L’intégration en question

Le vote aux élections locales des étrangers résidant en France est un éternel serpent de mer. Depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, en 1981, il revient, ? intervalle régulier, sur le devant de la scène. Récemment, c’est le Ministre de l’intérieur, par ailleurs président du parti de la majorité, qui l’a remis sur la table. Il s’est déclaré favorable au vote des étrangers non communautaires après dix ans de résidence.

Tollé général, en particulier ? droite, la plupart refusant de dissocier l’exercice de la citoyenneté et la nationalité. Certains vont jusqu’? déceler dans la démarche d’acquisition de la nationalité française une volonté d’intégration. Cet argument aurait été recevable si tous les étrangers étaient égaux devant le processus de naturalisation. Or, dans les faits, et c’est l’INSEE qui le souligne, la procédure obéit ? une logique de main d’œuvre. La naturalisation est octroyée, plus facilement, aux diplômés de l’enseignement supérieur, aux cadres et professions intermédiaires qu’aux ouvriers et non qualifiés qui constituent la majeure partie des populations étrangères. D’où vient, alors, le refus d’intégration ?

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Commentaires

Meriem,
Le processus de naturalisation est lourd et complexe. La nationalité peut s'acquérir de façon automatique comme dans le cas d'enfants d'immigrés. Ces conditions particulières peuvent mener ? des situations où les enfants sont français mais pas leurs parents. Peut-on alors parler d'intégration ?
Fils d'immigré moi-même (immigré involontaire puisque j'avais moins de deux ans) je considère que l'acquisition de la nationalité doit se faire sur la base du volontariat, donc de la volonté première de l'individu.
Le droit de vote des étrangers non communautaires pose ? mon sens un problème de schizophrénie chez l'électeur. Même si l'on s'en tient aux élections locales il faut considérer qu'un tel électeur puisse voter dans son pays d'origine pour un régime qui ne serait pas forcément ami du nôtre. Leur reconnaître un droit d'expression ici assimilerait-il leur expression du vote ? une contestation ou un soutien du régime de leur pays d'origine ? Il ne s'agit pas simplement ? mon sens d'un problème d'intégration mais bel et bien d'un problème de souveraineté. En France le Peuple est souverain, peut-il l'être de deux pays ? la fois, pour résumer ?
Je crois que c'est par l? que doivent s'orienter les questionnements si l'on considère les enjeux électoralistes comme simples variables d'ajustement temporel.
José

@José : Tout ? fait d'accord avec vous sur le fait que l'acquisition de la nationalité doive se faire sur la base du volontariat. Ce qui est déj? le cas puisque les enfants d'immigrés, nés sur le sol français, doivent confirmer ? l'âge de 16 ans leur volonté d'être Français.

Cependant, mon propos était ailleurs. A Chaque fois que l'on parle d'accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers intallés depuis, 5 ou 10 ans, sur le territoire national, les arguments contre fusent. Le dernier en date étant que si ces immigrés souhaitaient exercer ce devoir civique, ils pourraient le faire en devenant Français. Ce faisant, ils montreraient, en outre, leur désir d'intégration. Or, et c'est l? où le bât blesse : cet accès n'est pas si ouvert qu'on le dit. Par conséquent, n'est pas toujours Français celui qui le veut mais celui qui le peut.

Quant au dernier point que vous soulevez, il est lié ? la reconnaissance ou pas de la double nationalité par chaque pays. Or, la plupart des Français d'origine étrangère ont la double natonalité. Pourtant, de nombreuses études le montrent, ils ne votent, lorsqu'ils votent, qu'en France et participent peu aux élections de leur pays d'origine. Ce qui est vrai des enfants, ne serait-il pas, après un temps d'adaptation, vrai pour les parents ?

Meriem,

Vous avez raison de souligner votre propos. En effet, l'acquisition de la nationalité est devenue très difficile et sélective. L'immigration irrégulière en est une des causes.

Vous avez raison aussi sur la double nationalité et je soulevais ce point en n'ayant pas connaissance des études que vous mentionnez. Ce qui serait intéressant aussi de connaître serait le taux de retour de ces parents. Certains, dont furent mon père, n'eurent pas pour envie de retourner dans leur pays d'origine. Par contre, au vu de l'évolution des pays du Maghreb, leurs ressortissants pourraient tout ? fait être tentés d'y retourner après avoir justement gagné de quoi vivre très décemment leur retraite. Cette envie de retourner "chez soi" ne participe-t-elle pas d'une volonté de non-intégration ? Qu'en est-il de ce taux de retour ? Auriez-vous des informations sur ce sujet ?

José

@José : Au début, l'objectif sinon l'envie de retourner "chez soi" était forts. La plupart des immigrés, ou ceux qui en ont eu les moyens, ont alors construit une maison au bled (c'est vrai d'ailleurs aussi notamment pour les Portugais) pour le jour du retour.

Vinrent ensuite les enfants. Ils ont grandi, étudié, travaillé, se sont mariés et eurent ? leur tour des enfants, en France. Pour la majorité, le lien avec le pays d'origine de leurs parents se limite ? quelques semaines de vacances jusqu'? l'adolescence. Ce lien tend ? se distendre avec l'âge.

Les parents, quant ? eux, vieillis, ne songent plus ? repartir et préfèrent, comme tous les grands parents, rester au côté de leurs enfants et petits-enfants. D'autant que dans leur pays d'origine aussi la vie tourne. Leurs propres parents sont morts. Les rapports familiaux et sociaux ont évolué et leur place, dans la société "mère", n'est finalement plus aussi évidente.

Meriem,
Je me suis permis de poster un trackback, donc un article qui m'a été en partie inspiré par nos fructueux échanges.
Merci encore ? vous,
José

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