Du virtuel pour un développement bien réel

Dans les couches pauvres des pays du tiers-monde, comme dans les populations du quart-monde des pays développés, le modèle économique imposé à l’individu est de type médiéval. En effet, faute d’authentification légitime et donc de crédit (au sens étymologique), les individus concernés sont exclus du système bancaire : aucun tiers de confiance ne certifie leur solvabilité et celle de leurs interlocuteurs. Toute transaction financière les impliquant est donc nécessairement limitée au liquide, voire au troc. Or, la globalisation foudroyante des moyens de communication a généré à l’échelle de la planète une conscience, une audience, des attentes et des besoins nouveaux, ce qui exacerbe le sentiment de frustration, voire d’humiliation délibérée de la part du système occidental et de ceux qui en bénéficient.

De plus, tout revenu excédant la couverture des besoins de survie immédiate se heurte au problème du stockage : sans possibilité d’épargne fiduciaire, on en est réduit, littéralement, à enterrer sa cassette, dans la crainte, bien réelle dans ces contextes, des pillards. Au risque de vol, s'en ajoutent d'autres : chute de la valeur du peu que l'on accumulé, suite à une décision politique de dévaluation, risque de destruction sous l'effet d'une catastrophe naturelle, incapacité à donner la preuve légale de la propriété de cet argent... Aucun investissement, aucune capacité à encaisser un coup du sort ou protéger ses proches, aucune transmission du patrimoine ne sont, dans ces conditions, sérieusement envisageables. La tentation est alors forte de se placer sous l’égide d’un suzerain féodal, notamment idéologique ou religieux, qui, lui, garantit à l’individu et aux siens cette authentification (en sus du prestige, de divers avantages matériels et du bien-être psychologique), leur donnant sécurité, sérénité et légitimité. C’est l’un des mécanismes mis en jeu historiquement dans les phénomènes d’organisation mafieuse chez les immigrants aux Etats-Unis de l’entre-deux guerres, dans les mouvements révolutionnaires communistes ou islamiques et, plus récemment, dans l’hyperterrorisme suicidaire.

Le volet économique du clivage riches/ pauvres repose donc en partie sur une inégalité structurelle vis-à-vis de la sécurité des transactions. Caricaturalement, le « pauvre » est réputé insolvable a priori, ce qui le met à l’écart des mécanismes de crédit de nature, justement, à pérenniser sa solvabilité, ne serait-ce que par effet de levier ; de plus, rien ne le garantit contre les escroqueries ou défauts de paiement de ses partenaires. Pourquoi ferait-il confiance à des partenaires qui sont dans la même situation que lui ? Cela favorise donc, même au cas où ses ressources atteindraient les seuils qui lui permettent d’y prétendre, son exclusion des voies de développement culturel, éducatif et citoyen (ou socio-politique).

Or, pour reprendre une phrase récente de Bill Gates, « banking is essential ; bankers are not. » De ce fait, tout organisme qui se dote des outils technologiques appropriés et qui bénéficie d’ores et déjà d’un crédit de confiance auprès d’une communauté peut se poser en tiers de confiance pour cette communauté vis-à-vis du reste du monde. Ce n’est ni une question de fonds propres, ni une question de réseau de distribution : à ce jour, l’entité qui certifie le plus de transactions par jour aux Etats-Unis est eBay… Qui pourrait endosser ce rôle dans les pays du Tiers Monde ? Les acteurs les mieux placés pour mettre en œuvre ce type de dispositif et jouer le rôle de tiers de confiance sont les diffuseurs de média. En effet, vus de leur public, ils sont des vecteurs incomparables d’informations, de divertissement, presque des complices. Ne négligeons pas non plus le fait que le public est en très grande majorité féminin (le modèle traditionnel laissant les femmes au domicile pendant que les hommes travaillent) et que les femmes sont un bon vecteur de modification progressive des mentalités, notamment en matière de gestion.

