Des chiffres et des actes

090605-Violence.jpgUne note d’information publiée sur le site du Ministère de l’éducation nationale commente les statistiques recueillies par la SIVIS (Système d’Information et de Vigilance sur la Sécurité Scolaire) dans les établissements publics du secondaire en 2007/2008 :

http://www.education.gouv.fr/cid23292/les-actes-de-violence-recenses-par-sivis-dans-les-etablissements-publics-du-second-degre-en-2007-2008.html   

Selon la note d’information, pendant l’année scolaire 2007/2008 : 

-                  11,6 incidents graves pour 1000 élèves auraient été signalés ;

-                  36% de ces incidents constituent des agressions physiques ;

-                  Un acte de violence physique sur 10 a été utilisé en utilisant une arme exclusivement « blanche » ou un objet utilisé comme une arme. 

Il résulte des chiffres donnés par la SIVIS que 0,43/1000 incidents graves auraient été commis en utilisant une arme exclusivement « blanche » ou un objet utilisé comme une arme. 

Par ailleurs, il semble exister une véritable convergence des chercheurs sur la conclusion suivante : les mesures de détection mises en œuvre dans certains pays, loin de favoriser une baisse de la violence scolaire, produiraient un effet inverse : 

« Les effets pervers en sont bien connus : ressentiment croissant des élèves par sentiment de mépris, surtout quand cela se double d’opérations comme la fouille des cartables, et du coup augmentation de la violence anti-institutionnelle » (Entretien avec ERIC DEBARBIEUX, cahiers pédagogiques 26 mai 2009)  :

http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=4517 

Les actes de violence avec armes ou éléments utilisés comme des armes (il faut garder les 2) représentent moins d’un demi pour 1000 des actes de violence ; la violence de l’école, indiscutable, n’est PAS la violence armée. 

Les mesures de fouilles passent donc à côté du problème de la violence à l’école, en aggravant potentiellement la situation.  

Sous couvert hypocrite de « sanctuariser » l’école, on passe à côté du problème de la violence à l’école, mais surtout, on sacrifie, sur l’autel d’une sécurité nullement restaurée,  la qualité du lien des 4,5 millions d’élèves avec l’institution.

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Commentaires

"hypocrite", dans la dernière phrase, est de trop. Mais, si on accepte la critique des mesures actuellement proposées, la seule réponse possible réside dans le retour à l'éducation telle qu'elle était conçue il n'y a pas si longtemps, notamment dans les classes primaires, en oubliant le"pédagogisme" aux effets catastrophiques tant dans l'instruction que dans l'éducation, et, bien sûr, en engageant la responsabilité des parents.

- il est sûr que les élèves ne viennent pas avec des kalachnikov à l'école.
- les actes de violence, d'une part et le climat de violence, d'autre part sont à étudier de manière spécifique
- les chercheurs peuvent avoir les mêmes biais dans leurs approches et les méthodologies utilisées, dans différents pays
-la qualité réelle du lien enseignants-enseignés est aujourd'hui très difficile à évaluer

Au lieu de fouiller les enfants, il serait déjà plus judicieux qu'ils apprennent à lire et à écrire et fassent plus de sport avec des horaires adaptés à notre monde actuel.

Alors que ce sont quelques individus connus qui sont à l'origine des violences dans un établissement, il suffirait de les punir ou de les exclure ou comme à une époque de les placer dans un établissement pour jeunes difficiles pour éradiquer le mal.

Mais nous vivons dans la société du consensus mou et c'est simplement notre laxisme qui nous détruit...

Comment qualifier le fait que lorsque Monsieur Bayrou donne une petite gifle, une simple "calotte" à un enfant qui profite d'un mouvement de foule pour tenter de lui "faire les poches" tous les beaux esprits s'insurgent et parlent de comportement tyrannique ?

En fait, il n'y a plus d'enfants car il n'y a plus de parents. C'est bien ça la vérité !!!

Emportés par l'atmosphère ambiante de laisser-faire et de laisser-aller, la plupart des parents ont renoncé à leur rôle et leur mission d'éducation.

Ils les ont simplement externalisés sur l'Education Nationale. C'est ce qu'en termes de "Management" on appelle, une délégation-abandon ...

GM

Merci. Cette analyse rejoint le bon sens des familles qui tablent sur la responsabilisation et le dialogue avec leurs enfants.

L'installation de portiques ou la pratiques de fouilles, nécessairement aléatoires, constituent en effet de mauvaises réponses car, sous couvert d'une approche technicienne ( c'est leur dimension "hypocrite" à laquelle je souscris) du problème, elle le banalise et nous accoutumerait à l'inacceptable. A quand les cellules psychologiques installées à demeure dans les écoles?

