ses trois phases, vapeur, glace, liquide, en simulant ses interactions avec les sources d’énergie que sont la Terre solide d’une part, le Soleil d’autre part, les modèles, fort nombreux, dépendent d’hypothèses simplifiant une réalité très complexe et varient donc d’un laboratoire à un autre ; ceci d’autant plus que leurs bases physiques sont sujettes à caution, particulièrement en ce qui concerne les nuages et les précipitations. C’est le travail du GIEC (Groupe International sur l’Evolution Climatique dans le cadre de l’ONU) que d’établir une synthèse entre les résultats des différentes modélisations. On peut dire que la communauté scientifique des climatologues, océanographes, glaciologues etc. travaille pour le GIEC dont elle fait partie mais qui ne doit pas être confondu avec elle.

La première étape consiste à essayer de comprendre le pourquoi de l’évolution constatée.

On peut chercher une cause dans l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère en CO2. Celle-ci a crû de 50 % depuis le début de la Révolution industrielle par suite de l’emploi généralisé de combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole) pour fournir de l’énergie. La seule explication du réchauffement qui résiste à la critique est en effet le piégeage du rayonnement infrarouge émis par le sol, dû à l’effet de serre additionnel créé par le CO2 provenant de la combustion. Sans cet effet, aucun modèle du GIEC ne reproduit l’augmentation actuelle de température, alors qu’avec son incorporation ils en rendent exactement compte. Les modèles calculent ensuite l’élévation future de la température, en fonction des émissions de CO2 par l’homme selon les différents scénarios de développement économique. Il ne s’agit plus alors de science climatique mais de prospective géopolitique à considérer avec prudence. Les modèles que le GIEC a considérés comme sérieux fournissent à l’horizon du siècle par rapport à 1990 une augmentation de la température moyenne à la surface, située dans la fourchette 2° – 4,5°C. Il est vrai que certains modélistes limitent l’effet du CO2 à 1°C. De plus une des conséquences de cette évolution est l’acidification rapide des océans qui est admise par tous.

Telle est la situation du point de vue scientifique. On n’y peut discerner aucune « imposture » et la communauté scientifique concernée a fait un travail correct, présenté en toute honnêteté et toute transparence. Les critiques portant sur le comportement de certains de ses membres, ou sur quelques erreurs de détail, n’entachent en rien les résultats factuels exposés ci-dessus. Il faudra modifier l’organisation et les règles du GIEC ; les faits d’observation n’en seront pas transformés. Il lui faudra aussi modifier sa communication, car la confusion a été entretenue par ses publications entre les observations et les modèles dont la crédibilité a été surévaluée.

II - L’aspect sociétal, le plus obscur et le mieux compris par le public

Comme l’affaire intéresse le monde entier, de nombreux acteurs, sans  connaître et encore moins comprendre la problématique scientifique, ont cru bon d’intervenir (écologistes automandatés, producteurs de combustibles fossiles, politiciens, medias..). Les « réchauffistes » inquiètent les foules en annonçant l’apocalypse, les « climatosceptiques » rassurent en pourfendant les scientifiques.

Les ennemis des sciences, très actifs aux Etats-Unis, où ils ont saisi le prétexte de l’Année Darwin pour attaquer les biologistes et les paléontologues, ont été financés par les lobbies pétroliers et assaillent violemment la communauté scientifique avec l’aide de la presse Murdoch et de certaines télévisions. Le public, devant les sombres perspectives ouvertes par les climatologues, ne demande qu’à être rassuré quand on lui offre pour boucs émissaires des scientifiques présentés comme fous, incompétents, désireux uniquement de faire financer leur misérable recherche.

L’Académie Nationale des Sciences, « deeply disturbed by the recent escalation of political assaults on scientists in general and climate scientists in particular » répand parmi ses membres un texte de soutien des résultats exposés ci-dessus qu’elle résume en une phrase : « The planet is warming due to increased concentrations of heat-trapping gases in our atmosphere ». Il doit paraître ces jours-ci dans la revue Science (après refus d’insérer par la grande presse…) : déjà 255 membres, (dont je suis) ont signé ce document. En France, l’Académie des Sciences découvre en son sein l’existence d’un Coluche qui s’est emparé du sujet pour le bonheur de la foule et donc des medias. Elle ne sait que faire.