Il est, aujourd’hui, techniquement tout à fait simple de mettre en place des agences bancaires virtuelles. Une telle agence est ouverte à n’importe quelle heure, accessible de n’importe où, sur n’importe quel terminal raccordé à Internet, même si l’utilisateur n’en est pas propriétaire, exactement comme tout le monde sait téléphoner d’une cabine publique (rappelons que le taux d’équipement du tiers-monde en téléphones mobiles est très élevé et que les cyber-cafés n’y désemplissent pas). Chaque client peut s’y abonner en ligne en répondant à des questions. Il va ainsi obtenir une identité numérique sécurisée et peut gérer son compte à tout moment depuis n’importe quel endroit. Il pourra y placer ses économies sur un compte rémunéré, en achetant des cartes prépayées émises par la banque virtuelle, à l’instar des cartes permettant de créditer les comptes de téléphone mobile. Il aura la possibilité, par la suite, de payer des biens et services directement depuis le compte, de donner des instructions de transfert de fonds ou de délivrer des mandats. Il pourra ainsi s’abonner à des contenus média ou à des services utilitaires (eau, énergie, télécommunications), s’assurer, négocier des micro-crédits… sans aucun transfert physique de fonds susceptibles d’être pillés.

La clé est de savoir attribuer une identité virtuelle unique et infalsifiable à chaque citoyen, et de disposer d’une architecture de services indépendante des performances des machines et des logiciels utilisés et dont l’utilisation n'exige aucune compétence technique ou informatique significative (de même que l’usage du courant électrique ne nécessite aucun savoir-faire si ce n’est comprendre dans quel sens le bouton allume ou éteint la lumière). Un exemple est l’architecture TAPP proposée par Online & Groupware sur le site www.gotapp.com. En outre une telle identité virtuelle unique permet de dupliquer virtuellement la structure analogique d'une ville : dans le monde réel, toute personne qui emménage quelque part acquiert de fait une adresse postale immédiatement opérationnelle, l'accès à divers réseaux utilitaires, des droits et devoirs civiques locaux, etc. Ceci ne nécessite ni démarche ni connaissances techniques. On peut de la sorte proposer aux pays en développement qui n'ont pas encore d'infrastructure réelle, une infrastructure virtuelle bien conçue sur laquelle le réel à venir se calquera.

On offrira ainsi à tout citoyen planétaire un lieu virtuel qui sera son foyer et sa propriété inaliénable (sauf à titre de sanction s’il viole les règles communes), caractérisé par cette adresse, cette identité virtuelle, où d’autres peuvent le trouver (tous mes correspondants peuvent me joindre sur mon mobile sans savoir où je suis physiquement). Il y stocke ses contenus, ses finances, sa vie, de façon sécurisée et confidentielle, organisée à son gré, et y donne accès aux membres de son réseau personnel informel. Ces populations auront ainsi, à égalité avec n’importe quel autre être humain, accès au système financier, à l’information et à la dignité. A condition bien sûr qu’elles soient à la hauteur de la terrible responsabilité d’être libre.

On n’est pas loin des « smart mobs » chers à Howard Rheingold…

Share

Commentaires

Pour en avoir souvent parlé avec Thomas, GoTapp, me semble vraiment promis ? un superbe avenir.

La solution qui est proposée ressemble ? celle de "personnalité Numérique" (http://www.personnalitenumrerique.fr/), même si elle n'aborde pas encore l'affres bancaires. Est ce un hasard ?! ;)
En tout cas, l'idée est très bonne !

Très intéressante réflexion sur la parité entre humains. Dans ce futur idéaliste qui, d’après vous, deviendrait alors détenteur des informations délivrées sur un « Compte Identitaire Virtuel Unique » et ? qui serviraient les données transmises ? Bill ? L’oncle Sam ? Picsou ?

Cher Ds.2

Votre commentaire : "futur idéaliste" m'invite ? apporter un complément ? l'excellente livraison de Thomas.

Le Protocole d'Internet Transactionnel (acronyme TAPP) -cette architecture de services dont parle Thomas - ce n'est plus le futur c'est déj? le présent et ce n'est pas du tout idéaliste - mais au contraire extrêmement pragmatique -

Il s'agit simplement de l'évolution darwinienne de la révolution numérique.

