De la tyrannie des opinions et du politiquement correct

Il est des sujets  sur lesquels il ne semble plus possible de d’échanger raisonnablement. Des sujets partisans, à la mode, vendeurs, à propos desquels l’opinion prime sur le fait et pour lesquels il  semble interdit d’évoquer la moindre contradiction sous peine d’excommunication.

OGM, gaz de schistes, pesticides,  éducation, énergie nucléaire, le prophète,  abeilles, réchauffement climatique, Sarkozy, et bien d’autres ... essayer vous m’en direz des nouvelles, c’est plus que surprenant.

Je lisais récemment un article sur un « gratuit » à propos de la pollution du Rhône par les PBC (PolyChloroBiphényles).

Pour information : Les PCB sont des composés aromatiques chlorés également connus, en France, sous le nom de pyralènes. La famille des PCB regroupe 209 molécules également appelés congénères.

On distingue deux types de PCB sur la base de leur mécanisme d'action : Les PCB « Dioxin-Like » ou PCB-DL, capables de se lier au même récepteur cellulaire que les dioxines (Récepteur Ah). Leur mécanisme d'action étant similaire à celui des dioxines, leur toxicité (comme celle des dioxines) est exprimée en facteur d'équivalent toxique par rapport à la toxicité de la TCDD (2,3,7,8-Tétra-Chloro-Dibenzo para-Dioxine) plus communément appelée dioxine de Seveso. Les PCB « Non Dioxin-Like » ou PCB-NDL agissent via un mécanisme d'action différent de celui des dioxines.  Les PCB-NDL sont retrouvés en quantité plus importante dans les poissons de rivière que les PCB-DL. Parmi les PCB, sept congénères sont particulièrement retrouvés dans les produits contaminés et représentent généralement près de 50% de la quantité de PCB. Leur dosage est ainsi utilisé pour quantifier la contamination d'un produit par les PCB, on les appelle PCB indicateurs. Ref . ANSES : http://www.afssa.fr/PNJ701.htm

Dans ce « gratuit », le journaliste visiblement bien informé faisait état d’une augmentation des PCB dans la chair des poissons du Rhône de 17 à 32 picogrammes correspondant à une augmentation colossale au dire de ce journaliste de l’ordre de 200% (pour les non scientifiques un picogramme c’est 10-12 g soit : 0,000 000 000 001 g).

La première lecture fait peur « 200% c’est énorme, c’est plus du double, c’est horrible !!! », mais là était le but primaire du journaliste, faire du sensationnel, faire peur. Mais avec un peu de recul, on pourrait se poser les questions suivantes :

·       Origine de la mesure (quel laboratoire, est-il certifié) ?

·       Quel type de PCB (DL ou NDL) ?

·       Précision et reproductibilité de la mesure (32 +/- 100, 17 +/- 1000) ?

·       Cette mesure est-elle significative en termes d’impact (existe-t-il des études démontrant l’impact      à ce niveau  de concentration) ?

·       Quantité de poissons du Rhône à consommer avant d’être malade ou de mourir ?

·       Qui consomme les poissons du Rhône (population, nombre, quelle quantité par an, dans une vie) ?

… et beaucoup d’autres questions pouvant relativiser l’information et la recentrer sur des faits concrets.

Le sacro-saint principe de précaution, érigé en dogme, peut bien sûr nous permettre d’éviter que nous nous posions trop de questions. La perte de repères scientifiques, politiques et religieux, souvent par manque d’exemplarité, a depuis longtemps abattu notre capacité de jugement. Alors, comment face à la peur sinon en exerçant notre vigilance ?

On sait l’Histoire cyclique et que les erreurs du passé se répètent malgré tous nos efforts de mémoire … serions-nous à nouveau revenu au Moyen Age ?

Share

Commentaires

Le politiquement dit incorrect qui devait agir comme un antidote au politiquement correct que vous fustigez, avec raison cher Jean-Luc, ne joue pas son rôle. C'est opinion contre opinion que tout se joue. Donner des réponses argumentées et basées sur des faits vérifiables devient une gageure. A moins que ... ce soit de la paresse intellectuelle tout simplement.

La tyrannie intellectuelle et morale, qui se veut, au nom de principes universels défendre toute forme de minorité (religieuse, sexuelle ou ethnique) baillonne le bon sens commun en taxant ses opposants de racisme. (mot qui n'a plus aucun sens aujourd'hui)
Agiter ce chiffon rouge politiquement correct, par la voie politique, médiatique et d'associations dont leur vision stérile constitue leur fonds de commerce, empêche toute forme de dialogue et compose ce déni de réalité qui brouille aujourd'hui les repères de cette société.
Sans que cela ne corresponde à mes idées :
Dire qu'on est contre la dépénalisation du cannabis, me voilà taxé de conservateur.
Dire qu'on est contre le maintien de la LDJ, me voilà taxé d'antisémitisme.
Dire qu'on est contre le mariage homosexuel, me voilà taxé d'homophobie.
Dire qu'on est en faveur de la publication de la caricature de Mahomet, me voilà taxé d'islamophobie.

Cette idéologie visant à meurtrir son opposant en lui rétorquant que son point de vue est motivé par la haine de l'autre, le renvoie à une honte intime de l'histoire de son pays qui le désarme.

En somme, nous vivons dans une société muselée par la bêtise du bon sentiment.

Ajouter un commentaire