Par un communiqué du 25 août, le ministère de l’Éducation du Danemark a annoncé qu’en 2026, des élèves de filière générale, volontaires, pourront utiliser l’IA générative dans l’une des épreuves d’anglais du baccalauréat[i]. Ils auront une heure pour préparer un exposé oral sur un sujet tiré au sort, avec la possibilité d’utiliser cette nouvelle technologie. Bien sûr, ils ne seront pas dispensés d’un test écrit. Cette démarche est expérimentale et ce n’est pas la première fois que le Danemark autorise l’usage encadré de nouvelles technologies, en l’occurrence internet lors des examens.
Leur démarche cherche à encourager, à travers un cadre strict, le développement numérique dans les apprentissages. « Nous lançons ces expérimentations afin de trouver le bon équilibre » a déclaré le ministre Mattias Testaye. « Lorsque les élèves évoluent à la fois dans les mondes analogiques et numériques, nous préparons de la meilleure manière possible à la réalité après l’école ».
Cette révolution silencieuse ne touche pas que le Danemark. Vincent Salaun, maître de conférences à l’institut d’administration des entreprises (IAE) de l’université de Bretagne occidentale de Brest s’est interrogé « Quel sens ont encore les travaux écrits individuels réalisés à la maison, comme ce rite initiatique du mémoire universitaire ? Faut-il les modifier ou les remplacer ? Par quoi ? ». Fin février, il a annoncé en finir avec le traditionnel mémoire universitaire du master 2 dont il a la responsabilité. Dès juin, celui-ci sera remplacé par un grand oral sur le sujet de leur choix et sera simplement accompagné d’un dossier à rendre dans lequel les étudiants analyseront les compétences acquises durant leur formation. Une vraie révolution !
Soyons réalistes : les étudiants, séduits par l’apparente facilité de l’utilisation de l’IA générative s’en emparent de plus en plus dans leurs travaux personnels (mémoire, exposés, dossiers, thèses) comme ils se sont emparés d’internet ! Qui pourrait résister ? Un vrai casse-tête pour les enseignants qui doutent de plus en plus du réel apport de l’élève !
Notons également que selon le ministère de l’Éducation nationale, le pourcentage de triches au baccalauréat a augmenté de 14% depuis 2023. Le recours aux nouvelles technologies représente maintenant plus de la moitié des cas ! Dans la panoplie, l’IA pointe timidement son nez, un peu moins de 5%. Mais pour combien de temps ? ? Le sujet est d’autant plus critique que la part du contrôle continu, beaucoup plus difficile à surveiller, est de l’ordre de 40%. Alors devons-nous résister, à l’instar de la Chine qui désactive tous les outils d’intelligence artificielle pendant cet examen emblématique, ou faire preuve d’imagination ?
En France, le ministère de l’Éducation nationale a fait le choix d’accompagner le mouvement mais avec prudence et a pris l’initiative de définir un cadre de son usage. Un guide a été publié en juin 2025 prodiguant aux enseignants conseils, bonnes pratiques, règles, avantages, inconvénients…. Rien d’étonnant ! Mais, élément plus disruptif, il reconnaît les bénéfices de l’utilisation de l’IA pour les élèves : aide pour réviser, s’entraîner ou approfondir ses connaissances. La brèche est bel et bien entrouverte.
Les expériences méritent d’être développées et évaluées, mais selon quels critères ? Quelles sont les nouvelles compétences requises pour les élèves, les comportements et valeurs à acquérir ?
Un vaste programme...
[i] https://www.tf1info.fr/international/intelligence-artificielle-les-lyceens-pourront-bientot-passer-une-epreuve-du-bac-avec-l-intelligence-artificielle-au-danemark-2390165.html
Commentaires
Un vaste programme dont le…
Un vaste programme dont le noeud central doit être l'esprit critique : face aux facilités offertes par l'IA, il est indispensable de développer chez les étudiants le regard critique, pour qu'ils soient encore capables de penser par eux-mêmes, sans s'en remettre aveuglément à l'IA.
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