La communauté scientifique fonctionne au moyen de controverses codifiées, car la science ne prouve jamais rien absolument et toute conclusion est entachée d’une incertitude ouvrant la voie à discussion. Mais cette communauté ne peut admettre que le débat d’idées soit pollué, comme il l’est aujourd’hui, par des attaques personnelles, des injures, des mensonges, des diffamations, en dehors du champ des idées : elle tente d’organiser une riposte à laquelle elle est mal préparée, car elle fonctionne avec l’idée que sa responsabilité est de faire de la bonne science et d’en offrir les fruits à la société, non de faire campagne pour défendre telle ou telle opinion.

Au-delà de ces turbulences, la classe politique est déboussolée. Il est évident que les gouvernements des pays dont l’économie repose sur l’utilisation de combustibles fossiles – les plus grands – ne peuvent dévier de la ligne qu’ils suivent depuis des décennies et qui a permis leur développement. Leur consommation augmente de 2% par an et continuera au même rythme. Il n’y a pas de solution de rechange. C’est pourquoi l’échec de la conférence de Copenhague était prévu avant qu’elle ne se tint. Le premier président Bush l’a dit : « Le niveau de vie des Etats-Unis n’est pas négociable ». Ce niveau de vie, c’est l’automobile qui l’assure. Même doctrine pour la Chine et pour l’Inde qui fonctionnent au charbon. Bridés par leurs besoins et les impératifs de leurs électeurs, ces gouvernements ne trouvent pas de politique : l’avenir n’est pas leur affaire.

Des sottises comme les agrocarburants (à l’exception de la canne à sucre au Brésil), le pacte écologique, la taxe carbone, le tout éolien sont adoptés ou rejetés au petit bonheur. Raymond Lévy évoque avec raison les « impulsions irréfléchies », mais il a tort de qualifier l’analyse scientifique de  « discutable ». Il faut évidemment réduire les émissions de CO2, mais nul ne sait comment. Quant à ceux qui préconisent d’accélérer le progrès technique pour résoudre une crise créée par son excès même, ils font penser à ce personnage qui se jette à l’eau pour éviter d’être mouillé. Quel est donc son nom ?

Le problème du changement climatique est réel. Il n’a vraisemblablement pas de solution. Il n’en exige pas moins une réflexion approfondie, loin des tréteaux.

La question soulevée par cette crise n’est qu’un aspect de celle des rapports de la science avec la société, ou plutôt des rapports de la communauté scientifique avec le public et les instances de décision, politiques ou économiques. La communauté scientifique observe et mesure les interactions actuelles de l’homme avec son milieu, et ses conclusions, en l’absence de toute certitude absolue, aboutissent en général à un exposé et à une évaluation des risques. Ainsi la communauté médicale a-t-elle présenté le risque d’une pandémie engendrée par le virus H1N1. L’interrogation à laquelle personne ne pouvait répondre était : le virus mutera-t-il vers une forme dangereuse à l’échelle mondiale ? On ne le sait pas. Et donc que faire ? Une telle situation se reproduira.

De même l’évaluation climatique correspond-t-elle à une interrogation : l’augmentation de la concentration en CO2, tant atmosphérique qu’océanique risque-t-elle d’engendrer un changement significatif des conditions de vie sur Terre, touchant l’agriculture, la santé, l’équilibre géopolitique ?

Et bien d’autres !

Les responsables politiques et économiques doivent créer des structures capables de conduire une gestion de ces risques, car il n’en existe pas aujourd’hui. La priorité est de permettre une élaboration satisfaisante du message scientifique, afin de lui donner crédibilité et acceptabilité. Sans doute les Académies des sciences devraient-elles être mises à contribution, à condition d’être réformées afin de les adapter à cette fonction qu’elles ne remplissent pas.

De l’autre côté, les rouages des gouvernements devraient être rendus capables de recevoir le message scientifique, de le filtrer, et de le transformer en propositions réfléchies acceptables par les citoyens à travers un processus démocratique.

Nous sommes bien loin, hélas, de l’élégant « L’environnement, ça commence à bien faire ! ». C’est dire que je ne me fais aucune illusion.

