Pologne : communion ou intégrisme ?

Aller ? l’église n’a rien de critiquable mais il est rare qu’un gouvernement tout entier s’y rende le premier jour de son installation. C’est pourtant ce qui s’est passé le 31 octobre ? Varsovie. Deux interprétations de cette démarche insolite sont possibles, l’une pessimiste, l’autre optimiste :

-La version pessimiste mélangerait populisme, intégrisme et passéisme. Le gouvernement polonais refuserait l’idée moderne selon laquelle chaque individu peut se forger une identité propre avec des appartenances multiples. Face au défit de la complexité, il se réfugierait dans une référence unique et son action univoque serait incompatible avec la construction d’une Europe unie mais diversifiée.

-La version optimiste reflèterait la volonté de relier le présent au passé pour préparer l’avenir. Après tout, la Pologne, déchirée entre la Prusse et la Russie, entre l’Allemagne nazie et l’union soviétique, a longtemps cessé de figurer sur la carte de l’Europe. Si elle est restée vivante dans les cœurs, c’est bien ? l’église catholique qu’elle le doit. Rendre hommage ? cette vérité historique n’aurait rien de répréhensible si, derrière le symbole, se profilerait l’idée que la nation polonaise, maintenant souveraine et reconnue, peut se joindre ? l’orchestre européen et y jouer une partition utile.

Entre ces deux versions, tous les Présidents et Premiers ministres de l’Union Européenne hésitent encore. Les faits et gestes des deux « canards jumeaux », Lech et Jaroslaw Kaczynski, sont placés sous microscope. L’hésitation ne durera pas longtemps.

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Commentaires

Bonjour,

Ce gouvernement polonais est conservateur, minoritaire, eurosceptique pour ne pas dire europhobe et pro-atlantiste.

Entre se tourner vers la grande Europe laïque ou vers les États-Unis, il semblerait que leur choix ne laisse que peu de doutes. Cette attitude ne fait que confirmer cette orientation au plus haut sommet de l'état.
Gouvernement polonais entier ? l'église, prière collective avant chaque réunion gouvernementale américaine... Renforcement de leur proximité ? Message ? Effectivement cela laisse perplexe...

José

Et si ... ? Comme vous l'avez précisé, l'Histoire a si fortement échaudé les polonais qu'ils en restent craintifs et méfiants. L'Europe pour l'instant en ordre dispersé ... trop instable ... ingouvernable ... sans réelle orientation ... ne les rassure pas vraiment. L'ombre de la Russie toujours présente pése toujours sur eux. Alors le grand frère américain ... chez qui de nombreux cousins imigrés vivent ... leur semble la solution laplus rassurante. C'est ? nous européen d'en être conscient en leur apportant les réponses adéquates. (contre-pied)

Le problème majeur des institutions européennes, selon moi, est de n'avoir pas assez intégré les peuples et leurs besoins dans leur construction. Les gens dans leur vie quotidienne ont besoin de se référer ? quelque chose qui leur paraisse proche et avec la crise de représentation démocratique actuelle les états paraissent déj? suffisamment lointains...
La religion, pour nos amis polonais non laïcs, leur semble bien plus proche.
Comme vous l'écrivez c'est ? nous, Européens, de leur apporter des réponses mais il va y avoir un énorme travail ? faire...

Quelque chose qu'on oublie souvent en parlant du rôle de l'Eglise catholique en Pologne n'est pas seulement l' "Effet Jean-Paul II" mais aussi le fait que l'Eglise fut le champion historique de la résistance au communisme. Elle jouit donc l? -bas d'un prestige un peu similaire ? celui -- je fais ? dessein une comparaison un peu forcée -- du Parti communiste, "Parti des fusillés" en France au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Ce n'est pas simplement une religion, l? -bas, c'est un symbole d'unité nationale.

Les Français sont naturellement frileux avec la religion, surtout la leur, qui leur rappelle des souvenirs, mais avant de juger les pays étrangers il faut prendre en compte leur histoire et se placer dans leur contexte.

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