Souffrances au travail

091120-Travail.jpgLe malaise des gens qui travaillent dans de grandes entreprises s’est considérablement aggravé au cours des dix dernières années. Dans certains cas, le « travail sans qualité » peut être source de souffrance majeure, voire de suicide.

Dans des cas plus nombreux, la vie au travail n’est pas vécue de façon suffisamment positive, épanouissante pour qu’on y engage son énergie, sa créativité : on minimise les dégâts, on s’implique dans d’autres aspects de sa vie.  

La réflexion mérite d’être poussée sur les changements de modes de management susceptibles d’améliorer la situation dans les grandes entreprises. Cinq pistes à creuser : 

-          plus d’auto-organisation, moins d’organisation rationnelle par experts, combinaisons d’auto-organisation et d’organisation d’en haut ;

-          prise en compte des cas individuels, des catégories d’individus et de cas individuels, respect pour les personnes ;

-          prise en compte des ensembles vivants, des socio-systèmes, respect pour les ensembles vivants, entreprise organique ;

-          leaders empathiques, socioperceptifs ;

-          climat fraternel. 

Nous touchons ici une possible bifurcation décisive. Si émergent dans nos grandes entreprises anciennes des façons de manager qui entrent en synergie avec ce que deviennent les hommes et les femmes qui travaillent pour elles, elles pourront prospérer. Si non, cet échec pourrait conduire à de graves désordres.

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Commentaires

Je crois que plus que jamais les entreprises se fichent complètement des personnes qui travaillent pour elles et qu'elles sont devenues encore plus "interchangeables". Plus personne n'est embauché pour ses qualités personnelles, mais pour un diplôme, une compétence prouvée et pour remplir une fonction donnée dans un temps fixé pour le tarif le moins cher possible.

Le temps est fini où l'on donnait sa chance à quelqu'un ou même où l'on pensait à son avenir dans un recrutement (d'ailleurs l'expression "plan de carrière" n'a plus aucun sens). Maintenant la personne doit être immédiatement opérationnelle et obtenir de meilleurs résultats que son prédécesseur dès le premier mois. Si la stratégie ou l'organisation de l'entreprise change on n'hésite pas à licencier et à recruter le nouveau profil qui correspondra exactement à la fonction.

Lorsque le salarié joue le jeu, sa seule perspective est de se "vendre" ailleurs, au plus offrant une fois les bons résultats obtenus.

Dès lors la vie d'un salarié soumis à un tel régime dans une entreprise devient une lutte permanente pour obtenir et justifier des résultats pour conserver sa place. C'est sa vie qui est en jeu, il n'aura donc aucun égard pour ses subordonnés, ses collègues.

Manifestement cela réussit à ces entreprises qui - en dehors de la crise actuelle - ont l'habitude d'obtenir années après années de meilleurs résultats financiers.

Par définition tout le monde ne peut pas être le premier et la casse humaine est importante : on est habitué à voir des salariés tirer sur tout le monde aux USA (et ça fait longtemps que l'on ne parle plus des suicides). Je crains que l'on y arrive aussi chez nous bientôt. De ce côté ci comme de l'autre de l'atlantique c'est encore une externalisation des problèmes que font peser les entreprises sur la société. Et les conséquences en sont difficilement mesurables.

je crois que les 35 heures ont aggravées la pression sur le rendement et donc l'impossibilité de respirer, de souffler pour apprécier le temps - joint au très mauvais état d'esprit du travail dans l'indifférence allant jusqu'à la haine du patron

il faut retrouver le fameux "siffler en travaillant"