Lire les contributions de Raymond Levy et Michel Mabile

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Commentaires

J'ai lu avec grand intérêt les deux contributions d'Alain et de Laurent qui tous deux mettent en exergue l'affirmation de Jacques Blamont :
"Le problème du changement climatique est réel. Il n’a vraisemblablement pas de solution. Il n’en exige pas moins une réflexion approfondie, loin des tréteaux... "

Tous les deux semblent étonnés de cette position. Si je les comprends bien (mais je n'en suis pas certain), il refusent intellectuellement l'hypothèse que la situation climatique du monde ne soit pas "gouvernable" par l'intelligence humaine guidée par une bonne volonté collective.

Autrement dit, ils semblent penser que l'Humanité sera capable d'influencer son écosystème pour que celui-ci "épargne" la vie humaine sur terre et qu'en sacrifiant un tant soit peu de notre "haut niveau de vie actuel", en changeant nos comportements par exemple, nous pourrons avoir un comportement agréable aux yeux du nouveau DIEU CLIMAT... Ce dernier, charmé par la bonne volonté des Hommes, ne leur infligerait alors plus les catastrophes et les sautes d'humeur dont ce dieu est coutumier.

Mon sentiment personnel est que ce dieu CLIMAT est inhumain et qu'il évoluera suivant des lois physico-chimiques dans lesquelles, l'humanité n'a fait que modifier à la marge et pour un temps seulement les conditions d'expérience.
Pourquoi ?
L'Homme a réussi grâce à son cerveau aussi à ses tendances naturelles à la "paresse" et "l'imagination" à utiliser des matériaux que la Nature a fabriqué selon ses propres lois (pétrole,charbon, forêts, rivières, océans, métaux, etc.). L'Homme a colonisé la planète en recherchant les lieux les meilleurs pour lui, en les protégeant par des barrières de force, des frontières, des lois et des cultures... Les peuples ont toujours été, plus ou moins, en quête d'une "Terre Promise". Par construction, ce territoire désiré a toujours été un ailleurs, situé quelque part sur notre planète. Notre planète a longtemps été vue à l'échelle de l'individu comme un infini, longtemps d'ailleurs de forme plate et sans limite !

Ce que l'Homme constate maintenant, aujourd'hui, et qui lui fait si peur c'est qu'il a pris conscience de son état de "finitude" sur l'ensemble des champs où son activité peut s'exercer !

Pour lui-même, cela est ancien et cela s'appelle la Mort.

Pour son environnement "utilisable", cela s'appelle la "Fin de la période de récolte des fruits que l'histoire du Monde a produit depuis ses origines" mais aussi la "Fin de l'idée qu'il existe toujours un "ailleurs du Monde" dans lequel une solution meilleure sera toujours possible...

Au final, l'Humanité me semble mise face aux "ressources naturelles offertes et aux conditions de vie" dans la situation des "Aventuriers du Nouveau Monde" à l'époque où ils ont découvert que l'Amérique n'était pas un territoire infini car, en fuyant vers l'Ouest toujours plus loin devant eux. ils avaient découvert le Pacifique, frontière naturelle incontournable. Depuis, les transports par bateau ou par avion on détourné cette contrainte naturelle du Pacifique mais au prix d'un sacrifice (trouver de l'énergie fossile) qui semble aujourd'hui présenter une autre contrainte dure ... celle de leur "finitude" !

(A ce propos, toutes les voies n'ont pas encore été étudiées, je pense surtout à la conversion de l'énergie gigantesque, gratuite et non polluante, contenue sous nos pieds, dans le sol profond, et que peu de gens s'intéressent d'étudier.... Etrange aveuglement !!!)

Le problème du climat tel qu'il est vécu, vient se superposer à la finitude du territoire et à celle de ses ressources.

Le climat évolue tout seul et l'Homme en est le catalyseur des processus fondamentaux naturels.

C'est pourquoi, plutôt que de lutter de toutes ses forces contres des évolutions climatiques à la mesure des temps géologiques, il me semblerait sage de s'intéresser à ce qu'il conviendrait de faire pour que, par exemple, le niveau des eaux marines montant, la température moyenne du globe montant avec des écarts locaux immenses !), les ressources naturelles s'amenuisant, l'Humanité, témoin de ces phénomènes naturels, puisse "sauver sa peau".

L'Humanité se sauvera-t-elle toute ensemble ? Serons-nous obligés de construire une autre "Arche de Noé" ? Comment se fera le choix des "Elus" ? L'inégalité des conditions de vie entre les territoires due aussi au climat qui est le leur, provoquera-t-elle des déplacements massifs de population, des guerres fratricides, voire l'arrivée d'un "Nouvel Eugénisme" ?

