L’avenir de l’industrie en France : le programme de René Ricol, ministre virtuel

RicolEx Médiateur du crédit, ex Commissaire général à l’investissement industriel, toujours très présent dans les allées du pouvoir, René Ricol estime avoir eu plus d’impact sur la défense de l’emploi ou l’avenir de l’industrie que les ministres de l’industrie en  titre. C’était lui et c’est maintenant son successeur à la tête du Commissariat, Louis Gallois, qui ont l’argent à distribuer.

Ils ont aussi la continuité. René Ricol souligne en effet que Louis Gallois a conservé son équipe, que les deux hommes se parlent régulièrement et pensent du bien l’un de l’autre (un carton vert pour le sens de la continuité et du long terme ?)

Il était l’invité mardi 23 avril du club des vigilants dont un des thèmes de travail porte sur l’avenir de l’industrie en France.

Le gros de son message portait sur la nécessité de s’appuyer sur le seul point fort réel dont dispose à son avis la France, « puissance moyenne » : ses grands groupes, le CAC 40 pour faire simple. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec le titre de une des Echos de la veille : « Hollande et les patrons : les raisons d’un divorce », le sujet portant sur les dirigeants de grandes entreprises. De grandes manœuvres sont manifestement en cours pour tenter de renouer et de « jouer solidaire » (Ricol évite soigneusement l’expression « patriotisme économique » qu’il laisse à d’autres).

Ces grands groupes, qui, faute de « deal »  satisfaisant avec le pouvoir, continueront à s’intéresser essentiellement à ce qui se passe ailleurs qu’en France, ont vocation à entraîner des filières. Le fait que beaucoup de patrons en France viennent de la fonction publique peut être un atout à ses yeux car « ils n’oublient pas qu’ils sont porteurs de l’intérêt général ».

Mais les cultures sont complètement différentes selon les secteurs, estime-t-il. La culture de filière n’existe que dans un seul secteur, l’aérospatial. L’automobile est « un enfer » et, dans des secteurs comme la pharmacie, les grands groupes jouent volontiers à geler les innovations, raison pour laquelle le Commissariat à l’investissement a créé un fonds particulier pour pouvoir financer directement chercheurs et innovations.

Au-delà de cette nécessaire solidarité de filière, sur la question des PME et de ces fameuses ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) que la France envie à l’Allemagne, son diagnostic est simple : il s’agit moins de faire grandir des PME que de les faire fusionner, notamment à l’occasion de transmissions d’entreprises par des patrons qui atteignent l’âge de la retraite. Un exemple, l’industrie nautique, secteur dans lequel la France a dix leaders mondiaux mais qui risque de tout perdre parce que la filière ne s’organise pas et ne se concentre pas. L’ancien président de l’Ordre des experts comptables souligne sur ce point l’importance de la fiscalité et notamment d’un point précis : la fiscalité des murs et terrains de l’entreprise qui devrait être neutre, que ceux-ci soient dedans ou au-dehors de l’entreprise (SCPI immobilière) pour éviter que cette question ne bloque fusions ou cessions.

Et l’argent dans tout ça ? C’est ce qui manque le moins, estime René Ricol. BPI, fonds ISF et autres fonds LBO cherchent désespérément des dossiers sur lesquels investir.

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Commentaires

Pensez-vous que la diminution de 75 % à seulement 50 % de la participation de l’État à l'investissement dans le capital des PME, aux côtés des particuliers soumis à l'ISF, va avoir un impact important ?

A Monsieur Ricol,

Que proposeriez-vous de concret à des porteurs de projets innovants qui ont du mal à obtenir des financements " sérieux et raisonnables " de la part du monde financier, toujours hyper gourmand, ce qui tue les initiatives des entrepreneurs potentiels.

Je dispose d'un portefeuille de projets nouveaux dans des secteurs différents : parfumerie et bijouterie.

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