Exaspérante Chine

Les relations de la Chine et de l’Afrique et plus particulièrement du Nigéria, qui avec plus de 160 millions d’habitants est le pays le plus peuplé du continent, seraient elles en train d’évoluer ? Des évènements récents tendent à montrer l’exaspération croissante des Africains quant au comportement spécifiques des résidents chinois.

En effet, en marge des conflits locaux médiatisés de Boko Haram dans le nord et du MEND dans le sud avec l’état Nigérian, tous deux agrémentés d’attentats, de tueries et de kidnappings en tout genre, en marge des conflits ethniques, territoriaux et religieux ne cédant aucunement leur part aux précédents en carnage, vient poindre au Nigéria quelque chose de nouveau, qui s’il n’en est que compréhensible, n’en est pas moins un signal peut-être à prendre en compte.

La nouvelle Chine, toute puissante du fait de sa capacité financière, a depuis quelques années investi largement et sans complexe dans un nouveau territoire, l’Afrique. Tout d’abord pour subventionner des hôpitaux, des routes et des stades. Ensuite pour y implanter des usines livrées clefs en main. Enfin pour y acheter des terres agricoles. Le but étant de détourner l’ensemble des ressources et richesses locales pour son propre compte. La ChinAfrique !

Mais quand les Chinois opèrent, ils le font toujours à leur manière. Nul besoin de main d’œuvre locale pour l’hôpital, la route ou le stade. Des ingénieurs triés sur le volet mais pas seulement, des techniciens et aussi des ouvriers, en réalité toutes les professions viennent s’installer, ceux-là provisoirement, pour la réalisation des chantiers.

Quand il s’agit d’une usine livrée flambante neuve, ici encore c’est l’ensemble d’une logistique chinoise qui est mise en place. Les installations, le personnel, les logements et même la restauration, tout est chinois et pour les Chinois. Si on y regarde de plus près, à part sûrement quelques élites africaines grassement rétribuées, rien de ce grand chambardement ne profite aux Africains puisque qu’ils s’en trouvent exclus de fait.

Ce monde clôt on le connait bien et depuis longtemps dans nos grandes agglomérations, on l’appelle Chinatown. Tranquille en apparence, même si les triades y règnent en maître, parfaitement opaque pour l’ensemble des observateurs occidentaux, ce monde évolue dans une dimension parallèle sans autre heurt que le fameux et bruyant Nouvel An Chinois.

Hors voilà que depuis quelques semaines au Nigéria, pays que je suis de près, les évènements s’accélèrent. Si on kidnappe et on a toujours plus ou moins kidnappé des Allemands, des Russes, des Italiens, des Espagnols, des Français, des Américains et même des Japonais pour la plupart relâchés contre rançon, certains y laissant toutefois leur vie comme cet ingénieur allemand, il semble que l’on réserve un sort complètement différent aux ressortissants chinois, l’assassinat direct.

Cela a commencé tout d’abord par un ouvrier lynché pour lequel l’état chinois a exhorté l’état nigérian afin qu’il protège ses ressortissants. Par la suite, deux ingénieurs puis encore deux ouvriers ont subi le même sort.

Une sourde colère gronde ! Espérons qu’elle ne se transforme pas en tsunami !  Ceci est sûrement aussi à prendre en considération concernant l’avenir de la France en Afrique.

A noter par ailleurs que le drapeau chinois flotterait sur … Naples, dixit un de mes amis, surpris, qui en revient.

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Commentaires

Merci cher Jean-Luc pour cette analyse. Le même processus a aussi lieu en Algérie. Avec deux petites différences toutefois qu'on pourrait
qualifier de signaux faibles : des Chinois s'installent un peu partout dans le pays (j'ai vu des Chinois dans une ville à 500 km au sud d'Alger, dans le marché avec leurs étals !) ; d'autres fondent des familles avec des Algériennes ; enfin, pour l'heure, il n'y a pas d'assassinats de Chinois.
A suivre donc...

Très intéressant retour, merci.

Ce témoignage m'a immédiatement rappelé une chronique de François d'Orcival sur Canal Académie, datée du 12 novembre 2011, où il décrivait comment les chinois avaient entrepris - avec succès - de reprendre la gestion du port du Pirée, paralysé par la crise d'une part, et un puissant lobbying des syndicats locaux.

Les chinois ont investi : une transaction de 4.35 milliards d'euros sur 35 ans, mais bien entendu en y installant leurs propres équipes chinoises, afin de faire fi des blocages locaux, et "faire du Pirée le Singapour de la Méditerranée". Le tout, bien entendu, "pour attirer les aigles chinois", selon les propos du patron du grand armateur chinois Cosco, et faire du Pyrée le point d'entrée pour toute l'Europe de la marchandise chinoise à écouler... Bel exemple de pensée à long terme, au passage !

Il serait intéressant de voir de quel oeil les dockers et locaux grecs voient la reprise en mains par la Chine de leurs activités, et si ils ne vont pas un jour "lyncher" certains de ces émissaires du levant.

http://www.canalacademie.com/ida7989-L-apologue-du-Piree.html

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