Donc, plutôt que de se flageller sur "la faute à qui", le Réalisme et la Raison, ne devraient-ils pas nous conduire à répondre une simple question face à des périls incontournables à terme :

" Que pouvons nous faire ? Que devons nous faire ? Comment notre imagination et notre intelligence peuvent-elles tracer une voix possible vers le salut collectif ?

HPS

La disparition de l'homme n'est pas une hypothèse saugrenue. Elle est de toute façon inscrite dans l'expansion prévue de notre chauffage collectif : le soleil.

Soyons tranquilles, d'autres aventures de la conscience prendront la suite dans d'autres quartiers de l'univers.

En attendant, nous avons largement le temps de pousser beaucoup plus loin l'exercice d'exister qui nous est proposé.

Lorsque je pratique le flash back de Henri-Paul, je ne remonte pas si loin. Je me mets à la place d'un parisien de 1750, étourdi d'odeurs putrides, terrassé par la maladie souvent avant 30 ans.

Et j'essaye d'imaginer le monde 250 ans plus tard. Pouvais-je penser que mes descendants vivraient mieux que le roi à Versailles ? Impossible.

Dans 250 ans, nous serons bien là, dans un monde qui sera en partie le reflet de nos actions d'aujourd'hui.

Je ne peux que m'émerveiller, toujours, devant la clarté des écrits et des synthèses de Monsieur Blamont. Je ne peux donc pas m'empêcher de recommander à tous les "Vigilants" de relire avec attention son excellent ouvrage LE SIECLE DES MENACES ...

Toutefois, je ne peux aussi m'empêcher de proposer à la réflexion de chacun l'hypothèse suivante.

" Et si ?
Et si la pauvre espèce humaine, une espèce animale parmi d'autres, certes un peu étrange, se faisait une idée de son importance dans l'univers telle qu'elle en viendrait à penser qu'elle peut tout sur tout ?

Et si, au fond, l'Humanité était toujours prête au rêve d'Icare ?

Et si elle n'imaginait même pas une seconde qu'elle pourrait être mortelle et que le Monde pourrait revenir dans un état semblable à ce qu'il était il y a quelques millions d'années ? Un Monde qui évoluerait tout seul, spontanément, et sans que ce qu'il est ne soit que pour une part infime le résultat d'une action humaine ?

Un monde sans Humanité serait-il de nouveau possible, de manière naturelle i.e. sans que nous ne puissions pas y faire grand'chose ? "

Habitant au coeur de Paris, j'ai toujours beaucoup de mal à imaginer qu'il y a des millions d'années, le lieu où je vis tout naturellement aujourd'hui était recouvert par une mer tropicale, peuplée de poissons inconnus et entourée de terres plantées d'arbres étranges qui n'existent plus qu'à l'état de traces dans la mémoire des roches calcaires qui m'entourent ...

Je serais très intéressé, d'avoir l'avis de Jacques Blamont et des Vigilants sur cette hypothèse "saugrenue" ?

HPS

Brillant article, vraiment ! Pourtant, j'ai eu exactement la même réaction que celle d'Alain Bondu.

Ce "il n'y a pas de solution" me gêne car il y a une solution, et tout le monde la connaît : il s'agit "seulement" de changer nos comportements.

Je prends un exemple. Devenir végétarien (la viande = 18% du CO2, nous disait J Blamont), est une décision qui se prend en un instant. Voilà, c'est fait ! Je me suis amusé à l'essayer il y a deux ans. Essayez vous-même, c'est curieux, c'est une aventure au coin de la rue, un vrai voyage avec soi-même.

Ce genre de solution est, dans un premier temps, coûteux pour celui qui la prend. Il doit renoncer à un possible. Ne pas faire tout ce que l'on pourrait faire est peut-être une morale pour demain.

Toutefois, je pense que ce que l'on abandonne dans le monde des quantités, on peut le retrouver dans celui des qualités. Moins de matériel, plus de ... à chacun de remplir suivant ses idées et son vécu.

Donc, la solution existe. Mais elle n'existe qu'avec une sortie par le haut. Cette crise environnementale peut être une formidable opportunité pour que l'Homme devienne encore plus humain.

