Géopolitique

Irak : quelle démocratie ?

Des élections, dans un pays où le respect des minorités n’est pas ancré dans les mœurs, peuvent faire plus de mal que de bien. Tel ne semble pas être le cas pour les récentes élections législatives irakiennes. Un certain nombre de signaux permettent d’être raisonnablement optimiste. Ainsi, en dépit de la lassitude de la population face au manque de services publics et aux difficultés de la vie quotidienne (38 morts le jour du scrutin), 62% des irakiens se sont déplacés pour aller voter. Les sunnites se sont mobilisés et sont de retour dans le jeu politique, ce qui marginalisera leur frange

Talibans : Hezbollah sinon rien

Parallèlement à une offensive militaire, le Président afghan et le commandement américain affirment de concert que le moment est venu de négocier avec les talibans. Comment ? Sous quelle forme ? Avec qui ? La confusion est totale. Certains voudraient d’abord affaiblir l’adversaire en favorisant le retour à la vie civile de rebelles égarés dans des zones non pachtounes. D’autres rêvent de « talibans modérés » qui (moyennant finance ?) accepteraient d’entrer au gouvernement. Mais quid des « vrais » talibans qui, après d’éventuelles négociations, veulent le vrai pouvoir ? Ils ne rendront pas les

Congo : coupable indifférence

Si une personnalité est renversée par une voiture ou brusquement terrassée par une défaillance cardiaque c’est une « info » dont les médias s’emparent. Si cette même personnalité souffre de ce que l’on appelle pudiquement une « longue maladie », un silence durable s’installe et conduit à l’oubli. Il en va de même pour les grandes catastrophes. Un tremblement de terre à Haïti (environ 200.000 morts) éveille, à juste titre, la conscience universelle. En revanche, le lent génocide dont sont victimes des populations congolaises (environ 6 millions de morts) passe presque inaperçu. Un journaliste

Iran : ultime contradiction

L’Islam pur et dur est-il compatible avec la modernité ? Khomeiny a répondu « oui » et, depuis trente ans, la « République Islamique d’Iran » s’efforce de relever le défi. Ses adeptes ne trouvent donc pas contradictoire qu’une « pudeur », pointilleuse et réglementée soit imposée aux femmes mais que celles-ci aient librement accès à l’éducation. Aujourd’hui, l’Iran compte moins de 15 % d’illettrés et, à l’Université, les filles sont plus nombreuses que les garçons. Parallèlement, le taux de fécondité qui était supérieur à 4 enfants par femme en 1990, se stabilise maintenant autour de 2. Dans

Malraux prophète

Un membre du Club, Serge Fradkoff, remet en mémoire un texte d’André Malraux qu’Elisabeth de Miribel a transcrit par sténo le 3 juin 1956. Vieux de plus d’un demi-siècle, ce texte apparaît prophétique. Avant tout commentaire, il convient de le lire. « C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l’origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir

Bagarre multipolaire

Les Occidentaux ne sont plus seuls au monde et la multipolarité est encore loin d’être apaisée. Votre lettre mensuelle, Vigilances 79, que je viens de lire, rend compte de la diversité des mutations en cours et éclaire la bagarre multipolaire qui en résulte. Au lieu d’être nostalgique, elle est roborative. Et donc utile. Hubert Védrine (ancien ministre des Affaires étrangères et fondateur de Hubert Védrine Conseil) a animé le 11 mars 2008 un petit déjeuner débat du Club sur le thème « Géopolitique et volonté : ou comment tirer parti des transformations en cours. Comment agir plutôt que subir »

Gouverner la Chine

Gouverner la Chine est, depuis cinq mille ans, une mission impossible. L’histoire du pays est marquée par une succession de guerres civiles et de coups d’Etat renversant la dynastie qui a perdu le «mandat du ciel»,   sur fond de catastrophes naturelles et de famines meurtrières. Le gouvernement central, de tous temps, a rencontré les pires difficultés à faire exécuter ses ordres. «L’Empereur est loin et les montagnes sont hautes» a-t-on coutume de dire dans le sud et l’administration, parfois incompétente, parfois corrompue, n’a pas su constituer le ciment qui aurait pu faire tenir le tout.  

Obama, maître des horloges ?

Obama aime prendre son temps, écouter tous les points de vue, mûrir ses décisions. Comment réagirait-il en cas de crise internationale aigue ? Les avis divergent et cette divergence même est en soi inquiétante. Des ennemis potentiels pourraient faire une erreur de calcul, franchir à mauvais escient une ligne jaune mal définie et déclencher ainsi des catastrophes en chaîne.   Conscient de ce danger et sensible aux critiques des adversaires politiques qui l’accusent de mollesse , Obama a surréagi à l’attentat manqué le jour de Noël dans un avion de la North West Airline. « Nous sommes en guerre 

La Chine à Copenhague

L’attitude de la Chine lors du sommet de Copenhague a été très révélatrice de sa conception du système mondial et de la place qu’elle entend y occuper. Plusieurs leçons, parmi d’autres, peuvent en être retenues. Ce sommet a été le point d’orgue d’une année 2009 marquée par une montée en puissance de la Chine sur le plan stratégique (G20 de Londres, mise en cause du dollar comme devise internationale, représentation au FMI, etc.) et non plus seulement sur le plan économique. En conséquence l’aval de la Chine devient incontournable pour le règlement des grands dossiers internationaux. Cela ne

Obama dans la nasse

Acte I : G.W. Bush fait un rêve : «  Si, dit-il, les Etats-Unis renversent Saddam Hussein , ils pourront faire de l’Irak à la fois un allié de l’Amérique et la superpuissance du monde Arabe. Les troupes américaines étant proches, le peuple iranien s’enhardira au point de se soulever contre les mollahs. Et, dès lors que l’Iran et l’Irak auront des régimes modérés, représentatifs et pro-occidentaux, la pression sera forte pour que l’Arabie et autres pays arabes se modernisent et se libéralisent » . Pour que ce conte de fée devienne réalité, il affirme qu’il est urgent de détruire les « Armes de