Quand l’admiration s’en va …

070406-DrapeauUS.jpgLes Etats-Unis ont assis leur puissance en jouant sur deux registres : ils étaient à la fois forts et admirés. Aujourd’hui, la force subsiste mais l’admiration s’en va. Faute de modèle à admirer ailleurs, le monde se trouve déboussolé.

La science tourne encore à l’heure américaine mais, dans les autres domaines, adieu le soft power ! L’unilatéralisme a fait tellement de ravages à l’international que « l’Oncle Sam » a acquis la réputation d’être sourd, aveugle, quasiment autiste, incapable de comprendre et d’apprécier les ressorts et les motivations de ceux qui ont été nourris par d’autres cultures.

Même les pays amis de l’Amérique se mettent à critiquer ce que jusqu’alors ils se plaisaient à copier. La gouvernance des entreprises ne fait pas exception et le code moral, qui aux Etats-Unis régit les marchés financiers (Sarbanes – Oxley Act, etc.), semble plus lourd que nécessaire et moins efficace que prévu. Les conséquences sont lourdes : en 2000, 50% des introductions en bourse se faisaient en Amérique. Le chiffre est aujourd’hui de l’ordre de 5%.

Il n’y a pas de quoi se réjouir. Le monde a besoin de règles. Pour l’instant, aucune institution n’est à même d’en édicter. Quant à l’Europe, qui devrait être un phare, elle semble, aujourd’hui, en veilleuse.

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Commentaires

Le déclin du prestige américain devrait nous faire réfléchir sur la question de la puissance qui pollue gravement les politiques étrangères notamment celle de la France.
Les USA ont le premier budget militaire du monde (environ 500 Mds de $ annuels) soit 10X plus que la FRANCE, la GB, le Japon et l'Allemagne qui sont à environ 40 milliards d'€uros.
Tout çà pour çà !
La volonté de faire valoir sa force est malsaine et improductive, l'exemple américain dans ces "guerres" actuelle est éloquent.
Pourquoi la France continue-t-elle d'entretenir une force de frappe nucléaire à l'usage délicat, au coût exhorbitant et à l'utilité faible en terme de prestige et d'influence.
Qu'on m'explique le bien fondé des dépenses militaires.
Qu'on réfléchisse au bon usage de la puissance financière que détient l'UE dont la France, pour bâtir un monde apaisé, qui réduit les tensions et cherche le dialogue plutôt que le rapport de force. (C'est mauvais, encore une fois les USA le prouvent tous les jours en Irak)
Mrs Chirac et De Villepin ont bien fait de nous épargner cette foutue guerre mais pourquoi Chirac s'obstine-t-il à parader avec sa force de frappe nucléaire allant jusqu'à qualifier de "naïfs" ceux qui voudraient aller vers son abandon ? Mystère.
Vaut-il mieux être un salaud qu'un rêveur ?

Tout, me semble-t-il, est une question de mesure. Ce n'est, certes, pas la peine d'avoir une immense puissance militaire si, comme Bush, on l'utilise à mauvais escient.

Mais être totalement dépourvu de puissance militaire peut se révéler dangereux dans le monde tel qu'il est. Sur ce dernier point, il convient, me semble-t-il, de distinguer deux aspects. Le nucléaire n’est pas fait pour être utilisé mais pour dissuader. Toute la question est de savoir quel est le seuil minimum mais suffisant pour assurer la dissuasion. Le deuxième aspect est, du moins en ce qui concerne l’Europe, l’obligation d’avoir des forces suffisantes pour assurer, dans certaines circonstances, la projection de la paix.

Le « soft power » européen implique évidemment la renonciation à toute idée agressive. Mais le maintien de la paix exige parfois de l’action. C’est en ce sens que j’emploie l’expression « projection de la paix ».

Au total, quelles seraient, en terme de chiffrage, les dépenses nécessaires à une dissuasion minimale et à un renforcement des capacités opérationnelles à longue distance. Je le sais d’autant moins que le calcul devrait être fait en tenant compte des complémentarité entre pays d’europe. Tout ce que je sais est qu’il devra subsister, de toute façon, un budget militaire (malheureusement) conséquent.

Pourquoi y avait-il la moindre admiration d'ailleurs ? Nous savons aujourd'hui que la puissance américaine a été acquise au moyen de dictatures imposées dans les pays trop proches du communisme, ou de n'importe quoi ne ressemblant pas au libéralisme.

La France, et l'Europe, ne devraient pas chercher la Puissance.

Déjà parce qu'à cause du poids que leur ont conféré l'Histoire, elles ont déjà beaucoup de responsabilités dans "la bonne marche" des relations internationales et que plus de Puissance, c'est plus de responsabilités, ce que les citoyens ne veulent pas forcément.

Ensuite, parce qu'à cause des changements économiques accentués par la mondialisation libérale, la Puissance, c'est aussi le risque de contribuer à des inégalités porteuses de communautarismes et de terrotisme.