M’étant offert le plaisir de relire – plusieurs fois- la contribution de Jacques Blamont, j’ai fini par y trouver un point qui prête à discussion, du moins à mon avis.
Je veux parler du passage où il explique que le dilemme « n’a vraisemblablement pas de solution ».

Inutile d’insister sur le fait que si les Hommes ne trouvent pas de solution, les événement (Nature ou mouvements de masses) se chargeront d’en trouver une, avec les dégâts que l’on imagine. On retombe sur les scénarii-catastrophes qui sont évoqués ici ou là.

Ce que je veux dire, c’est que le pire n’est pas toujours sûr, et que, pourvu qu’on l’y aide, l’Histoire n’est jamais écrite.
Notons d’abord que l’effet de serre n’est pas la seule limitation à notre mode de développement. Les besoins en eau, en énergie, le partage de notre planète entre surfaces agricoles, surfaces urbaines (et autres surfaces aménagées : routes, industries, etc.) et surfaces sauvages, la gestion des déchets sont quelques exemples qui me viennent à l’esprit au fil du clavier. Que les « négationnistes » du réchauffement s’apuuient (entre autres , plus discutables ) sur ce point ne lui enlève pas toute sa pertinence.
Or, il viendra, on peut du moins l’espérer, un moment où ces autres limitations concourront à restreindre l’activité humaine, et aideront donc à limiter l’effet de serre. Marginal ? Trop tard ? Sans doute, mais en tant que relais, complément d’autres mesures, et facteur d’espoir cette remarque garde de l’intérêt.

Il faut ensuite commencer par le plus accessible : alerter et réalerter l’opinion. Démonter allègrement les allégations climato-sceptiques (dont on se prend à espérer qu’elles sont de mauvaise foi – l’autre hypothèse serait plus consternante encore…). On ne convaincra évidemment pas tout le monde, certains lobbies s’emploieront à désinformer, mais l’obtention d’un consensus suffisant est un préalable nécessaire à toute inflexion politique.
Et sur ce point le travail est plus qu’amorcé.

La suite est évidemment plus difficile, et plus opaque. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas commencer par le commencement, ni pour désespérer.

Peu de commentaires, car je suis parfaitement en harmonie avec J.Blamont sur un sujet que je connais assez bien.

Amitiés

Un grand merci pour Jacques Blamont qui, en quelques pages claires et convaincantes, nous sort de la confusion et replace le débat au niveau des questions essentielles :

- comment faire admettre aux citoyens une vérité qui dérange ?

- comment gérer les incertitudes inéluctables des sciences (cf : les enjeux de HINI)?

- De quels moyens disposons-nous pour que les conflits entre scientifiques soient arbitrés par une instance qui joue enfin vraiment son rôle ?

Les textes de Jacques Blamont sont toujours aussi limpides et passionnants à lire.

Merci, cher Monsieur, pour la sagesse éclairée dont vous nous faites profiter par l'ensemble de vos interventions et écrits.

Cet article met la salutaire rigueur dont nous avons cruellement besoin dans un débat qui dérape dans les médias , pour des raisons parfois peu avouables. Il fait honneur à notre club!

Je me réjouis d'avoir pu lire un texte clair et crédible. Il reste à s'interroger sur ce que doit être l'attitude française devant le problème posé. Sur ce dernier point, une réflexion sérieuse est indispensable ; elle devrait conduire à une politique très différente de celle actuellement proposée. C'est là le débat que j'appelle de mes voeux.

Je n'ai pas l'habitude d'exprimer mes émotions dans un media comme celui-ci , mais je ferai une exception pour dire le soulagement que je ressens à lire mes convictions exprimées de façon aussi claire, aussi précise et aussi réfléchie.

Je vais diffuser ce texte autour de moi.

La dernière question de Henri-Paul est évidemment la bonne.

Sauf que je serais inquiet si nous devions laisser à notre seule "intelligence" le soin de nous sortir des difficultés.

Nous avons bien d'autres capacités à développer, qui pourraient être bien utiles : écoute, dialogue, résolution de conflit, intuition, vision, courage,... et au risque du ridicule : amour de la vie.

C'est ce que je disais plus haut. Si cette crise est l'occasion de développer de telles capacités, l'Humanité y aura gagné en ... humanité.

Finalement, est-ce que le "grand dessein" qui nous a placé sur cette planète attend autre chose de nous ?

