Tout sauf, rien sauf

En matière de sécurité informatique et, en particulier de contrôle de l’Internet, deux grands principes peuvent être adoptés que l’on peut résumer par le « Tout sauf », autrement dit tout est autorisé sauf exception, et le « Rien sauf » c’est-à-dire rien n’est autorisé sauf dérogation.

Le modèle occidental de l’Internet s’inscrit clairement selon le premier principe. Ceci explique en partie les difficultés d’interdire quoi que ce soit. Le meilleur exemple est la condamnation en France de Yahoo pour vente de produits nazis. Ce qui avait contraint ce site à trouver une parade technique complexe pour filtrer, exclusivement en France, ces ventes. Toutefois, il est parfaitement illusoire de croire que l’on puisse tout filtrer de façon réellement efficace. Car avant d’interdire, encore faut-il définir, avec précision, quoi interdire.

Dans les pays totalitaires, le modèle inverse a été adopté et c’est au compte-goutte que les sites sont autorisés, avec de toute façon la possibilité ultime de couper les accès. La censure est dès lors nettement plus efficace.

Share

Commentaires

@Bruno : Mais que dire de l'émergence, aujourdh'hui, dans les pays les plus avancés et notamment aux Etats-Unis de cet entre-deux qui, tout en maintenant l'accès à tout, contrôle, écoute, surveille, traque, piste tout ?

En effet, cela n'est pas toujours très clair dans les esprits, mais depuis déjà longtemps les systèmes informatiques sont munis de mécanismes de suivi, de surveillance et de contrôle des activités, qui sont dans une très grande majorité des cas utilisés dans un but anodin de suivi de prévention technique des activités. Ainsi, il est normal de pouvoir déterminer si un disque dur est proche de la saturation, si le taux d'utilisation des réseaux Internet ou d'entreprise est trop élevé, de prévenir les virus et les pourriels (spams), et de facturer les communications télécoms ou abonnements Internet. Tout cela constitue pour moi un outil de suivi normal et non intrusif (du moins en règle générale). En France par exemple, la Commission Nationale Informatique et Libertés exerce un pouvoir de régulation afin d'éviter les dérives.
Certaines puissances ont néanmoins détourné tout cela pour constituer un outil de contrôle répressif, pouvant aller du filtrage simple (bloquage de sites web, d'emails etc.) aux mesures extrèmes (inculpation, pressions etc.).
Depuis les attentats du 11 septembre, on constate que les pays laissant traditionnellement "tout" passer ont commencé à prendre un certain nombre de mesures de contrôle, tout d'abord en archivant sur de longues durées les données de connexion à Internet, puis en effectuant un filtrage discret de certaines applications considérées comme légalement douteuses (peer-to-peer, etc). Ce contrôle n'est pas encore ressenti comme répressif, mais la frontière entre la liberté Internet et la traque Internet est de plus en plus ténue. Et je n'évoquerai pas les aggrégations de données par le biais de la technologie du "data-mining", qui consiste à obtenir des descriptions extrêmement précises (profiling) des consommateurs que nous sommes, à l'aide de nos habitudes de consommation, etc. Enfin, notre propension à être connecté en permanence aux réseaux par le biais de téléphones GSM et autres gadgets communiquants ne fera qu'amplifier ce phénomène. A suivre !

Ajouter un commentaire