L’Europe surmontera son indigestion

L’Europe, paraît-il, est malade : elle n’a pas digéré « l’élargissement » faute d’avoir procédé à temps à son « approfondissement ». Certes, c’eut été idéal mais y a-t-il vraiment de quoi dramatiser ? Les nouveaux pays membres jouent le jeu. Même en Pologne, le gouvernement nationalo-populiste des jumeaux Kaczynski ne peut pas aller loin dans ses rodomontades puisque plus de 80 % de la population se déclare heureuse de faire partie de l’Union.

Quoi qu’on dise, l’Europe reste une formidable machine à favoriser l’homogénéisation tout en tolérant les différences. Son arme secrète est juridique. Avant d’adhérer, chaque aspirant pays membre doit ajuster sa législation et absorber près de 100.000 pages de textes communautaires. Un ordre international inédit se construit. Il est encore permis de s’en réjouir même si les « non » au référendum sur le traité constitutionnel font perdre du temps à l’« approfondissement ».

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Commentaires

cher Marc

Je partage résolument votre optimisme sur l'Europe. Mais je ne peux pas m'empêcher d'être soucieux sur la fragilité de cette Europe qui piétine devant les difficultés de l'approfondissement, et notamment devant le Traité constitutionnel.

Cette fragilité est nourrie par les préjugés "eurosceptiques" qui fleurissent un peu partout en Europe, et par certains leaders politiques qui exploitent ces préjugés.

Par exemple, le regain actuel de suspicion envers l'Euro, dont il est facile de faire croire qu'il serait responsable de nos maux nationaux.

De même pour un nombre significatif d'électeurs français, la fermeture de nos frontières serait la panacée pour réduire le chômage. Le pseudo argument économique rejoint dans l'inconscient la pulsion xénophobe et raciste.

Oui, nous devons être "vigilants". Mais comment tordre le cou aux phantasmes faciles qui font recette en politique ?
L'abandon de souveraineté au profit des institutions européennes (qui restent à construire) est je crois l'obstacle psychologique principal pour l'opinion publique française.
Quand Ségolène Royal prône "l'Europe par la preuve", n'est-on pas dans la "pétition de principe" ? En clair, pour que l'opinion publique française reconnaisse les vertus de "l'abandon de souveraineté", il faudrait que le fonctionnement actuel avec la (calamiteuse) règle de l'unanimité démontre que l'abandon de souveraineté a fait ses preuves !
Nicolas Sarkozy, comme Chirac, estime que l'entrée de la Turquie dans l'Europe doit être soumise à un référendum en France. On peut être tranquille sur le résultat...

Pour moi, la carure d'un homme (ou d'une femme) d'Etat se mesure à sa capacité à faire passer via les institutions des mesures salutaires qui ne passeraient jamais par un référendum. A t-on encore de tels profils en France ?

Après la seconde guerre mondiale, et jusque dans les années 80, nous avons eu de tels profils en France, en Allemagne, en Europe. L'Europe s'est faite grâce à eux. J'ai beau écarquiller les yeux : je ne vois plus de personnalité de ce calibre en Europe aujourd'hui...

Je reste quand même optimiste, mais je ne sais pas pourquoi..."Hope is not a plan", m'avait enseigné un de mes premiers patrons professionnels...Qui peut m'éclairer ?

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