Libérer la croissance

080618-Croissance-Attali.jpgJacques Attali, qui est intervenu, le 11 juin 2008, lors du petit-déjeuner débat du Club des Vigilants, n’a pas manié la langue de bois. Satisfait que le rapport de la Commission pour la libération de la croissance qu’il préside n’a pas été remisé dans un tiroir, il n’en reconnaît pas moins qu’un certain nombre de propositions est loin d’emporter l’adhésion.

Toutes les propositions ont été, assure-t-il, prises à l'unanimité des membres de la Commission. Ce qui révèle, à sons sens, que tous les membres, pourtant de sensibilité très diverse, ont admis la gravité de la situation et pesé, en conscience, les remèdes les mieux appropriés. Jacques Attali reconnait que les propositions ont une cohérence qui, si elle est mise à mal, peut déboucher sur des solutions bancales. Mais il nie fermement les propos - tout le rapport ou rien - qui lui ont été attribués.

Aujourd'hui, 180 des 316 propositions sont soit déjà mises en oeuvre soit sur le point de l'être, affirme-t-il. Certaines sont reprises telles que préconisées par la Commission. Il cite, à cet égard, tout le volet concernant l'industrie du savoir comme la modernisation de gestion des universités, les conditions d'organisation des stages, les réformes des échanges universitaires...

D'autres, déplore-t-il, ont été modifiées. Ainsi en est-il de la proposition visant à instaurer une plus grande concurrence dans la grande distribution. Le maintien de la loi Raffarin et la suppression de la loi Galland, loin d'amplifier la concurrence et de faire baisser les prix pour les consommateurs, risquent, selon lui,  de déboucher sur le transfert des profits aux actionnaires des quatre grands groupes de distribution en France.

Autre motif de déception : tout ce qui a trait à la gouvernance. Des propositions très fermes et très précises ont été faites notamment pour la réduction des niches fiscales et des échelons administratifs - sept en tout entre la commune et l'Etat. Or, reconnaît-il, elles rencontrent une grande réticence. Comme si, estime-t-il, l'Etat était capable de tout réformer sauf lui-même.

Il conclut que, de toute évidence, ce qui ne sera pas lancé avant le 1er juillet 2008, date à laquelle la France prend, la présidence de l'Union européenne, aura du mal à l'être plus tard. La présidence de l'Europe, très prenante, sera en effet suivie, en 2009, par les élections européennes. A croire que les réformes, même nécessaires, sont incompatibles avec une année d'élections.

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Commentaires

J'ai assisté à cette réunion fort intéressante. Et loin des
images que véhiculent les médias, M. Attali s'y est révélé d'une extrême finesse dans son analyse et d'une grande clairvoyance dans le propos.

Que M. Attali soit brillant, ce n'est un scoop pour personne.
Que ses propositions soient dans l'ensemble pertinentes, paraît logique.
En revanche, c'est la démarche que je ne saisis pas : M. Sarkozy a été élu sur un programme puis demande des propositions pour doper la croissance. Il me semble que ces propositions aurait dû faire l'objet d'un débat au cours de l'élection présidentielle.
J'apprends également en lisant ces lignes que 180 propositions sont déjà dans les tuyaux : pourquoi certaines et pas d'autres ? Selon quels critères ? On n'en sait rien.
La France est paraît-il une démocratie. Parfois, j’en doute.

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