Algérie : éducation schizophrène

L’enseignement supérieur, en particulier dans les domaines scientifiques, est assuré pour l’essentiel en français. Médecine, pharmacie, écoles d’ingénieurs et même... l’ENA, Ecole Nationale d’Administration, continuent à user largement de la langue de Molière. Les fonds documentaires des universités et autres instituts de formation ne dérogent pas à la règle puisque plus de 95% sont en français.

Primaire, secondaire et lycée sont de leur côté « arabisés », c’est-à-dire que toutes les matières, y compris scientifiques, sont enseignées en arabe. Résultat : même les meilleurs élèves peinent à tirer leur épingle du jeu... sauf si papa est assez riche pour les envoyer se mettre à niveau à l’Alliance française à Paris.

C’est dans ce contexte, que les écoles privées ont fleuri. Tous les cours s’y tenaient en français exceptées les matières dites molles telles que l’histoire, la géographie, la philosophie etc. Le succès était au rendez-vous. D’abord limitées à Alger, elles ont essaimé un peu partout. Aujourd’hui, elles sont sommées de se conformer aux programmes officiels et arabisés de l’Education nationale. Les 72 réfractaires ont promis de le faire à la rentrée prochaine.

Dans le même temps, les pouvoirs publics ont décidé de réintroduire le français dès le CE1, contre le CM1 auparavant dans les écoles publiques. Serai-ce suffisant ? Rien de moins sûr. D’ores et déjà, ce sont les cours privés de maths, physique, chimie, sciences naturelles qui flambent... en français bien sûr.

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Commentaires

Notre pays est à la dérive. Depuis quand la langue arabe véhicule la science et la technologie pour que les gouvernants s'attele à mettre en péril le système éducatif algerien. Les enfants du peuple vont à l'école de l'obscurantisme et de formation d'intégristes par contre les enfants de la soit disant "elite" fréquentent les écoles privées enseignant en français tel le Lycée Descartes. Une révolution s'impose pour que les masques tombent et la vraie democratie et la laicité s'installent dans notre chère patrie" l'ALGERIE".

@ Jean-Pierre : La langue arabe fut, il y a bien longtemps hélas, un véhicule pour la science. Elle ne l'est plus.
Le pragmatisme et les impératifs du développement devraient primer sur une vision étroite de l'"identité". C'est Kateb Yacine, patriote sourcilleux, qui écrivait : "la langue française est notre butin de guerre".

Les Algériens avaient la chance d'être bilingues. Au nom d'une vision étroite de l'identité, on décida d'"arabiser" tous les enseignements, y compris ceux où la production intellectuelle est quasi nulle. A cet égard, la conclusion d'un récent rapport des Nations Unies sur le développement humain, en particulier sur la qualité de l'enseignement, dans le monde arabe est sans appel : la contribution du monde arabe à la production scientifique mondiale est insignifiante. La médiocrité de l'enseignement notamment est mise en cause.

Il y a une grande confusion culturelle linguistique en Algerie, et on ne se rend compte que quand on visite d'autres pays notamment (Chine, Inde, Turquie, et autres) et qui sont des modeles de developpement. Les chinois venant travailler en Algerie ecrivent en chinois (la langue la plus complexe au monde), les turques aussi.

A mon avis la maitrise des langue est importante et ce fut un temps ou le francais etait un butin de guerre comme l'a dit Kateb Yacine que je respecte beaucoup mais maintenant le francais est plus un frein au développement et une blessure de guerre qu'autre chose (faire une comparaison des indices de développement entre les pays francophone et anglophone). On doit faire la différence par rapport à la langue comme outil (qu'on peut changer une fois usé) et la langue comme composante identitaire (qu'on ne peut pas changer). On ne peut pas construire notre développement sur une langue totalitaire (le francais jadis florissant) qui ne reconnait que l'intégration, l'autre manière de voir étant banie.

Il faut identifier le bienfaits de l'anglais où Il y a un grand volet au niveau de la culture anglosaxone qui s'appelle communities qui est complètement ignorée au niveau de la culture francophone et qui s'adapte bien à notre culture et à notre développement.

Notre salut est dans la valorisation des langues locales (Arabe et amazigh) et l'attelage avec le monde anglosaxon.

Ceci est un rêve peut-être et ça commence par un rêve transformé en stratégie puis en politique comme ont fait beaucoup de pays dont la malaisie est un exemple frappant dans ce domaine dans les annés 70. Il était considéré comme un no country (un non pays) et après la stratégie instaurée par ses leaders et ses visionnaires (Malaysia 2020) ils sont arrivés à réduire le gap.

Ce qu'il nous faut c'est une stratégie du type Algeria 2050 basée sur la langue anglaise comme outil et les langues locales comme pilier identitaire.

Comment peut on évoluer avec un ministre qui est arrivé par erreur et maintenu par oubli plus de 17 ans ?
Je lui incombe la situation de tout les jeunes algériens qui n'ont pas pu suivre leurs études pour la plupart
mis à la porte en 3eme année moyenne

@ Mohamed : Mon propos n'était pas de défendre le français en tant que tel. Plus prosaïquement, j'essayai de montrer que le développement d'un pays donné dépend du niveau et de la qualité de la formation de sa population dans tous les domaines de la connaissance (sciences, sciences humaines, philosophie, arts, droit, économie...).

Que la langue arabe s'est sclérosée et n'est plus, comme elle le fut à d'autres moments de l'histoire, vecteur de progrès captive qu'elle est de son supposée statut de "langue du Coran".

Que les Algériens avaient la chance d'être des bilingues "naturels", pour certains trilingues (avec l'Amazigh). Que les enseignants étaient formés en français et donnaient un enseignement de qualité jusque vers le milieu des années 80. Que par pur "idéologisme" et sans préparation aucune, on a décidé d'"arabiser" l'enseignement. Que ceux qui en ont pâti, ce sont la grande masse des jeunes contraints de continuer à fréquenter l'école publique. Car pour ce qui concerne l'élite politique (celle là même qui en a décidé ainsi), elle a bien pris garde, consciente de la dégradation du système scolaire du pays, de mettre ses enfants à l'abri soit dans les quelques écoles et lycées qui ont échappé au massacre, soit carrément à l'étranger. Exemple typique de reproduction des élites, ces enfants là mieux formés, mieux préparés seront les maîtres de demain. Et tant pis pour la piétaille qu'on continue de saoûler avec les propos lénifiants sur l'identité ...

Pour le reste, votre plaidoyer pour l'anglais serait acceptable si les pays arabes anglophones, et il y en a, étaient en meilleure position. Hélas, ce n'est pas le cas. Tous les pays arabes souffrent des mêmes maux : un enseignement gangrenée par l'islamisme avec pour conséquence majeure un manque d'esprit critique évident. Une forme de paresse intellectuelle s'est fait jour dont les effets en terme de développement se feront sentir encore longtemps.

Je me demande pourquoi le français serait une langue essentiel pour les étudiants algeriens puisque la langue nationale est l'arabe?

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