Syrie : les peurs et les haines

Assad ne recule devant aucune atrocité, c’est certain. Ses opposants feraient-ils preuve de mansuétude à l’égard des minorités religieuses ou ethniques ? Ce n’est pas sûr.

Les Alaouites, qui ont confisqué l’essentiel des pouvoirs et comptent pour environ 10% de la population, sont presque unanimes à craindre des massacres en cas de chute du régime.

Les chrétiens, les Druzes, les Kurdes ne l’avouent pas sans honte mais préfèrent « le diable qu’ils connaissent déjà » aux probables méfaits d’une majorité de plus en plus conquise par le wahhabisme, cette version saoudienne d’un Islam combattant.

Il y a, certes, parmi les opposants, des démocrates sincères. Peut-être même ont-ils été les premiers à oser protester. Malheureusement, le couple infernal du fanatisme et de la répression les ont rapidement laminés. Aux yeux des tenants de la charria, ils ne sont plus, désormais, que des « idiots utiles ».

Pauvre Syrie ! Le régime n’est pas fini mais les haines pervertiront l’avenir.

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Commentaires

L'engrenage de la violence en Syrie a ouvert des blessures qui seront impossibles à fermer avant très longtemps.
Il risque d'en être de même dans tous les pays arabes qui sont, sous couvert de mots truqués, des dictatures. Quelle est la différence essentielle entre une vraie démocratie et une fausse démocratie ?
c'est simple: dans une vraie démocratie, le pouvoir en place peut être destitué par des élections libres. Ce système qui a fait ses preuves depuis plus de deux siècles existe aujourd'hui dans moins d'un pays sur deux. Ce système, on le sait, a des inconvénients. Rappelons le mot de Churchill (un vrai démocrate): "la démocratie est un bien mauvais système, mais c'est encore le moins mauvais". Si l'Occident propage nombre de valeurs culturelles et idéologiques discutables, il propage depuis 1945 la véritable valeur "Démocratie". Dans beaucoup de pays, en particulier dans les pays arabes, les élites n'ont pas intégré les bienfaits de la démocratie. Pourquoi ? Parce que ces élites sont, peu ou prou, au pouvoir et parce qu'elles y ont acquis des avantages qu'elles redoutent de perdre dans l'avènement de la démocratie.

Tous les régimes qui empêchent d'une façon ou d'une autre, la tenue d'élections libres ne sont pas des démocraties. Avec Internet, la diffusion instantanée et partout des nouvelles et des idées, tous les régimes antidémocratiques sont voués à tomber. Ce sera plus ou moins violent selon l'entêtement des dictateurs et leurs soutiens à garder le pouvoir. Wahabites, Alaouites, Baasistes, Armée Egytienne, votre sort est scellé, ça n'est qu'une question de temps et de niveau de violence.

La Lybie est maintenant la proie des rivalités de tribus ? Oui...
La Syrie est entrée en guerre civile...oui. En 1776, les Etats Unis ont bataillé six ans pour leur indépendance. En 1789, la révolution française a mis cinq ans pour trouver l'équilibre démocratique.

Aujourd'hui, tout (très) bien réfléchi, je préfère être né français que syrien. Mais comment pourrais je aider les syriens ? Hélas je crois que c'est impossible.

Non, cher Philippe, la démocratie ne se réduit pas à des élections libres. Si la majorité n'est pas prête à respecter les minorités, les élections font plus de mal que de bien.

La démocratie c'est d'abord la tolérance, ensuite les élections.

On a déjà vu ce qui s'est passé en Libye, en Egypte, en Irak...
Je pense que tant qu'on ne "tord pas le bras" au régime wahabite d'Arabie Saoudite, notre meilleur allié n'est-ce pas ? Ou plutôt celui de l'Amérique qui, elle, s'en fiche, elle est loin, qui finance et répand cette vision mortifère, on n'est pas sortis de l'auberge !