Avec TAPP, le traitement par chacun de ses informations sous forme binaire ( photo, communication, échanges, archivage ...) n'est plus une technologie individuelle réservée ? une élite (l'informatique sur PC Personal Computer) et devient une commodité - UTILITY en anglais - pour tous ( Chacun peut disposer des services délivrés dans son PN Personal Network.)

Ce cycle est tout ? fait classique.

Le XIXème et le XXème siècles, en Occident, ont vu ainsi fleurir toutes sortes d'innovations technologiques qui toutes ont d'abord été réservées ? une élite généralement aisée et éclairée.

Certaines innovations sont les pierres angulaires des réseaux pervasifs et disponibles ? la demande qui ont permis les progrès fulgurants de la société industrielle puis de consommation. (Adduction d'eau, voirie, énergie, téléphone, TSF puis TV, banque, transports, intermédiation postale, etc...). L'usage des services de ces réseaux est tellement banal et démocratisé que nous - ceux qui ont la chance de vivre dans le monde développé mais bien sur pas ceux en situation d'exclusion - ne nous ne rendons même plus compte que nous en bénéficions quotidiennement.

Votre commentaire : "qui deviendrait alors détenteur des informations délivrées et ? qui serviraient les données transmises ? Bill ? L’oncle Sam ? Picsou ? " Présente 2 assertions que je voudrais décrypter et commenter afin de sortir des idées reçues sur la liberté et les menaces dans l'environnement numérique.

Regardons comment se passent nos transactions dans le monde réel :
Grâce ? la banque, nous ne sommes plus contraints de nous retrouver face ? face avec un vendeur pour effectuer un échange économique. Nous sommes capables de réaliser des transactions ? distance et de manière asynchrone ( voire même sans disposer des ressources au moment de la transaction ce qui fait du crédit le plus puissant vecteur du progrès économique)
Pourtant quand votre banque assure la réalisation d'un paiement virtuel ( par chèque, instruction téléphonique, virement, paiement par carte ou paiement en ligne) que vous avez fait ? un tiers, quelles informations détient-elle ?

Uniquement des informations liées ? la bonne exécution de la transaction ( identification du payeur et du récipiendaire, montants, dates, divers numéros uniques d'authentification et d'autorisation.)
Certes la banque enregistre ces paramètres et organise la traçabilité de cette transaction dans les différents comptes impactés.

Mais pour autant, la banque détient-elle une quelconque information sur la nature de la transaction (avez vous acheté des chèvres ou des choux ?) , sur les raisons pour lesquelles celle ci a eu lieu ( pour les offrir ou pour les manger vous-même ?) sur le lieu de la transaction ( sur place ou ? emporter ?) ou sur le moment réel de son exécution (aujourd'hui ? midi ou dans 3 mois)... Non. Rien de cela.

Certes il y a intrusion de la banque dans vos informations personnelles quand elle vous ouvre un compte et quand elle vous vend ses services crédit, assurance ou intermédiation boursière par exemple, mais jamais en tant que tiers de confiance qui opère et sécurise vos transactions personnelles.

A ma connaissance, les millions de clients des banques ne se sentent pas menacés par celles ci par le fait de la détention d'informations.

Et cette observation vaut pour tous les tiers de confiance qui servent d'intermédiaires et sécurisent l'exécution ad hoc de nos services quotidiens ( EDF, La Poste, la Sécurité Sociale, et même les éboueurs qui vident nos poubelles …)
En fait, la société moderne n'a pu se développer que grâce ? la confiance implicite dans l'intermédiation des banques et partant dans le contrat social démocratique qui a remplacé la relation structurée de la société féodale.

Le seul hic mais il est de taille reste que les outils transactionnels dont nous disposons jusqu'? maintenant : chèques, cartes, PCs, comptes emails, puces des téléphones, minitels … ne sont absolument pas sécurisables. De ce fait, rien ne peut garantir que celui qui les utilise est légitime ? le faire. Incident que les commerçants espagnols essaient de parer en exigeant une pièce d'identité - bien plus difficile ? falsifier- ? chaque paiement par carte.