Bien que ma position soit effectivement très proche de celle de Laurent, je vais la détailler.

Henri-Paul la résume comme suit :

« … ils semblent penser que l’Humanité sera capable d’influencer son écosystème pour que celui-ci « épargne » la vie humaine sur terre et qu’en sacrifiant un tant soit peu de notre « haut niveau de vie actuel », en changeant nos comportements par exemple, nous pourrons avoir un comportement agréable aux yeux du nouveau DIEU CLIMAT… Ce dernier, charmé par la bonne volonté des Hommes, ne leur infligerait alors plus les catastrophes et les sautes d’humeur dont ce dieu est coutumier… ».

Cette présentation volontairement caricaturale est évidemment inexacte. Passons sur les sacrifices expiatoires au « Dieu Climat » . Il est évident que l’ensemble (prodigieusement complexe, Jacques Blamont l’a rappelé) de phénomènes physico-chimiques qui constitue le Climat ne sera en rien influencé par notre bonne volonté. Par contre, s’il a pu l’être dans un sens par notre comportement, il pourra forcément l’être dans l’autre, du moins dans certaines limites : cette réversibilité suppose évidemment que n’apparaisse pas de phénomènes irréversibles comme certains spécialistes en prévoient (libération du méthane stocké dans le permafrost pour prendre un exemple parmi d’autres), et elle sera assortie de délais (inertie thermique) dus aux constantes de temps du « système terre ».

Ce que Jacques Blamont explique dans un passage de sa seconde partie, c’est que ce changement de comportement est politiquement et socialement impossible. Relisons-le :

« Au-delà de ces turbulences, la classe politique est déboussolée. Il est évident que les gouvernements des pays dont l’économie repose sur l’utilisation de combustibles fossiles – les plus grands – ne peuvent dévier de la ligne qu’ils suivent depuis des décennies et qui a permis leur développement. Leur consommation augmente de 2% par an et continuera au même rythme. Il n’y a pas de solution de rechange. C’est pourquoi l’échec de la conférence de Copenhague était prévu avant qu’elle ne se tint. Le premier président Bush l’a dit : « Le niveau de vie des Etats-Unis n’est pas négociable ». Ce niveau de vie, c’est l’automobile qui l’assure. Même doctrine pour la Chine et pour l’Inde qui fonctionnent au charbon. Bridés par leurs besoins et les impératifs de leurs électeurs, ces gouvernements ne trouvent pas de politique : l’avenir n’est pas leur affaire… ». Suit une liste des « sottises » envisagées jusqu’ici pour sortir de ce dilemme.

A noter qu'il aurait pu ajouter, parmi les éléments qui rendent le problème politiquement inextricable, l'évolution démographique qui va, à niveau de vie supposé égal, contribuer à accroître l'émission de Gaz à effet de Serre (GES).

Je me permet –très modestement- de nuancer cette proposition (que le changement de comportement est impossible), en disant que l’impossible n’existe pas, et que je propose de la reformuler en « presqu’impossible ». Dans ce « presque » , il y a place pour commencer quelque chose, en espérant que des circonstances inattendues viendront à notre secours. Cela ne coûte rien.

? Si c’est inefficace, (ou si nous ne gagnons qu’un sursis sans lendemain) et quoi qu’en dise Jacques Blamont nous allons droit vers des catastrophes sociales, politiques, et/ou climatiques… les mêmes que si nous ne faisons rien- nous n’aurons rien perdu.

? Et si au cours de ce sursis, un élément du problème change (dans un sens favorable), nous aurons économisé le scénario-catastrophe que j’envisage pour l’humanité en général et surtout pour ce monde « occidental » dont nous faisons partie… même s’il ne le mérite guère.

Quel est ce quelque chose que l’on peut commencer ? c’est ce que j’ai dit dans mon précédent billet : dans un premier temps, alerter, sensibiliser l’opinion. J’ignore la suite, mais « Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue. » (Victor Hugo).
Une autre citation ? "les seuls combats perdus d'avance sont ceux que l'on n'a pas livrés".

Bon courage

jacques Blamont fait allusion à un texte diffusé par l’Académie Nationale des Sciences, qui se résume par « The planet is warming due to increased concentrations of heat-trapping gases in our atmosphere ». Il doit paraître ces jours-ci dans la revue Science et lui-même fait partie des signataires.

