Droits de l’animal et devoirs de l’Homme

070828-Elevage.jpgLa compassion à la Brigitte Bardot a du bon mais n’est absolument pas à l’échelle des problèmes posés par l’évolution de nos sociétés.

Se préoccuper de la souffrance d’un bœuf tué suivant les rites juifs ou musulmans est compréhensible mais revient à vanter les mérites des abattoirs modernes. C’est oublier que les bêtes arrivent dans un univers qui sent la mort. Cette odeur putride se répand au loin et les bêtes, pas si bêtes, souffrent à l’avance de la fin qui leur est réservée.

Triste fin pour une triste vie où l’animal est traité en objet, où des veaux sont « en batterie », c’est à dire en cage et où, jusqu’à 23 poulets peuvent être entassés dans un seul mètre carré.

Un documentaire autrichien (« Notre pain quotidien » de Nikolaus Gerhalter) mérite d’être vu. Il montre ce qu’est aujourd’hui une ferme industrielle. Les atrocités commises dans l’élevage au nom de l’économie font douter de la conscience de l’Homme.

L’indignation ne suffit pas car le changement de modèle prendra nécessairement beaucoup de temps. Elle est cependant nécessaire. Le but est que nos enfants jugent nos comportements actuels envers les animaux aussi scandaleux et aussi aberrants que nous jugeons nous-mêmes l’esclavage. Si nous échouons et que nous laissons la roue de l’Histoire tourner dans l’autre sens, nos enfants seront pires que nous et, les progrès de la génétique aidant, peut-être jugeront-ils bon de créer des hybrides de singes et d’hommes pour les travaux pénibles. Après tout ce serait commode !

Ce n’est pas une plaisanterie. Si nous manquons de respect pour la vie en général, nous ne serons pas capables de nous arrêter sur une voie qui est, à proprement parler, diabolique.

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Commentaires

Cher Marc,

cela est tout à fait exact, et je suis également convaincu que ces méthodes de production doivent être limitées, voire arrêtées. Mais il faudrait pour cela revoir des pans entier de notre économie et de la société de consommation qui en tire profit.

Peu à peu, le public prend conscience des conditions dans lesquelles son pain quotidien est produit. Il entend parler des problèmes sanitaires, et s'indigne lorsque l'on parle d'abattage massif de bovins contaminés.Malheureusement, la presse "spectacle" ne lui permet pas de faire le lien de causalité entre ces évènements et la promotion au supermarché du coin pour de la nourriture à prix cassés.

De plus, il n'a probablement pas toujours les moyens de se payer une nourriture "éthique", comme le démontre le succès important des chaînes de distributeurs discount, ou du moins il n'axe pas sa réflexion vers l'opportunité de réaliser des économies dans des postes budgétaires secondaires pour améliorer son alimentation ainsi que les conditions dans lesquelle celle-ci est est produite...

Les états se portent également garant des conditions sanitaires au sein des industries agro-alimentaires, quelles que soient les méthodes employées, et par ce fait, cautionnent insidueusement ces modes de production.

C'est tout un programme, mais par où faudrait-il commencer ?

Bonjour Marc,

Bravo pour ce message. J'ai moi-même posté un article récemment sur Agoravox où je m'interroge sur la conscience des animaux. L'article intitulé avec un peu de provocation "Les animaux ont-ils une âme ?" se termine sur ce point :

"Reconnaître que les animaux ont une conscience, nous poserait un sérieux «cas de conscience», pour ne pas dire un problème fondamental. Cela nous obligerait à revoir tout notre système de vie :
- Il faudrait commencer par améliorer la filière alimentaire. Il ne s’agit pas nécessairement de devenir végétarien, mais d’élever les animaux dans des conditions décentes, et de les tuer en leur évitant toutes souffrances.
- Il faudrait réduire les dégradations des habitats, comme la suppression des bocages, la déforestation, la pollution des mers, les différentes formes de braconnage ou de pêche prohibée (pêche à l’explosif par exemple), qui ruinent des espaces entiers de vie.
- Cela nous obligerait en un mot à revoir notre place sur la terre, notre coexistence avec ses autres « habitants », et sans doute par voie de conséquence à limiter la population humaine.
- Notons à ce titre que la réglementation stricte qui encadre depuis quelques temps, dans les pays développés, l’expérimentation animale est un pas dans la bonne direction.

