Iran : Malgré Baker Bush peut encore frapper

061209-RapportBaker.jpgLe rapport rendu public par la Commission Baker est une preuve de la vitalité de la démocratie américaine mais le danger d’une frappe sur l’Iran n’est pas pour autant écarté :

1. Le fait qu’une commission parlementaire bipartisane ait pu mener une enquête approfondie et arriver à des conclusions unanimes est, en soi, remarquable.

2. Ces conclusions sont largement fondées sur le diagnostic suivant : « Vu la capacité de la Syrie et de l’Iran à peser sur le cours des évènements à l’intérieur de l’Irak et leur intérêt à ne pas voir le chaos s’y installer, etc. ».

3. Le diagnostic est hasardeux car, pour l’instant, tout se passe comme si l’Iran avait intérêt à ce que le chaos s’installe en Irak. Pour que cela change, il faudrait que les carottes proposées par les Etats-Unis soient extrêmement attrayantes. Il ne semble pas que Bush soit prêt à offrir de telles carottes.

4. Il n’est donc pas exclu que, faute d’un dialogue vraiment constructif, le Président et quelques uns des idéologues qui l’entourent, arrivent à la conclusion qu’il faut sortir par le haut de la crise irakienne et donc attaquer l’Iran.

Une telle éventualité entraînerait une catastrophe mondiale.

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Commentaires

Peut-être l'Iran veut-il communiquer l'idée que seul un pays musulman sera capable de résoudre un chaos en terre d'Islam ?

Serait-ce pour proposer une sorte d'autodétermination des peuples musulmans ou pour se donner l'occasion de rebâtir un nouvel empire ?

cher Marc

Votre inquiétude d'un déclenchement de guerre contre l'Iran par le clan de "faucons" autour de Bush est légitime. En effet la puissance militaire américaine est telle qu'aucun Etat n'oserait s'interposer.
Mais alors qui donc pourrait arrêter une telle folie ?
Il faudrait en fait impérativement un vote favorable du Congrès pour déclencher une telle attaque. Et sincèrement, je crois qu'on en est très loin aujourd'hui.

Mais que se passe-t-il donc au Moyen Orient, dans cette région où les chiites sont nombreux et décidément bien agités ?
Les chiites, depuis le martyre horrible et l'assassinat de Hussein, petit fils de Mahomet, se sont enfermés dans la position intellectuelle de persécutés par les autres musulmans. Ils attendent réparation d'un évènement datant du 7ème siècle...
Tous les occidentaux trouveront cela ridicule, et ça l'est en effet.
Mais soyons modestes...il n'y a pas si longtemps encore (moins de cent ans !) les catholiques en voulaient aux juifs vivants, parce que le Christ avait été crucifié par d'autres juifs il y a deux mille ans ! On a fait mieux que les chiites dans la longévité de l'ineptie...

Revenons aux chiites : pour des raisons qu'il serait trop long de développer ici, les chiites sont le prolétariat, la classe pauvre, les exclus du pouvoir en Irak, en Syrie, au Liban. En Iran, majoritaires en population, ils ont enfin accès pouvoir depuis Khomeini.

Bref la question des affrontements au Moyen Orient est d'abord un affrontement entre communautés religieuses : les guerres de religion y font rage, hélas. Combien de temps a t il fallu à nos chers pays européens pour sortir de guerres de religions ? des siècles...

Espérons que les élites musulmanes d'aujourd'hui seront plus intelligentes et plus efficaces que les élites européenes au 16ème et 17ème siecles... et qu'elles arriveront à raisonner les excités, et à faire évoluer l'Islam. Car elles seules peuvent le faire, et certainement pas les Chrétiens avec des discours hostiles aux musulmans.

Alors que faut il faire avec l'Iran ?
Pour moi une seule réponse : aider le débat démocratique à l'intérieur de l'Iran. Contrairement à ce qu'on lit dans la presse Française, les droits de l'homme sont beaucoup moins bafoués en Iran que dans de nombreux pays musulmans. Je suis personnellement convaincu que les Iraniens sont sur la bonne voie, malgré les déclarations provocantes de certains de leurs dirigeants...

Commencerait-on à y voir un peu plus clair dans la nouvelle orientation politique de l’administration Bush pour sortir du bourbier irakien ?
Les données du problème :
-les E.U. et leurs alliés savent maintenant qu’ils ne peuvent pas sortir de la situation en poursuivant dans la même voie
-l’arrêt des violences inter-communautés repose dans l’implication des partenaires régionaux : l’Iran, la Syrie, les pays sunnites du golfe
-ces pays n’interviendront pas tant que la situation israélo-palestinienne ne sera pas réglée. Or la situation n’a pas évolué depuis les accords du camp David et les administrations américaines successives s’y sont toutes cassées les dents
-il faut donc tordre le bras d’Israël pour faire évoluer la donne
Une des solutions est d’accepter la revendication iranienne d’accès au nucléaire civil (et militaire ??) Comment y parvenir sans soulever une crise politique ?
L’Inde s’est dotée d’une industrie et de l’armement nucléaire sans violer le traité de non-prolifération, qu’elle n’avait pas signé, mais en se coupant de l’aide américaine dépendant de cette signature. En offrant à l’Inde l’accès à la technologie nucléaire moderne contre une concession mineure (l’inspection de ses centrales nucléaires « civiles » par l’AIEA) l’administration U.S. crée un précédent pour ce qui va se passer en Iran…. De plus les E.U. renforcent leur position dans un pays en plein développement et susceptible de contenir l’éventuelle expansion chinoise vers le sud.