@ Marc Ulmann & Mariam

Beaucoup de bon sens dans les remarques sur cette question.
Je constate néanmoins que, relativement aux dépenses militaires, la précision des dépenses fait pièce au flou des arguments qui sont censé les justifier.
On est prêt à débattre longuement sur des détails (toute proportion gardée) mais sur l'opportunité du budget militaire, 40 Mds € (le 2 ème depuis environ 10 ans, le 1er avant) là, motus.
S'il faut l'épée de Damoclès de l'enfer nucléaire pour dissuader les chefs d'états de s'agresser mutuellement, c'est qu'ils sont gravement malades.
Partout, l'expression de la puissance militaire engendre des crispations, des frustrations et favorise le terrorisme.
La démocratie voudrait que soient consultés, par referendum, les citoyens sur des choix essentiels comme le rôle du pays sur la scène internationale, les moyens impliqués et les renoncements induits en terme budgétaire (le déficit stop, il nous coûte déjà 40 Mds€ par an).

Que ces questions soient mises à jour :

1. Quelle est le "bon niveau" d'une dissuasion nucléaire, ou combien de millions d'humains faut-il brûler pour dissuader un pays "d'attaquer" ?

2. Le Japon et l'Allemagne qui n'ont jamais eu de dissuasion nucléaire ont-ils été attaqués depuis la 2è GM ? Ou seulement menacés d'être envahis ?

3. Tous les pays non nucléaires sont-ils méprisables, méprisés au plan mondial ?

4. Nous envient-ils notre "dissuasion" ?,

5. La guerre froide, basée sur la dissuasion, a-t-elle contribué de façon positive à la paix du monde ?

6. Par delà la dissuasion, les multiples interventions militaires sur des théatres extérieurs ont-ils "réglé" véritablement les chaos et conflits ?

7. Le commerce mondial d'armes doit-il être validé comme tout autre business ?

8. Les pays des droits de l'homme peuvent-ils y prendre une quelconque part ? Quid de l'exemplarité ?

En revanche le "soft power" européen devrait :

1/ s'articuler autour d'actions économiques de paix et de prospérité accrue pour tous les peuples. Il leur faut peu pour commencer : l'eau, des toits, des pistes praticables, de l'éducation, des équipements agricoles légers, et bien sûr, la paix,

2/ refuser totalement la corruption et rompre tout lien avec les dictateurs sans scrupules,

3/ renoncer au commerce d'armements, et reconvertir ces industries vers le co-développement,

4/ boycotter tous trafics effectués au mépris des droits humains,

5/ favoriser massivement le commerce équitable dans tous les secteurs.

Aller vers le "moins militaire" ne signifie pas vers le "rien". Mais aller vers le mieux passe par les 5 types d'actions mentionnées plus haut, et ce devrait être là le nouveau rayonnement de l'UE, dont la France, un soft power générateur de paix et d'humanisme.

A Mariam
Ce que vous dites est vrai mais me semble partiel. Si l’Amérique est admirée, ce n’est pas pour son comportement dans le « tiers monde » mais en raison de sa démocratie interne. Connaissez-vous d’autres pays où la Constitution ait été respectée depuis plus de deux siècles ?

A Thierry LEITZ
Quand vous dites que l’arme nucléaire est une boîte de Pandore, vous avez bien raison. Mais ce mauvais génie est sorti de la bouteille en 1945 et il est bien difficile de l’y faire rentrer. En fait, je me demande si l’humanité n’a pas signé son arrêt de mort pas la non mise en œuvre du « plan Baruch » qui a été discuté à l’ONU en 46 et, je crois, 47. A l’époque, les Américains disposaient, en tout et pour tout, de deux ou trois bombes et les Russes n’en avaient pas encore. Le plan américain prévoyait la destruction des quelques bombes US en échange d’une mise sous contrôle de toutes les installations qui, dans le monde, pourraient produire du nucléaire. J’ai bien regardé ce dossier et suis arrivé à la conclusion que les Américains qui avaient démobilisé rapidement leurs forces classiques, n’étaient pas tous vraiment désireux d’abandonner leur monopole nucléaire. Ils ont donc chargé la barque en donnant une définition extensive de la notion de contrôle. Staline, de son côté, n’avait aucune envie d’ouvrir la l’URSS et donnait, lui, une définition abusivement réductrice de la notion de contrôle. Maintenant que faire ? Croyez-vous vraiment que tous les arsenaux puissent être détruits et un contrôle sans faille assuré partout dans le monde ? Dans le cas contraire, comment persuader les uns de renoncer si les autres refusent de jouer le jeu ? Je crains fort que la « dissémination » ait de beaux jours devant elle. Je crains aussi que si la France et l’Angleterre étaient seuls à donner « l’exemple », cela ne serve pas à grand-chose.

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