Bienvenue chez les Chtis : une société rêvée

080405-Chtis.jpgLe film de Dany Boon fait courir les foules. Dans le Nord comme dans toute la France. Après 4 semaines de projection, il avoisine 12 millions d'entrées. Selon la presse professionnelle, il doit attirer 20 millions de spectateurs, faisant jeu égal avec Titanic ...

Et les sondages font état d’un taux exceptionnellement élevé de satisfaction : les spectateurs ont ri et s’en félicitent. Un phénomène de société dont même la presse étrangère se fait l’écho.  

Les Français vivent dans ce film une des versions de la société dont ils rêvent, aux antipodes de la société qui les stresse. Ils y prennent un bain de petits bonheurs. C’est une société accueillante, affectueuse et tendre. Elle est joyeuse. L’entreprise (la Poste), dure dans ses superstructures hiérarchiques, est fraternelle et accueillante dans son vécu à la base. Le Nord et le Sud fraternisent. La maréchaussée est compatissante. Les couples qui se déglinguent se recollent dans un amour durable. 

Si, dans la réalité, les Puissants nous aident à construire cette société, nous serons plus heureux, plus inventifs et nous travaillerons mieux.

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Commentaires

J'ai vu le film. Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre mais il laisse le coeur en fête et la tête légère.

Les personnages sont justes. Ce sont ceux de la vraie vie avec leurs soucis, leurs combats quotidiens, leurs moment de bonheur et de partage aussi. A croire, l'inverse des Puissants auquels vous vous adressez.

Les Puissants semblent n'avoir de combats que les leurs, d'ambition que d'écraser le voisin, de rêve que de détenir le pouvoir... Comment peuvent-ils, dans ces conditions, s'abaisser au niveau du commun des mortels et construire un modèle de société qui est si loin de leurs référents ?

Tout à fait d'accord.
Il y a beaucoup à dire sur ce beau film.

J'ajouterais pour ma part un élément complémentaire aux raisons de son succès :

Ce film est une revanche des gens ordinaires, attachés à leurs cultures régionales, et souvent ridiculisés par une forme d'arrogance parisienne (Deschiens, Groland, ...).

Cordialement,
Jérôme Bondu

NB : J'ai écrit un long article sur le sujet, sur mon blog perso :
http://www.inter-ligere.net/article-18540697.html

Au Nord ... y avait les Nerviens ...
Ch'ti d'origine ("Douaisienne pure souche" vivant à
Paris), je regarde avec des yeux ébahis - vu des
médias et au travers de témoignages directs -
l'ampleur du phénomène que déclenche le film de Dany
Boon. Que ce soit « là-haut » ou à une échelle
internationale, la déferlante ch’ti est un véritable
tsunami. Et il se pourrait bien que ce petit bijou
reste, pour très longtemps, à l’affiche des salles de
cinéma du « Grand Nord ».

Région longtemps malmenée qui, pour certains, signifie
que les panneaux d'entrée dans les villages sont des
frontières au de-là desquelles règne une forme
prononcée de "fin de civilisation". Et pourtant !
L’Histoire du Nord est immensément riche.

Au nom de la préservation des cultures, préservons ces villages, ces corons.
Au nom de la protection de la biodiversité, protégeons
la campagne, protégeons les petites montagnes et les
"vallées" de schiste qui se recouvrent peu à peu d'un
manteau vert. Trésors inestimables que tant d'Hommes,
de Femmes et de « Tiots » ont "construit" de leur
sueur et de leurs mains depuis le fond des mines.

Ces fameux terrils mettent un bon moment à refroidir.
Ils sont devenus indispensables. Véritables poumons
pour la région, ils sont « recyclés », en grande
partie naturellement, en « parcours de santé familial
». « Paradis (semi) artificiels », ils ont favorisé
l’apparition de microclimats propices au développement
d’espèces tropicales et à la migration d’oiseaux
inattendus. Les libellules bleues y sont reines, les
papillons virevoltent à profusion au bord de lacs
bordés de petites plages familiales. Les terrils
abritent aujourd'hui une centaine de variétés plus ou
moins oubliées d'arbres fruitiers.

Carrefour d'Europe, le Nord tient-il à son identité ?
Son nom, si atypique, fait encore croire aux
"parigots" autant qu'au pays de Zizou que dans le 59,
il neige toute l'année ! Avec une différence de
températures, en moyenne de 3 °à 5° de moins par
rapport à la belle capitale qui suffoque, le climat,
de plus en plus tempéré, du Nord ferait presque venir
le Sud en vacances ! Un comble. Pourtant, les carnets
de réservations d’été l’attestent bien : les
Marseillais (et le reste du monde) « débarquent » chez
les Cht’is (avec une réelle tendresse dans le regard)
!

Coup de génie de Boon : avoir « cassé », pour la bonne
cause, du Germinal !

Déborah Secretin

je ne crois pas que ce soit la philosophie de ce film qui attire mais comme pour les Choristes, le fait qu'on puisse sortir avec ses jeunes enfants sans être géné par des scènes de coucheries inutiles et voir des gens attendrissants qui s'en sortent - comme pour la grande vadrouille, puisque c'est la référence, on rit de bon coeur - et c'est bon pour la santé
amicalement

Le succès exceptionnel et surtout immédiat de ce film mérite en effet qu'on essaie d'en identifier les raisons. Pour ma part, je vois dans ce film la mise en scène très réussie d'un mal omniprésent dans notre société : le préjugé, et surtout le préjugé collectif.
Le nord a une mauvaise réputation, solidement établie ; personne n'a envie de s'y établir.
Ce préjugé est ici monté en caricature, mais c'est tellement plausible et réaliste que ça nous fait beaucoup rire.
Puis Dany Boon construit un scénario digne de Molière : le directeur d'agence cache la vérité à sa femme, parce qu'il est sûr qu'elle ne voudra pas croire cette vérité. Et les cht'is rentrent dans ce jeu, pour être sympas... d'où les imbroglios en cascade, tous drôles... A la fin du film, nous sommes très heureux que le préjugé stupide ait été enfin balayé...

Nos préjugés si nombreux sont solidement enracinés. Nous avons beaucoup de mal à en sortir, même quand nos proches et nos amis déploient tous leurs efforts pour nous démontrer que nous sommes dans l'erreur. Mais nous aimerions bien, comme pour les personnages de ce film, que nos préjugés s'envolent de façon aussi heureuse...

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