J'ai cherché sans succès ce texte à l'aide de mes moteurs de recherche habituels.

Je ne suis sans doute pas le seul intéressé. Quand et où sera-t-il disponible pour ceux qui ne sont pas abonnés à "Science" ?

merci d'avance.

J'ai tardé à réagir à l'article de Jacques Blamont sur le réchauffement climatique, mais je me suis décidé à publier un avis après lecture des réactions parues dans le dernier numéro de Vigilances.

Tout d'abord, je ne crois pas que le débat gagne en qualité lorsque l'auteur pratique l'invective en qualifiant l'un de ses confrère de "Coluche". Claude Allègre a démontré dans le passé des qualités de scientifique largement reconnues qui le placent au moins au niveau de son contradicteur.

Le plus important me semble cependant de pacifier le débat, ce que Claude Allègre demande, en laissant tous les points de vue s'exprimer. La dictature de la "pensée unique" créé bien des ravages et il est inutile de la laisser s'installer.

Sur le fond, les contradicteurs du GIEC ne nient pas l'existence d'un réchauffement du climat dans la seconde moitié du XXème siècle. Ils émettent des doutes sur l'origine de ce phénomène dont certains l'attribuent à l'activité solaire. Des indices dans ce sens le confirment : l'activité solaire était à son maximum en 2002 et décroit depuis. Les scientifiques ont observé parallèlement des phénomènes récents qui confortent cette thèse (nouvelle avancée des glaciers de l'Alaska, hivers parmi les plus froids depuis plusieurs dizaines d'années dans l'hémisphère nord en 2008 et 2009, mais aucune certitude ne peut être avancée compte tenu du manque de recul de ces phénomènes. Les opposants à la thèse du GIEC en outre soulignent que des changements climatiques importants se sont produits relativement récemment (voir une histoire du climat de Leroy Ladurie) et que certaines époques rapprochées, notamment au Xème siècle, étaient plus chaudes que maintenant.

Ce qui semble important c'est que ce débat entre scientifiques puisse avoir lieu et surtout que l'on ne pose pas en principe intangible une thèse qui contient une grande part d'incertitudes. Ce que disent les opposants aux thèses du GIEC ce sont deux choses importantes :

1. La controverse scientifique ne doit pas être confondue avec les choix politiques,

2. Si par bonheur pour l'humanité le GIEC s'était trompé et que nous allions, comme certains le prédisent, vers un refroidissement du climat, le doute serait mis par le public sur la valeur de la science, ce qui serait dramatique.

Personne par contre ne conteste les effets pervers de l'augmentation de la teneur en CO² de l'atmosphère et son caractère anthropique. Personne parmi les opposants à la doctrine du GIEC ne nie l'impérieuse nécessité de réduire la consommation de combustibles fossiles, qui en outre finiront par s'épuiser ou par coûter des prix très élevés du fait de la difficulté d'exploitation des gisements. Personne ne nie le fait que les politiques doivent s'emparer de ces problèmes et débattre des solutions à y apporter, avec des choix démocratiques qui doivent appartenir aux citoyens - par exemple entre les déclinistes et les tenants du progrès technologique et de l'innovation. Mais la peur ne peut gouverner le monde sans risque : la peur est la source des totalitarismes et des régimes autoritaires dont personne ne souhaite le retour.

Laissons donc un débat serein s'instaurer. Laissons partisans et détracteurs de la thèse de l'effet de serre débattre ouvertement, sans invectives et avec respect. Et n'oublions pas, comme le demande Claude Allègre dans son livre, des problèmes environnementaux de court terme comme le problème de l'eau, le traitement de nos déchets, les transports de produits industriels entre sites pour des raisons de rentabilité de court terme (une portière de voiture parcourt 4000 km en Europe avant d'être livrée avec son automobile au client final!), la malnutrition et le sous développement chronique de certaines régions du monde....

J'ai rétabli le lien.

Cordialement

Meriem Sidhoum Delahaye

En matière de science le scepticisme est un DEVOIR.
Alors lisons avec autant d'attention les textes du site suivant et essayons de mettre face à face ceux qui savent et ceux qui contestent. Mais en France on ne donne que très rarement la parole aux seconds.
Rappelons nous les affirmations interdites de discussion pendant des années d'un prix Nobel le professeur Jacob et sa mise à terre par le professeur Gernez maitre des cellules souches.

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