« Les Chagrins du Jeune Werther » et les agressions à l’arme blanche de Londres et de Paris

LONDRES-MACHETTELe 22 Mai 2013 deux jeunes hommes se réclamant du courant djihadiste égorgent en plein jour un soldat britannique dans une rue de Londres. L’un d’entre eux, un hachoir ensanglanté dans la main gauche, agite son autre main et demande aux passants de le photographier, en déclarant : « Nous jurons au nom de Dieu Tout-Puissant, que nous n’arrêterons pas… ».

Le 25 Mai, à la Défense, un militaire français en patrouille Vigipirate a été victime d’une tentative d’égorgement au cutter « par un homme de type  Nord-Africain », selon Le Monde.

Les autorités françaises ne pensent pas que les deux actes soient liés. C’est probablement vrai dans le sens où  les deux agressions n’ont pas été coordonnées par un même cerveau. Mais elles  sont sans doute liées d’une autre façon.

Il y a plus de deux siècles, Johann Von Goethe publiait un roman intitulé « les Chagrins du Jeune Werther ».  Dans ce roman le héros, Werther, commet un suicide. Le roman a eu un grand impact, au point que plusieurs suicides émulant le suicide du héros sont observés dans toute l’Europe. Plusieurs pays interdisent la publication du roman dans l’espoir d’enrayer  le phénomène.

Dans les temps modernes un sociologue américain, David Philips, revoit les statistiques du suicide aux Etats-Unis entre 1947 et 1968. Il note que durant le mois où un suicide est médiatisé,  le taux de suicide augmente dans une proportion de 1300 %, puis baisse pour revenir « à la normale » dans les mois suivants. Fort de cette découverte, il étend son champ d’investigation aux accidents de voitures et aux crimes collectifs et note le même schéma. Il nomme ceci l’effet Werther.

Selon l’effet Werther, la  visibilité d’un acte de nature transgressive invite à sa multiplication, surtout auprès de personnes qui subissent de fortes tensions entre le monde dans lequel elles vivent  et celui auquel elles aspirent. La médiatisation montre que le passage à l’action n’est pas forcément une mauvaise chose. Emuler la réponse du  « modèle » est désinhibé.

Dans le monde actuel, le salafisme fascine certains jeunes musulmans, les conduisant à vivre un fort antagonisme avec les valeurs qu’incarne la modernité.

Le « modèle » Afghan, a popularisé les attentats à l’explosif qui ont  touché l’Irak, des ambassades de pays occidentaux, le métro de Londres et plus récemment le Marathon de Boston. Mais ce modèle rencontre des difficultés de nature pratique pour se généraliser. Il faut du matériel qui n’est pas toujours facilement disponible, et un savoir-faire qui n’est pas aisément accessible.

Récemment un autre modèle est en train d’être popularisé à travers les médias sociaux, le « modèle Syrien », propagé par le Front de la Nosra,  principale formation militaire se battant contre le régime Syrien. Le Front de la Nosra a déclaré publiquement son allégeance à la Qaeda, et pratique l’égorgement et le dépècement à la machette des  soldats du « régime » faits prisonniers, allant même jusqu’à commettre des actes de cannibalisme. Ces actes sont médiatisés sous forme de clips vidéo dans les médias sociaux.

Le principal danger de ce modèle, c’est qu’il ne nécessite ni matériel (un couteau de boucher ou  un simple cutter peuvent faire l’affaire), ni savoir-faire particulier. Il peut donc diffuser plus rapidement que le modèle Afghan.

La ressemblance entre ce qui s’est passé à Londres et ce qui s’est passé à Paris n’est probablement pas le résultat d’une coordination réfléchie concernant ces deux places, mais plutôt le fruit d’une contagion à l’échelle de l’espace sans frontières des médias sociaux.

Share

Commentaires

Papier qui laisse sur sa faim, volontairement ou non il manque cruellement l'analyse, le recul sur le rôle téléguidé des politiques, médias occidentaux, depuis 11/09/2001, dans dans cette "histoire" de propagation du terrorisme, acte de cruauté " international "...

Cette force journalistique pavlovienne, guidée d'une main de maître par les services de renseignement US, les ont poussés à invoquer de façon incantatoire le grigou barbu pour légitimer des comportements prédateurs ainsi que d'instaurer un organe législatif sécuritaire sur le territoire US que même le Ministerium für Staatssicherheit n'avait pas rêvé.

Le chien à fini par mordre son maître et faire des petits.

L'époque change... On invoque maintenant une "autre" vision déformée, mutilée de la réalité : "l'épidémie de cyber-djihadisme" nouveau croque mitaine des enfers, preuve que la conduite introspective des demeurés qui nous gouvernent avance, ou que l'internet devient néfaste pour leur contrôle de l'information.

Le principal danger de ce modèle internet ? C'est qu'il ne nécessite ni matériel (un téléphone portable ou une simple connection internet peuvent faire l'affaire) ni savoir faire particulier. Il peut donc diffuser plus rapidement que le modèle journalistique altéré, gangrené.

En vidéo ça donne çà :

GITMO fait une grève de la faim depuis plus de 10O jours, coupé de Web par peur de représailles "hacker", qui pourraient se manifester par l’exfiltration probable d'images montrant des hommes décharnés dans des ..."camps" ( Nazi Style). Réalisé en 2008, ce web doc porte toujours bien son nom.

https://www.facebook.com/photo.php?v=3995481464264

En musique:
http://www.youtube.com/watch?v=TCqp6RZf4Eo

Le vilain barbu utile n'est qu'une réaction,l'internet est en train de le faire comprendre à la masse, la est le danger pour les gouvernements, d'ou leur envie de trouver du cyber terroriste partout sur la toile...
https://www.youtube.com/watch?v=KtJOWhEa19E

J'ai toujours plaisir à lire une personne de 1936 parler des " médias sociaux " ( réseaux?) sans incruster un seul lien pour rendre plus interactif le papier... 4daLULZ

https://www.youtube.com/watch?v=yU3u5YiWUR4

http://www.youtube.com/watch?v=lKHkpQSjc-s&feature=youtu.be

Qui finance les mouvements les plus radicaux ? Qui finance la presse?

Sky

Ajouter un commentaire