Une révolution aboutit souvent à des excès similaires (mais inverses) que ceux qu’elle a voulu supprimer. Le mieux, pour tenter de limiter cet effet, est de commencer par un changement limité, « tranquille ». Pourquoi ne pas envisager un label qui s’assurerait de la bonne « traitance » des animaux dans la filière alimentaire ?
Y a-t-il un marché pour ceux qui veulent payer plus cher pour avoir l’esprit et la conscience tranquilles ? Pour ceux qui pense que l’on « est » ce que l’on « mange ».
Il faut, de toute manière, rapprocher (au sens étymologique : approcher à nouveau) les Hommes du monde animal. Sans proximité, il y a défiance, méfiance, méconnaissance...

Mais gardons espoir. Il paraît que le propre de l’homme est de savoir s’adapter !"

Jérôme Bondu
http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=1666

Tout cela est bien effrayant, j'ai vu un reportage similaire sur ARTE et chaque jour je vois et je vis des évolutions tout aussi alarmantes dans tous les domaines. Sans rentrer dans des développements longs et techniques, la conclusion de tout cela c'est que l'humanité vit au-dessus de ses moyens, notamment grâce aux énergies fossiles, non pas individuellement, mais collectivement. Nous sommes chaque jour plus nombreux et nous occupons chaque jour plus de place et bientôt tout l'espace qu'il reste sur cette planète. Face à ce tsunami humain, nous nous émouvons çà et là de cette évolution et en l'espèce de notre relation à l'égard des animaux. Comment en sommes nous arrivés là ?
Tous simplement parce que nous avons été très efficaces, trop efficaces à dominer notre environnement et notamment nos compagnons de route, les autres espèces animales(c'est le sujet du texte). Ils furent d'abord nos voisins, parfois nos concurrents, mais aussi nos prédateurs, puis nos proies, puis ils furent nos alliés pour la chasse avant de devenir notre bétail et maintenant ils ne sont plus que des objets dont la vie n'a plus d'autre sens que de nous assurer une pitance au coût de revient qui se veut le plus bas possible. Par ailleurs, chaque jour la nature sauvage dont nous sommes issus, nous n'en n'avons plus conscience, disparait irremédiablement, et ce, pour satisfaire nos divers besoins : habitat, agriculture, bois pour le chauffage ou pour l'ameublement, extraction minière, routes, ...
Non, la terre n'est pas assez grande pour l'appétit de la population humaine, et ce n'est pas fini !
Car le seul vrai problème c'est la surpopulation, j'entend çà et là que nous pouvons encore être plus nombreux (Par exemple, Nicolas Hulot, qui ne déplace qu'en hélicoptère ou en 4X4, alors que moi en vélo), que nous n'avons pas encore atteint les limites acceptables de la population humaine. Certes, mais pour vivre comment ? Comme des rats ! Oui, comme des rats qui se disputent les dernières miettes d'un fromage qui n'aurait plus de saveur. Fini la liberté (même si c'est déjà pas terrible aujourd'hui), plus de forêts, plus de ruisseaux, plus de faune sauvages et des animaux domestiques sous perfusions dans le but de fournir des protéines au goût douteux, plus d'avenir digne de ce nom sur une planète qui serait devenue notre prison et où nos congénères seront devenus nos pires ennemis !
Oui, on nous vend qu'il faut se serrer la ceinture en France pour éviter ce cauchemar, qu'il faut aider le reste du monde à se développer, à vivre, à se soigner, à bien sûr à se reproduire, etc, etc, ... Pourquoi ? Pour que nous soyons encore plus nombreux pour aller encore plus rapidement dans le mur, dans le sens de cette société où il faut produire de la façon que vous bannissez comme moi, parce que dans ces conditions il n'y aura plus d'autre moyen de produire tant nous serons nombreux ? Pour l'instant, la population française ne représente que moins d'un pourcent de la population mondiale, sa densité de population n'est pas si élevée et sa démographie va plutot dans le bon sens, elle devrait même décroitre si nous n'acceillions pas des immigrés dont nous n'avons pas réellement besoin, et ce parce qu'il faut produire, produire, toujours moins cher, et aussi parce que nous ne sommes pas capables de nous retrousser les manches (ou plutot parce que l'on ne veut pas faire en sorte que certains n'aient pas d'autres choix que de les retrousser. Je pense plutot que nous devrions inciter les pays à forte croissance démographique à faire moins d'enfants et ce par tous les moyens ! C'est la seule politique possible pour que l'humanité et la nature aient une chance de perdurer encore quelques milliers d'années, car sinon la terre connaitra une fois de plus une extinction massive de la vie animale et des espèces et dans ce cas, ce sera la vie elle même qui en sera la cause et non pas un phénomène climatique d'origine asrophysique.