L'usage de cartes est aujourd'hui entièrement basé sur la Confiance. Confiance de la banque dans la responsabilité du porteur ? veiller sur sa carte et rapporter immédiatement tout incident, confiance du porteur que la banque prendra sans discuter en compte toute réclamation. Bien entendu la Confiance ayant dès limites étroites ( et les assurances des tarifs élevés pour couvrir la démarque inconnue) les échanges par carte sont plafonnés de manière relativement restrictive ( par transaction et au cumul sur une période) et les prestations bancaires facturées fort cher aux commerçant. (

Je ne souhaite pas ici m'étendre sur la carte ? puce, si ce n'est pour dire qu'elle ne fait que repousser le problème dans un autre outil – la mémoire physique sur la Puce – qui est tout autant couper de l'actualité et de la légitimité du porteur que les autres outils de paiement.

Par contre, les échanges ? distances mettant en jeu un numéro de cartes – et aujourd'hui la majorité des paiements aux USA, ne requiert quasi aucune identification rendant, ? mon avis, extrêmement probable une catastrophe majeure prochaine liée ? la simplicité d'usurper les coordonnées figurant sur les cartes ( Ce qui est un des freins majeurs au développement de l'e-commerce voir sur ce point

Internet Dangers Keep Consumers Away http://www.eweek.com/article2/0,1895,1877846,00.asp

Je pronostique que le prochain grand Tsunami économique découlera d'une fraude massive ? la carte de paiement. (consécutivement ? une erreur ou pire ? une attaque terroriste ou mafieuse) *
Cela pourrait geler tous les échanges économiques de base des USA pendant une ou deux journées ( le temps que les N° de cartes détournées soient identifiés et interdits et que de nouveaux titres de paiement soient adressés aux malheureux détenteurs de cartes spoofées).
Outre l'énorme manque ? gagner commercial, imaginez ce qui se passerait pour celui qui n'a qu'une seule carte devenue invalide !! Je vous laisse apprécier l'effet dévastateur sur la confiance dans l'économie en ligne et/ou par téléphone d'une telle catastrophe.

UN NOUVEL INTERNET : INTERNET TRANSACTIONNEL

L'architecture d'Internet Transactionnel TAPP est d'un mode opératoire similaire au système bancaire.

Comme ce dernier, TAPP identifie, authentifie et permet ? chaque acteur de l'échange d'autoriser ( de signer) l'exécution de chaque transaction. Comme le système bancaire, TAPP enregistre les paramètres de chaque transaction en temps réel dans les différents comptes concernés ( celui du vendeur, celui de l'acheteur et celui de la banque). Et comme le système bancaire, TAPP ne détiendra aucune information non transactionnelle et ne peut pas servir ? un big brother fut ce Bill, l'Oncle Sam, ou Picsou ( DS 2 quand vous dites Picsou voulez vous dire Bercy???) Pour analyser les comportements et données personnelles – sauf bien entendu si le compte est surveillé légalement. Et encore peut-on douter de l'efficacité d'une quelconque surveillance sur ce type de données. Echelon n'a pas repéré les terroristes du 11 septembre qui étaient tous fichés et ont acheté leurs billets d'avion comme tout le monde.

Par contre, et c'est le point de rupture essentiel et l'extraordinaire nouvelle valeur de l'Internet Transactionnel par rapport ? l'internet que nous connaissions.
Dès lors qu'un acteur dispose d'un compte ( un PN) garanti et sécurisé par un Tiers de Confiance, il est capable de s'identifier et de s'authentifier en ligne ou par le truchement d'un agent opérant pour le tiers de confiance – un Teller - caissier - et de réaliser les transactions qui lui sont proposées sous forme de services en ligne. Chaque transaction exigeant en plus de l'authentification du compte la saisie d'un code d'autorisation qui "signe la dite transaction. A la différence des paiements en ligne l'utilisateur étant déj? connu de TAPP il n'y a aucun besoin de saisir un numéro de carte + date d'échéance + numéro de sécurité qui sont la proie des logiciels espions ( spyware) qui hantent les claviers de nos ordinateurs.