Je vois la position de Mr. Vulpian que l'on connait bien puisqu'elle reprend plus ou moins les idées communes véhiculées par la presse et les milieux politiques et syndicaux, c'est à dire par tous ceux qui n'ont pas exercé de responsabilités à quelque niveau de l'entreprise.
Pour ma part,je crois qu'il est un peu facile de penser que c'est le "système capitaliste" qui est à l'origine de tous ces maux . Cela me rappelle Rousseau qui voyait dans la "société" l'origine du mal.
En fait, j'attends que les sociologues sérieux se penchent sur la pensée et le comportement des personnes qui aujourd'hui exercent des postes de responsabilité du personnel au sein des organisations privées ou publiques.
Qui sont ces personnes ? Quelles sont leurs valeurs morales de référence ? Qui sont leurs modéles et leur éthique personnelle vis-à-vis de "l'autre" ?
Pour cela une analyse de leurs convictions profondes en référence à leur éducation et à leur conception de la vie et de ce à quoi ils aspirent dans ce monde est indispensable.
Il serait interressant aussi de pouvoir établir une comparaison avec la génération de dirigeants qui les ont précédés.
Voila une étude allant au fond qui apporterait les fondements d'une juste remise en cause, plutôt que de répéter que c'est la faute du système ...

Un responsable, à quelque niveau qu'il se trouve, est -entre autres- quelqu'un qui répercute à l'intérieur de son groupe, et de façon aussi cohérente que possible, les contraintes incohérentes qui arrivent de l'extérieur.
Dans cette optique, et tant que les "prix de marché" subiront cette pression constante, les responsables la répercuteront sur toutes les variables d'ajustement dont ils disposent, au premier rang desquelles figure la masse salariale.
Le problème des conditions de travail n'est donc essentiellemnt que celui du chômage.
Or, il existe une redoutable "fourchette" qui étrangle les sociétés avancées, en gros les pays occidentaux à haut salaire, et que je ne vois pas assez mise en évidence:

Si l'on veut vraiment faire baisser le chômage, il me semble indispensable -en théorie- de faire accepter à la population une baisse de salaire générale. Seule cette baisse permettra, compte tenu des "prix de marché" mondiaux, de réintroduire une part de main-d'oeuvre dans les produits vendus par l'entreprise France (ou l'entreprise Europe).

Seulement, et à supposer que l'on réussisse à faire accepter cette baisse de revenus aux plus riches (malgré leurs moyens de pression) comme aux plus pauvres (qui ont le sentiment, souvent justifié, de ne déjà pas s'en sortir), c'est tous les équilibres financiers de la société qui s'effondrent. Je me suis amusé il y a une vingtaine d'année à cumuler, sur mon salaire complet (c.a.d. y compris les cotisations patronales) tous les prélévemeents : cotisations sociales, impôts directs (revenu, impôts locaux, etc) et impôts indirets (TVA). Le total faisait, de mémoire, 65%. Il n' pas dû beaucoup bouger. Si l'on songe à la part de l'"argent disponible" restant qui sert à acheter des biens produits en France, avec une part salariale sur laquelle le même prélévement s'appliquera, la série converge, toujours de mémoire, vers 72%, chiffre approximatif compte tenu des hypothèses et approximations commises.

Conclusion :

- le chômage ne baissera pas si l'on ne baisse pas les salaires

- mais outre que c'est politiquement très difficile à vendre, cette baisse des salaires mène l'état droit à la banqueroute.

Ajoutons que d'après mes informations, il y a une école d'économistes qui surveille le taux de chômage comme le lait sur le feu... afin qu'il ne baisse pas trop. En effet, il est considéré (probablement non sans raison , il faut bien l'avouer) qu'en deçà d'un certain taux de chômage appelé "point NAIRU" (http://en.wikipedia.org/wiki/NAIRU)l'infaltion repart.

Alors, la responsabilité du chef d'établissement ou d'entreprise (ce que je n'étais pas) est à mes yeux guère supérieure à celle de l'adjudant qui, en 14, envoyait ses gars se faire hacher menu par les mitrailleuses.

Tant que l'on aura pas donné (ou pu donner) aux généraux de nouveaux ordres, l'amélioration des conditions de combat (pardon : de travail) des bidasses que sont les salariés, cadres inclus, ne sera améliorée qu'à la marge.

Ce débat renvoit à celui sur les points-clé.

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