Plusieurs constats me viennent à l'esprit :

1. Les parents ont délégué l'éducation de leur progéniture à l'éducation nationale, confondant enseignement et éducation. Ce n'est pas acceptable, mais c'est un constat.
2. Les enseignants n'ont pas à jouer aux baby-sitters et devraient se (re)consacrer à leur métier de base, mais compte-tenu du point 1, ils doivent désormais ajouter à leurs compétences les capacités d'éducateurs et de psychologues.
3. Les élèves "profitent" de la situation, en multipliant les attaques frontales ou indirectes vis-à-vis de leurs pairs, et des enseignants, qui se sentent de plus en plus vulnérables. Ces "mauvais" élèves, en revanche, savent qu'ils sont protégés et peuvent agir en toute impunité.
4. La structure sociale actuelle (éclatement familial, impact des média etc.) amplifie le phénomène en transformant certains jeunes pourtant scolarisés et ayant un foyer en "jeunes de la rue". Ceux-ci adoptent en effet un comportement que l'on retrouve parmi les classes très défavorisées où seuls les Caids peuvent survivre ou se faire une réputation par la violence.
5. Les parents d'élèves et familles de ces derniers sont souvent désintéressés par ces soucis, voire craignent leur progéniture violente et ne réagissent pas de manière positive, allant jusqu'à soutenir ces actions négatives, ou se plaindre (...et porter plainte) de l'enseignant qui encaisse les coups.
6. Les réactions des média et les actions politiques sont également indadaptées à la situation, voire néfastes : un viol collectif de gamine (tournante) est fortment médiatisé (ce qui en renforce l'attrait pour leurs auteurs qui se sentent valorisés, et la fouille dans les écoles ne fait que conforter les esprits malveillants...
7. En fouillant ainsi (en Suisse c'est également le cas dans certains lieux) le terrain de violence des "enfants indisciplinés" ne fait que se déplacer en dehors de l'école, ce qui permet juste de déresponsabiliser leurs responsables. On ferme ainsi les yeux sur le problème plutôt que de le résoudre. Selon cette même logique, après les écoles, il faudrait également fouiller dans la rue, puis étendre aux foyers...
8. Le dernier point qui me semble le plus crucial est celui de la déresponsabilisation des mineurs. Je suis toujours dans l'incompréhension du phénomène "c'est un mineur, il ne peut pas avoir tort...", ou bien encore "il ne faut pas punir les enfants". Tout adulte ayant un mot fort avec son enfant devient un pervers tyrannique, voire un pédophile potentiel... Autrefois, certes, les enfants subissaient châtiments corporels et punitions absolument intolérables et dont la fin était nécessaire, mais de là à ce que l'enfant soit roi en tout temps, il y a des limites.

Sur tous ces points, un juste retour du balancier vers le centre serait souhaitable, non seulement pour les adultes mais également les enfants, qui ont tous perdu leurs repères. Cela permettrait de constituer d'ici une à deux génération une société plus saine que celle dans laquelle nous sommes.

A travers ma petite expérience, j'ai conclu que le problème est bien plutôt le reflet des comportements de notre société qui hésite entre les tenants de l'éducation ouverte avec des enfants libres et responsables et ceux de l'école fermée avec des enfants protégés mais peut-être moins responsables. Les professeurs comme les parents appartiennent à ces deux courants irréconciliables et le débat n'étant pas tranché, l'éducation nationale jongle dans son organisation et nos enfants sont souvent dans la rue dés la 5ème. Je pense que ce ne sont pas là les conditions d'un bon apprentissage et ce désordre induit également le malaise des enseignants et les multiples dépressions. Notre société ne veut pas voir ses contradictions car il y a toujours des gens qui ont intérêt au pouvoir relatif que leur donne la gestion d'un certain désordre.

il ne s'agit pas de 0,43/1000 incidents graves mais de 0,43 POUR MILLE ELEVES CE QUI N EST PAS LA MEME CHOSE
serge fradkoff

Quelques remarques concernant les commentaires suscités par mon petit billet :

1- liminiarement mea culpa, l'objection de SERGE FRADKOFF est juste: le chiffre des violences "armées" est de 0,43 pour mille élèves en un an.
2- le chiffre me parait toujours aussi peu significatif, d'autant qu'il s'agit d'agressions commises avec une arme ou un objet utilisé comme une arme; impossible sur le site du Ministère de savoir si en réalité des agressions avec une arme blanche ont véritablement été commises. Mais la précision donnée ("ou un objet utilisé comme une arme") laisse penser qu'il s'agit de détournement d'objets scolaires (compas? Règles? Equerres?), en sorte que la fouille des cartables serait en toute hypothèse non pertinente.
3- le mot "démagogique" est peut être plus approprié qu'"hypocrite" : le point de départ de mon propose était d'essayer de connaitre la réalité de la situation de violence à l'école. Constatant que la violence "armée" ne constitue pas le problème, l'annonce tonitruante d'une mesure non seulement inefficace mais probablement nuisible m'a paru à tout le moins démagogique.
4- Enfin, concernant les propositions en direction d'une "responsabilisation des familles" ou d'un retour à une conception antérieure de la pédagogie faisant table rase du pédagogisme, les travaux sous la direction du très regretté JACQUES LEVINE, apportent un éclairage humaniste et non simpliste très précieux. Voir par exemple "Je est un autre. Pour un dialogue pédagogie-psychanalyse" Jacques Lévine, Jeanne Moll, ESF éditeur, 2000, ou encore "L'enfant philosophe, avenir de l'humanité ? - Ateliers AGSAS de réflexion sur la condition humaine (ARCH)"

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