Dans un environnement TAPP il n'y a pas besoin de recourir ? un outil ( chèque, carte, clé USB, puce de téléphone mobile ) pour utiliser son compte et déclencher des transactions.
Corollairement, la mise ? disposition de ce compte ( PN) ne dépend ni des ressources économiques, ni du niveau des technologies ambiant ( TAPP fonction ne sur le GSM) ni d'aucun savoir-faire informatique ( ? la limite, notamment dans un usage par une ONG, le bénéficiaire peut ne pas savoir lire ni écrire – la plupart des humains savent compter et lire les chiffres qui figurent sur la monnaie !!

C'est dans ce sens que notre équipe travaille ? se rapprocher de tout acteur disposant d'une légitimité de représenter un tiers de confiance pour une population d'usagers.
L'Internet est un bien commun, aujourd'hui peuplé uniquement d'avatars et où il n'existe aucune garantie ni sur les identités ni sur les transactions mais pour autant personne n'en est le Big Brother, le Bill, le Picsou ou le législateur.
Pour s'en convaincre, il suffit de voir les efforts de séduction et d'offres tape ? l'œil plus gratuites les unes que les autres ( course ? l'espace de stockage, offre de services gadgets, accès sans frais ? tous les services de communication auparavant si coûteux…) auxquels se livrent les grands acteurs - Google Yahoo MSN et consorts - pour se rendre indispensables aux yeux d'un public pas si étendu que ça ( on considère que moins de 6% des humains se servent d'Internet sur une base plus ou moins régulière et au mieux on anticipe un doublement des usagers d'ici 2010).

Dès aujourd'hui l'architecture de services TAPP libère un nouvel Internet centré sur chaque utilisateur, offrant sécurité, confidentialité et simplicité d'usage ? tous.

Voil? cher Ds. 2

C'est cette valeur universelle que nous souhaitons mettre en route en partenariat avec tout acteur légitime ? la porter même et surtout dans les sociétés qui n'ont pas d'infrastructure développée susceptible de freiner ce développement par crainte du changement et peur des expériences amères du passé.

* Un incident similaire s'est produit en juin 2005 – consécutivement ? une erreur de manipulation chez CSS ( une entreprise qu gère la compensation interbancaire aux USA ) un fichier contenant 40 millions de numéros de cartes a été divulgué et intercepté par des pirates ; causant 220000 fraudes en quelques minutes . Heureusement CSS s'en est rendu compte très vite et a pu immédiatement reconstituer la liste des 40 millions de comptes de manière ? invalider les cartes.

Je rebondis sur les réponses de Ds.2 et de Jean-Marc.

Comme vous l'avez compris, le maître-mot du dispositif visé est "confiance". Nécessairement, pour établir cette confiance, il faut qu'aucune partie prenante ne bénéficie de fait d'un avantage résultant indirectement de sa position dans le dispositif.

Notamment, il est indispensable que personne ne devienne "propriétaire" des données si ce n'est l'intéressé lui-même. Pour reprendre l'analogie bancaire, le caissier ne devient pas propriétaire des fonds qu'on lui remet ; il est moins encore propriétaire des informations qui lui sont nécessaires pour traiter la transaction (noms, adresses, montants, numéros de compte...).
L'un des intérêts d'un processus dématérialisé est en outre que ces informations peuvent n'être accessible ? aucun être humain hormis celui qui les saisit (comme votre numéro de carte bancaire lorsque vous payez en ligne). On peut même les rendre éphémères pour éviter qu'elles soient récupérables dans les "poubelles" des serveurs par des gens avisés qui iraient délibérément ? leur recherche.
L'enjeu est donc bien celui de garantir une identité, mais pas d'en détourner le contenu ou la gestion, fut-ce au motif de "simplifier la vie de l'utilisateur".
Pour conclure, je reprendrais le propos d'Hernando de Soto, selon qui le principal problème des pauvres est leur incapacité ? prouver leur légitime propriété du peu qu'ils possèdent. Il leur est donc impossible de nantir, de louer, de prêter, de placer, d'hypothéquer, etc.
Non seulement ils possèdent peu, mais ils sont moins ? même que d'autres d'appliquer ? ce maigre capital les leviers capables de le faire fructifier. Une identité certifiée est, l? aussi, la clé du cercle des acteurs économiques crédibles. Donc, dans un monde de capitalisme global, d'une partie de la dignité individuelle.

Ajouter un commentaire