Combien valent vraiment les actions Mittal ?

De qui dépend le sort d’Arcelor ? D’une poignée d’analystes financiers. Pourquoi ? Parce que l’actionnariat est très dispersé, que les actions détenues par des particuliers sont, pour l’essentiel, gérées par des fonds (et autres Sicav) et que les responsables de ces fonds ont tendance à suivre les conseils prodigués par des analystes financiers.

Ces analystes ne baseront leur jugement ni sur les discours des gouvernements belge, espagnol, français et luxembourgeois, ni sur les promesses verbales de M. Mittal. Ils se baseront uniquement sur l’idée qu’ils se feront de la valeur réelle des actions Mittal. Le problème se pose ainsi parce que la famille Mittal ne propose pas de payer entièrement an cash les actions Arcelor. Elle veut, au contraire, procéder essentiellement par échange d’actions. Or, qui dit échange dit évaluation et qui dit évaluation incite à des manœuvres en Bourse. Il est donc vain de parler de « patriotisme » si les sous ne suivent pas.

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Commentaires

La proposition qui est faite ainsi aux actionnaires d'Arcelor est vieille comme le capitalisme financier. Elle en est même l'essence. C'est d'ailleurs la raison principale qui pousse certains gouvernements à privatiser certaines entreprises publiques très rentables.

La "tritisation" des entreprises est le moyen pour elles de fabriquer une véritable "monnaie privée" comme le font les Etats souverains, dont cela a longtemps été un privilège régalien... Ainsi pour acheter une autre entreprise, les actions possèdent "comme une devise ordinaire" un véritable pouvoir libératoire !

Le choix pour l'actionnaire privé d'Arcelor est croire ou pas dans la valeur de réserve financière que possède cette monnaie privée, en l'occurence les actions de l'entreprise familiale indienne. Le risque qu'ils prendront est financier, avec une alternative, perdre de l'argent ou gagner un peu plus d'argent. C'est tout !

Je réagis à vos posts !

Pour ceux qui n'ont pas bien saisi le "processus miraculeux" sur lequel est bâti le système financier, je ne résiste pas à rapporter ici une petite histoire que j'ai vécu personnellement et qui tent à montre qu'il est " très facile avec un peu d'entregent et d'habileté " de créer une entreprise et de s'enrichir, au moins virtuellement.

J'ai souhaité récemment utiliser un peu des mes économies personnelles pour participer à la création d'une "start up". Les fondateurs-entrepreneurs ainsi que d'autres personnes privées ont également mis un peu d'argent personnel dans l'affaire.

Nous avons ainsi constitué un capital, disons de 100 pour fixer les idées.

Statuts déposés en 15 jours, l'idée proposée par les créateurs paraissant intéressante, il a été décidé d'entrer en contacts avec des financiers spécialisés, des VC ( Venture Capital ), autrement dit des sociétés financières dont la finalité est de faire comme les actionnaires fondateurs de la start-up, un investissement en cash dans une affaire en l'échange d'un certain nombre de "titres" de la société...

Ce qui rassurent les financiers, c'est qu'il y ait des personnes qui risquent de l'argent dans l'affaire... avant eux. C'est le principe.

Comme nous avions besoin de pas mal d'argent pour une si petite structure, les VC ont demandé que les fondateurs arrivent à impliquer au préalable un autre acteur. Un dossier circonstancié basé sur une certaine "innovation" dans l'objet de l'entreprise fut déposé à l' ANVAR qui accepta d'investir à risque des "fonds publics" à hauteur de 100 ( même niveau de risque que les fondateurs ).

Nous nous retrouvions donc avec un capital disponible de 100 + 100 = 200.

Nous sommes donc revenus voir notre VC avec une demande de capital assez importante, disons 1000 ( soit 10 fois plus que notre apport personnel).

Comme cela était un peut trop fort pour son goût, notre VC a souhaité "mutualiser" son risque avec 4 autres VC en parts égales.

Nous avons donc trouvé 3 autres sociétés de Venture Capital, qui ont accepté de mettre chacune dans " l'affaire ", 250 soit chacune, 2 fois et demie nos apports personnel.

Au final, lors du versement de tous ces fonds sur le compte en banque de la jeune entreprise ( toujours virtuelle ou du moins... en papier ), nous nous sommes retrouvés, par la magie du processus financier, avec un capital disponible de départ égal à 1200.

Conclusion : avant même que l'entreprise ait réalisé quoi que ce soit et avant même qu'elle n'ait un seul "client" en perspective, mon apport initial s'est vu, de manière magique, multiplié par 6, car la valeur du titre cédé aux nouveaux investisseurs n'était plus, et pour cause, celui que nous nous étions donné au départ !

Qui dit mieux.

Comment transformer de la monnaie officielle (euros) en monnaie privée (actions).

Vive l'entreprise et vive la finance !

Qui a dit que plus rien n'était possible en France, du moins tant que l'on reste dans le seul monde financier ?

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