A Bruno Kerouanton

Cher Bruno,

Deux remarques sur ton commentaire. Un sur les obstacles, l'autre sur les moyens d'avancer. En ce qui concerne l'obstacle, je constate qu'un certain nombre d'hommes de progrès, tels des socio démocrates du type Allègre ou des humanistes type Axel Kahn, prennent de travers les combats en faveur des animaux, qu’ils assimilent à un mépris de la spécificité humaine. Pour contourner cet obstacle, il faut évidemment que le combat en faveur des animaux ne soit pas monopolisé par des fanatiques partisans de la violence et tenants de la « Deep Ecology ».

Un combat qui, me semble-t-il, pourrait avoir un effet levier serait de militer pour une cause qui servirait à la fois les Hommes et les animaux. Exemple : manger moins de viande répondrait à plusieurs besoins : 1) ce serait bon pour l’environnement puisque les pets et les rots des vaches émettent une quantité de méthane plus dangereuse que tout le Co2 des voitures ; 2) la production d’un kilo de viande a un « input » très supérieur à celui d’un kilo de lentilles et, de ce fait, ajoute aux difficultés de la lutte contre la faim ; 3) moins on mangerait de viande plus un repas avec viande pourrait prendre un aspect festif. 4) moins on mangerait de viande, moins on aurait besoin d’abattoir usines qui sentent la mort et d’élevage concentrationnaires ; 5) en plus, c’est bon pour la santé de réduire la surconsommation de viande.

Cher Jérôme,
Un label pourrait être une excellente idée.

merci pour ces commentaires qui me redonnent encore un peu d'espoir et qui éclairent mes contemporains de Lumière; sur une longue distance, on voit les progrès mais qu'il en reste encore à faire! tant que la Corrida sera légitimée au nom des traditions, on comparera toujours les abattoirs à une douce mort; ce qui nous donne une conscience et l'arrêt de toute réflexion.

A la lecture de l'article et des commentaires qui suivent, je me demande si la solution à ce problème ne serait pas de réapprendre aux gens à manger équilibré et à nous tous de nous rappeller que la nature ne fait pas partie de nous mais que nous faisons partie de la nature...

La violence voire la cruauté pure à l'encontre des animaux n'est pas le privilège des pays développés, gavés par la viande à bas prix saturée d'hormones.

Mes déplacements dans les pays pauvres voire dans les régions plus pauvres de notre beau pays, m'ont fait perdre mes belles illusions sur le caractère "humain" des êtres qui se disent tels.

Le bonheur, qui n'est qu'une sensation personnelle totalement indépendante de la simple possession ou jouissance de biens matériels, est souvent attisé par la vue de la détresse ou de la souffrance de l'autre, animal ou humain.

Certains en jouissent directement d'autres s'en lamentent en prenant du plaisir dans la compassion. Le bonheur humain au lieu d'être un absolu n'est que relatif, que comparaison...

On dirait que le monde a besoin qu'il existe des êtres vivants qui soient plus malheureux, plus souffrants, plus torturés que d'autres, pour alimenter ce drôle de besoin de bonheur...

Si on s'intéresse au sort de compagnons les animaux, il ne faut pas oublier que certains humains acceptent que d'autres humains subissent un sort peu enviable, que la "traite des être humains" progresse dans le monde sans faire de bruit.

Mais là encore, faire ressortir le droit de tout animal à une certaine dignité, pourrait, par comparaison, rendre encore plus insupportable le sort réservés à certains humains.

N'oublions pas que animaux appelés "femmes", les femelles de l'homme ont longtemps vécus sans avoir une "âme" alors que les mâles avaient ce curieux avantage ! De même les habitants des Amériques, qui ont eu leur procès à Valadolide, ont subi ce même sort.

Cette posture n'a pas disparu aujourd'hui car certaines religions qui s'attachent à des textes anciens, considèrent que la femme et les enfants sont toujours des "mineurs".

Ainsi va le monde !

HPS

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