L’atome dans 50 ans

Rebut.jpgPhysicien, membre correspondant de l’Académie des Sciences, pionnier de la recherche sur la fusion nucléaire, Paul-Henri Rebut est intervenu mercredi 11 juillet, sur le thème : « L’atome dans 50 ans ». Prenant au sérieux le réchauffement climatique - il y a, dit-il, une course de vitesse - il en recense tous les paramètres.

Paul-Henri Rebut a débuté sa carrière en 1978 comme chercheur au Commissariat à l'énergie Atomique. Ses recherches dès cette époque portaient sur la physique des plasmas et la fusion contrôlée thermonucléaire.

Après la construction du Tokamak de Fontenay aux Rosés, il a dirigé l'équipe européenne JET (Joint European Torus) à Abingdon en Grande Bretagne.

Inaugurée par la reine d'Angleterre et le président François Mitterand en 1984, cette machine JET a montré pour la première fois au monde que l'on pouvait contrôler un plasma jusqu'à des températures de plus de 300.000.000 de degrés et produire des réactions thermonucléaires au niveau de la dizaine de Mégawatts.

Elu membre correspondant de l'Académie des sciences en 1986, Paul-Henri Rebut est nommé, en 1992, Directeur d'ITER (International Thermonuclear Expérimental Reactor) et chargé de sa conception. Projet mondial avec pour partenaires l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon et la Russie, ITER devrait produire plusieurs centaines de Mégawatts pendant des temps supérieurs à 5 minutes.

De retour en France, il a été, de 1998 à 2004, conseiller du Haut Commissaire au Commissariat à l'énergie atomique.

Paul-Henri Rebut reçoit, en 2005, le prix Hannes Alfven de la Société Européenne de Physique.

En 2007, il crée sa société de Conseil en fusion contrôlée thermonucléaire, Rebut Consultant et travaille pour le projet ITER et GENERAL ATOMICS.

Paul-Henri Rebut a publié de nombreux articles scientifiques et, en 1999, l’ouvrage l'énergie des étoiles, la fusion contrôlée aux éditions Odile Jacob.

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Commentaires

Je me réjouis de l’intervention de Paul Henri Rebut le 11 juillet prochain.
En effet, dans le grand débat actuel sur la consommation d’énergie et ses effets plus ou moins nocifs sur l’évolution du climat, la question de l’énergie de fusion contrôlée est quasiment absente.

Faut il voir dans cette lacune une méconnaissance sur les enjeux de la fusion contrôlée, ou bien une défiance pour un processus qui porte la tare insoluble de « nucléaire » ?
Sans doute y a t il un peu des deux.

Et pourtant, s’il y a bien pour l’humanité un espoir formidable, c’est bien cette énergie de fusion contrôlée.
Qu’on en juge :

Pas de déchets, pas d’émission de CO2, pas de risque d’emballement de la réaction, matériaux naturels nécessaires en quantité quasiment illimitée sur la terre (le lithium et le tritium dans l’eau de mer), accès sans restriction à ces matériaux pour toutes les nations…

« C’est trop beau pour être vrai : on nous cache sûrement les mauvais côtés de cette affaire ! » pensent peut être bon nombre de ceux qui liront ce commentaire…

ITER est un projet de 30 milliards d’euros qui réunit tous les grands de la Recherche sur cette planète.
Au risque de déplaire, ou d’attirer la suspicion, je voudrais ici témoigner que l’espoir soulevé par cette source d’énergie mériterait en fait beaucoup plus que les efforts pourtant importants qui lui sont déjà consacrés !

Les merveilles de la fusion nous sont promises "pour dans 50 ans" ... depuis 50 ans.
Avec un peu plus de réalisme, une telle solution n'existera, au niveau industriel, que vers 2100 ... ou jamais.

Les déchets sont en réalité plus importants que ceux des réacteurs à fission. Pas tellement à cause du combustible, mais surtout à cause des parois des réacteurs qui se détruisent par les pertes de confinement et qu'il faut changer tous les deux ans.

Entre temps, l'industrie nucléaire aura disparu, faute de combustible : Combustible nucléaire et hydrogène

La génération IV arrivera trop tard, si elle peut être industrialisée en 2040.

@ Philippe Tixier

Vous êtes soit d'un optimisme à toute épreuve soit peu renseigné sur ITER.
Que Mr Paul-Henri Rebut, tout compétent qu'il soit en physique nucléaire, se pose en défenseur du projet est logique puisqu'il en tire lui-même profit via ses activités professionnelles. Je suis curieux d'entendre ses évaluations quant aux chances de succès d'Iter, dans 50 ans...

Celles-ci paraissent, vu la grande complexité technologique de l'expérience assez minces. Et de toute façon éloignées dans le temps. Le tritium (H3) n'existe pas à l'état naturel, il faut le produire à grand frais : le réacteur de Marcoule en produit quelques kilos annuels à destination de nos bombes H...
Quant aux déchets, ils seront constitués par les parois fortement irradiées du tore : des déchets luxueux et sensibles.
Le réacteur lui-même deviendra un déchet lourd (33000 T) dont le démantèlement sera long et couteux. Si on ajoute à cela le coût initial de l'aventure Iter, on devrait pouvoir sortir de l'utopisme technophile qui sévit aujourd'hui largement chez nombre de libéraux...

En effet, ces derniers voient dans la technologie la clé magique de tous nos problèmes, la science messianique qui aura même l'amabilité de nous dispenser d'une remise en cause de notre modèle occidental de développement. Ce modèle jugé "seul valable" ou "seul qui marche" doit son "succès" aux synergies suivantes : consommation - médias - publicité - énergie "abondante"- fiscalité indirecte - activisme militaire.
On voit où cela mène le monde...
UNE VASTE ENTREPRISE DE MYSTIFICATION soignesement orchestrée et qui atteint d'autant bien son but que les masses (d'électeurs) sont anesthésiées par des médias aux mains d'industriels (de l'armement notamment) passionnés du profit et des jetons de présence...

La vigilance ne peut exister sans critique documentée. Et relativement à Iter, la critique est un devoir pour cette triple raison :
1/son coût très élevé,
2/ses faibles chances de succès
3/ses échéances lointaines

Les prix nobels de physique feu Pierre-Gilles de Gennes (1991) et Koshiba (2002) ont souligné les carences d'Iter sans pour autant être des anti nucléaires ou des ignorants... Mais il faut différencier ce qui marche (la fission) de ce qui est un rêve mal assumé (la fusion) et se rappeler la rareté d'argent public qui nous attend, ainsi que la menace climatique qui se dessine et implique des mesures forte et immédiates.

Mais bon, pendant que des scènes de démocratie sont jouées à l'Assemblée Nationale, les décisions lourdes en budget de recherche nucléaire et dépenses militaires indécentes sont approuvées sans débat... Circulez !

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