Cordialement

Cette description représente une part de la vérité, en mettant l’accent sur les peurs des minorités religieuses du fondamentalisme religieux. Celui-ci a pris très vite le dessus sur le caractère moderniste et laïc qui a été à l’origine du mouvement de contestation. Des slogans du genre : « Les Chrétiens à Beyrouth et les Alaouites au tombeau » sont apparus.

Mais ce ne sont pas seulement les minorités qui soutiennent le régime. Nous trouvons aussi un grand nombre de modernistes qui ne veulent pas être les dindons de la farce. Les grandes villes, Damas et Alep (environ la moitié de la population), n’ont pas rejoint la révolte et pourtant elles sont majoritairement sunnites. Ce n’est pas l’appartenance confessionnelle qui détermine l’attitude de ces villes mais le fait qu’elles soient habitées par les segments les plus modernistes de la population. Ce ne sont que des villes relativement « ruralisées », qui desservent un environnement rural , et plutôt traditionnel, qui se sont « révoltées » -Homs, Hama, Dera’a, Edleb.

Dire que le régime Assad ne repose que sur une minorité est une simplification. Certes les Alaouites y jouent un rôle important, mais les Sunnites y sont fortement présents. Dans le gouvernement actuel deux portefeuilles ministériels sont Alaouites. Les Sunnites sont majoritaires et y occupent des postes clefs. Le Ministère des Affaires Étrangères est tenu par un Sunnite, le fameux Walid Al Moa’allem, , et l’on n’a pas vu une seule dissidence parmi le corps diplomatique. Il en va de même pour l’armée.

Les « autonomes » en avance socio-culturelle sur la modernité, qui ont commencé le mouvement, se sont rétractés dès les premiers mois, sous deux effets : la menace fondamentaliste, et le fait que Assad a offert des réformes réelles , desserrant l’emprise autocratique du régime. Certains demeurent en opposition ( exemple : Hassan Abdel Azeem, Michel Kilo - un chrétien - mais ce n’est pas à ce titre qu’il est opposant), sans toutefois être actifs dans la rue, se contentant de « l’arme » des prises de position qui revendiquent davantage d’ouverture, d’autres sont entrés en négociation avec le régime pour obtenir la matérialisation des réformes (exemple Qadri Jamil). La nouvelle Constitution qui vient d’être ratifiée par un referendum est le fruit du travail de cette dernière catégorie d’opposants avec l’équipe du pouvoir dirigée par le Vice- président (un sunnite).

L’un des grands poètes Arabes modernes, un Syrien. Adonis, s’était exilé depuis longtemps à Paris pour fuir les exactions du régime. Ceci ne l’a pas empêché de publier un article critique des « exiguïtés d’horizon » caractérisant les révolutionnaires, et par certains côtés presque approuvant le régime actuel « réformé ».

Un des grands soucis de la diplomatie française a été de prévenir ces minorités - et notamment la minorité chrétienne - du risque accru auquel elles s’exposent en soutenant trop ouvertement le régime de Assad pour les raisons qu’expose notre correspondant.
J-C Hazera

Je partage le faite que: " Les chrétiens, les Druzes, les Kurdes ne l’avouent pas sans honte mais préfèrent « le diable qu’ils connaissent déjà » "

C'est normal, le peuple Syrien ne veut pas subir une : "Irakisation", "Afghanisation", "Libysation" etc etc

Faudrait quand même que l'auteur de "l'article" se penche avec COURAGE sur le processus de déstabilisation opérant dans la région au lieu de réciter benoîtement les mantras trop souvent entendu par l'axe médiatico-pro atlantiste. ( Bombardement humanitaire pour apporter la démocratie, les écoles pour les petites filles et toutes ces conneries dignes d'une Nov-langue, propagande passée pour légitimer un comportement prédateur, pour déstabiliser une région)

Je m’interroge sur le faite que personne ici ne l'ouvre sur le massacre qui perdure au Bahreïn. c'est vrai que NOS MÉDIAS n'en parlent pas...

L'esprit critique est émoussé, oui pauvre Syrie mais surtout pauvre FRANCE...

http://www.youtube.com/watch?v=2vWe0cVdYRI

Sky

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