Union Européenne

Europe : le cauchemar anglais

Une Europe Continentale unie sous la prédominance d’un de ses Etats, c’est, depuis toujours, le cauchemar anglais. D’ici à ce que « Kaiser Merkel » soit caricaturée en Napoléon à la Une d’un tabloïd, il n’y a pas loin. Les dirigeants britanniques ont une marge de manœuvre limitée. Une déconfiture de l’euro ne ferait pas leur affaire car les finances mondiales seraient toutes entières ébranlées. Il s’agit donc à la fois de limiter les dégâts monétaires et d’éviter que l’Euroland s’engage sur une voie fédérale que la Grande Bretagne s’interdit d’emprunter. Une double offensive semble probable :

Allemagne : double jeu ? Non, jeu double !

En veillant au respect des statuts restrictifs de la Banque Centrale Européenne et donc en l’empêchant d’émettre de la monnaie pour se porter directement acheteur de bons émis par les pays européens en difficulté, l’Allemagne se pose en gardienne des disciplines budgétaires et rend l’ajustement aléatoire. Ca passe ou ça casse. Dans un cas, la zone euro – d’abord, telle qu’elle existe aujourd’hui, puis éventuellement élargie – se renforcera selon le modèle allemand et tout le monde pourra s’en féliciter. La République Fédérale a l’expérience de la subsidiarité. Une « Europe des Nations »

BCE : l’exemple suisse

Le 6 septembre 2011, la Banque Nationale Suisse a pris une décision historique. Les investisseurs du monde entier se ruaient sur le Franc. En moins de dix ans, la monnaie helvétique s’était appréciée de plus d’un tiers par rapport au dollar et de plus d’un sixième par rapport à l’euro. Cela devenait intenable pour les exportations et le tourisme. Pendant les huit premiers mois de 2011, la banque avait tenté d’inverser la tendance en intervenant sur le Marché. Des sommes considérables avaient été dépensées. Rien n’y faisait. Fallait-il baisser les bras ? Contre l’avis des timides, décision a

Le rose et le noir

Qui a raison, l’Asiatique qui voit la vie en rose ou l’Européen qui voit l’avenir en noir ? L’Asiatique n’est pas certain que demain sera meilleur qu’aujourd’hui mais il a pu constater qu’aujourd’hui est meilleur qu’hier. Pour lui, le soleil se lève. L’Européen n’est pas certain que demain sera pire qu’aujourd’hui mais il a pu constater qu’aujourd’hui n’est pas meilleur qu’hier. Pour lui, le soleil se couche. Ainsi, deux personnalités éminentes expriment-elles en toute sincérité deux points de vue opposés : - Kishore Mahbubani, doyen du Département des Politiques Publiques à l’Université

Le lourd fardeau de Mario Draghi

A force de lire mille et une opinions différentes sur la crise de l’euro, on finit par se demander qui peut faire quoi et quand. La réponse – hélas ! – est très simple : comme il faudrait une gouvernance européenne et que, pour l’instant, il n’y en a pas, c’est la Banque Centrale qui, pour une période encore indéfinie, devra agir. Mario Draghi, qui, en remplacement de Jean-Claude Trichet, a pris la présidence de la BCE fin octobre aura une très lourde tâche. Pour sécuriser les dettes publiques et voler au secours des banques, il devra décider d’autant plus vite et frapper d’autant plus fort

Le CAC 40 fuit l’Europe

La crise de l’Europe et de l’euro que nous vivons depuis des mois avec quelques brèves rémissions a un effet secondaire grave : elle conforte les grands groupes européens et notamment français dans leur mouvement de recherche de la croissance n’importe où sauf en Europe. C’est vraiment un axe stratégique affiché. « Les entreprises européennes cherchent surtout la croissance hors de la zone euro », a ainsi expliqué Jérôme Contamine, Vice-président exécutif et directeur financier de Sanofi à la conférence fusions et acquisitions des Echos le 21 septembre à Paris. « Elles cherchent à fuir la

L’Europe, pourquoi faire ?

« Quand on veut, on peut ! » est un adage français. « Where there is a will, there is a way » est l’adage anglais correspondant. L’idée est la même mais la distinction entre le “ will” et le “ way” rend les choses plus claires : pour qu’une réelle volonté puisse se manifester, il faut qu’il y ait un but, c’est-à-dire l’impératif d’un « pourquoi » tandis que le « chemin » évoque le choix des moyens, c’est-à-dire la contingence du « comment ». Après la guerre, le « pourquoi » de l’Europe était lumineux : il fallait enterrer les vieilles querelles qui avaient ensanglanté l’Ancien Continent et s

Crise de l’endettement : un révélateur ?

Idées simples, contre-intuitives selon certains, mais pas complètement fausses : la crise est favorable à l’Europe, elle révèle des faiblesses durables des Etats-Unis. L’Europe progresse dans la crise : un mécanisme de stabilité européenne (MCE) succèdera au FESF, les règles du Pacte de stabilité et de croissance seront transposées en droit national, la dette sera, tôt ou tard, mutualisée, le cadre prudentiel (Bâle III) s’applique. La crise de l’endettement est, vraiment, aiguë pour la Grèce où se paie, avant tout, la faiblesse de l’Etat. Ailleurs, le niveau élevé des prélèvements fait

Crise financière : une chance pour faire progresser l’Europe politique ?

La crise financière, la dette grecque qui n’en finit pas, des plans de rigueur qui « fleurissent » dans tous nos pays, les banques françaises (notamment) chahutées en Bourse … Voici que notre système dit « libéral » nous impose une nouvelle dictature, celle des « marchés ». Paradoxal n’est-ce pas ? Que se passe-t-il ? Ce n’est pas le système qui est en cause, c’est sa régulation. En effet, livré à lui-même, le capitalisme n’a d’autres limites que celles que lui fixe son marché. Limites qu’il cherche à repousser sans cesse par toujours plus d’innovation. Pour preuve la capacité quasi infinie du

“Face”, “Fair” ou “Market" Value?

Les banques européennes ont-elles un besoin urgent de recapitalisation ? Le FMI dit « oui », la BCE dit « non ». Tout dépend de l’idée que l’on se fait de la correcte évaluation des créances sur des Etats souverains. Les libéraux pur jus partent du principe qu’un actif vaut le prix auquel on peut effectivement le vendre. Cela peut changer d’un jour à l’autre. C’est ce que l’on appelle la « market value ». Les traditionalistes avaient l’habitude de raisonner autrement : on achète à tel prix ; tant que l’on n’a pas revendu, on n’a rien gagné ni rien perdu. Pour les obligations d’Etat on peut, si