Arabie Saoudite : Frankenstein schizophrène

FanatismeL’Arabie Saoudite vient de placer les Frères musulmans dans la liste des organisations terroristes aux côtés d’Al-Qaïda, de l’Etat islamique en Irak et au Levant et du Front Al-Nosra. Selon Le Monde, ces décisions seraient motivées par les craintes croissantes du royaume du retour de Saoudiens adeptes du djihad en Syrie et ailleurs.

L’introspection des autorités saoudiennes s’arrête, hélas, là. Ils ne cherchent pas, ou si peu, à s’attaquer aux racines de ce fanatisme. Or, ces dernières se trouvent notamment dans le système éducatif, et en particulier dans les manuels. Voilà ce qu’écrit, concernant les manuels, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans Al Hayat, publié à Londres : « Le sujet des manuels se compose de deux volets. Le premier est la part prépondérante accordée à la religion et à la langue arabe au détriment des sciences et des mathématiques ; le second est le contenu de l’enseignement religieux (…) mis au service d’une vision étroite et intolérante qui ne correspond pas à l’ouverture de notre pays sur le monde (…) ».

Vus les conservatismes de la société saoudienne et le poids des associations religieuses, autant dire que tel Frankenstein et sa créature, la fabrique à fanatisme tournera encore longtemps.

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Commentaires

@ Meriem : Sans nul doute le système éducatif officiel en Arabie Saoudite est–il défaillant, et c’est un Saoudien qui le dénonce. Mais le fondamentalisme djihadiste n’a pas que des adeptes en Arabie Saoudite.

Nous en trouvons aussi dans d’autres pays Arabes. On commence à en trouver en Europe, preuve en est les djihadistes Européens en Syrie.
Il importe de se poser la question si la fabrique à Frankenstein ne se nourrit pas d’une schizophrénie à une échelle plus planétaire, celle qui entend utiliser le terrorisme à des fins tactiques tout en se promettant de l’éradiquer à long terme.

La condamnation par l’Arabie Saoudite des Frères Musulmans, ne serait-elle pas une forme d’accusation des puissances qui entendent toujours traiter avec eux ?

@ Joseph : vous écrivez, à raison : "Mais le fondamentalisme djihadiste n’a pas que des adeptes en Arabie Saoudite".

Toutefois, il est de notoriété publique que la version saoudienne du fondamentalisme, celle-là même dont le pouvoir saoudien s'inquiète pour son territoire, est soutenue partout dans le monde musulman et ailleurs par ce même pouvoir. Les mosquées et leurs imams les plus "obtus" sont financés par ce même pouvoir.

Quant à leur condamnation des Frères musulmans, elle tient, à mon sens, à deux raions. La première, c'est leur rivalité avec le Qatar ; la seconde à ce que les Frères soient plutôt anti-monarchistes.

Qu'en pensez-vous ?
Merci.

Bien cordialement

@ Meriem : L'Arabie Saoudite ne se perçoit pas comme une monarchie, car la monarchie est étrangère aux traditions islamiques. Le régime est dirigé non par un roi, mais par un "Serviteur des Lieux-Saints". C'est son titre officiel, il
n' y a pas de roi.

Les Frères Musulmans en Egypte ont rétabli l'excision pour les jeunes
filles quand ils ont pris le pouvoir, alors que la pratique était légalement interdite. Des cars emmenaient publiquement des jeunes filles en groupe pour
être excisées par des "spécialistes" dans des "hôpitaux". L'excision par exemple n'est pas pratiquée en Arabie Saoudite.

Le Qatar est un Etat tolérant, il finance la création d'une Eglise
catholique sur son territoire, une première par rapport à son environnement. Pourquoi finance-t-il aussi les Frères Musulmans?

Il est vrai que la schizophrénie bat son plein, et pas seulement au niveau des "acteurs" directs, mais aussi de la part des "metteurs en scène".

@ Joseph : merci infiniment pour cet éclairage édifiant. Mais comme vous le dites si bien : la schizophrénie bat son plein.

Bien cordialement

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