Le nouveau secrétaire d’état à la défense Robert Gates déclare devant le Sénat américain qu’il est compréhensible que l’Iran cherche à se doter de l’arme de dissuasion ultime qu’est l’armement nucléaire puisqu’il est entouré de pays la possédant : la Russie, le Pakistan, la flotte U.S. dans le golfe persique, et ISRAËL !
3 jours plus tard le premier ministre israélien fait une gaffe( ????) en citant dans une interview, Israël en tant que pays possédant l’arme atomique !

Entre-temps le rapport Baker/Hamilton a souligné la nécessité d’améliorer les rapports entre les E.U. et l’Iran (ainsi qu’avec la Syrie) pour pouvoir sortir de l’impasse irakienne.

Le puzzle est donc en place : début janvier l’administration américaine va proposer à l’Iran un accord dérivé de celui qui a été proposé à l’Inde. Israël bénéficiera de propositions similaires qui lui permettront d’afficher ouvertement sa capacité nucléaire et de s’en servir comme la France l’a fait vis à vis de l’URSS : « vous pouvez certes me rayer de la carte mais vous ne pourrez pas m’empêcher de vous causer des pertes sans communes mesures avec ce que représente mon existence »
Les pays du GCC semblent avoir déjà compris la stratégie qui se dessine en annonçant leur intention d’investir dans le nucléaire à leur tour…
Quel beau monde en préparation !!
Merci Mr BUSH

Vous semblez ainsi décrire une situation du type "mise en place d'un statu quo" basé sur un "équilibre de la terreur "...

Serait-ce la naissance d'une nouvelle "guerre froide" dont le terrain de jeu serait le MO ?

En réponse à votre remarque sur une nouvelle ère d’équilibre par la dissuasion nucléaire au Moyen Orient, je pense qu’effectivement celle-ci offre l’indéniable avantage d’avoir déjà démontré son efficacité. L’URSS a été défaite sans avoir eu à déplorer des milliers de morts. La politique de conflits localisés depuis la fin de la guerre froide, aussi bien dans les Balkans qu’en Afghanistan, Irak etc… a déjà coûté des milliers de morts et, en ce qui concerne ces 2 derniers, ne sont pas encore terminés. A partir du moment où l’arme atomique est suffisamment dissuasive pour faire reculer les plus fous, pourquoi ne pas jouer cette carte ? L’Inde et le Pakistan paraissent bien avancer plus sereinement dans le règlement de leurs querelles depuis qu’ils possèdent l’arme nucléaire ? Israël lui-même n'a pas été attaqué aussi régulièrement depuis que son arsenal atomique est connu! Ce constat peut paraître effrayant mais il mérite qu’on y réfléchisse.

A Philippe Tixier :

Je partage votre optimisme sur l'évolution possible de la société iranienne. Il me semble que les Etats-Unis ont commis une grave erreur en ne levant pas toutes les sanctions quand Kathami était Président. Si, à cette époque, les investissements étrangers avaient pu affluer en Iran, si l'industrie pétrolière avait pu être modernisée, si des raffineries avaient pu être construites, il y aurait eu plus de prospérité et, sans doute, Mahmoud Amadinedjad, n'aurait pas été élu.
Maintenant, nous l'avons sur le dos; il serait bête de le flatter mais rien n'empêche de faire miroiter de très belles carottes à un éventuel successeur qui ne tiendrait pas le langage de la confrontation. Tel n'est pas, semble-t-il l'intention de M. Bush qui, pour sortir (soit disant par le haut) de l'impasse irakienne, risque d'être tenté d'attaquer l'Iran. Il ne s'agirait pas, bien sûr, d'invasion terrestre mais, sous prétexte d'attaquer les sites nucléaires, le potentiel économique pourrait être détruit dans l'espoir de faire reculer de plusieurs siècles ce pays et l'empêcher ainsi de se poser en puissance régionale dominante.
Ce serait, à mon avis, de la folie et les conséquences, non seulement pour le M.O tout entier mais pour le monde, pourraient être catastrophiques. Aussi, j'ai honte de le dire et même de le penser mais, pour l'année 2007, George W. Bush me paraît plus dangereux que Mahmoud Amadinedjad.

A M. le Bretton,

Cela m’étonnerait beaucoup que, début janvier, l’administration américaine propose à l’Iran, un accord sur le type de celui négocié avec l’Inde. A tors ou à raison, M. Bush considère l’Inde comme une amie des Etats-Unis faisant éventuellement contre poids à la Chine. A l’inverse, il considère l’Iran comme un ennemi. A mon avis, c’est dommage mais c’est comme ça !

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