Politique

De quelles inégalités parle-t-on ?

Les inégalités, et les phénomènes d’acceptation ou de rejet collectif de ces inégalités sont un des thèmes qu’envisage de creuser le Club l’année prochaine. Je signale dans ce contexte que François Bourguignon (directeur de Paris School of Economics) vient de publier La Mondialisation de l’inégalité (édition du Seuil). Chacun peut se faire une première idée du livre à partir d’une intéressante interview de l’auteur par Laurent Faibis sur Xerfi Canal ( ici ). Je retiens pour ma part de cette interview l’ambivalence du lien entre inégalités et mondialisation (ambivalence dont ne rend pas bien

Légitimités chinoises

Les autorités chinoises s'apprêtent à célébrer avec faste le 120ème anniversaire de la naissance de Mao. Des commémorations sont prévues dans tout le pays et des grands travaux transforment d'ores et déjà son village natal en lieu de pèlerinage. Pourquoi cette glorification alors que des dizaines de millions de Chinois son morts de faim pendant le « grand bond en avant » et que la « révolution culturelle » a été fertile en horreurs ? De nombreux descendants n'ont pas oublié et expriment leur mécontentement. Pourquoi cet attachement des autorités à un « grand timonier » qui a commis tant de

Les conditions de Hollande pour plus d’intégration européenne

Publiquement le Président français oppose le silence ou de vagues réponses aux appels à de nouveaux pas vers l’intégration européenne, le fédéralisme ou un nouveau traité, émanant d’Angela Merkel, chancelière allemande, d’Herman Van Rompuy, Président du conseil européen ou de José Manuel Barroso, président de la Commission de l’Union Européenne. C’est sans doute pourtant la question la plus importante qui lui est posée en politique étrangère. Le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, a clarifié le 18 septembre devant la presse diplomatique ce que recouvre ce silence et

Gaz de schiste : pourquoi il faut le laisser là où il est !

Il y a de très gros intérêts financiers derrière l’exploitation du gaz de schiste. Et beaucoup de « grandes plumes » prennent cette plume pour stigmatiser la prudence absurde que représenterait le refus politique d’exploiter le gaz de schiste français. Jusqu’à André Comte-Sponville dans le dernier numéro de Challenges qui affirme n’y connaitre rien, mais évoque le risque « suicidaire » du refus de toute innovation et le danger « d’obscurantisme » qui nous guette. Je n’y connais rien non plus, mais voudrais, de façon un peu provocatrice peut-être, rappeler deux choses simples. - Nous parlons

La résilience sociale

Nous vivons la crise économique la plus sévère de l’après-guerre. Les plans sociaux se multiplient, le chômage est à la hausse, celui des jeunes atteint des niveaux très élevés et la croissance est en berne. Dans ce contexte, quels peuvent être les enjeux et les risques sociaux que notre pays encourt à très court terme ou dans les prochains mois ou prochaines années ? Pour essayer d’y voir clair, il nous faudra tout d’abord examiner les facteurs qui jouent un rôle important dans la vie sociale et les risques sociaux. Le premier, de toute évidence, c’est naturellement l’économie. On sait que

Léninistes de l’Islam

Pour qu’une révolution s’arrête à mi-chemin, il faut que le peuple soit content. C’est rare. Dans les pays qui ont connu le Printemps arabe, et particulièrement en Egypte, les « Frères » qui ont pris le pouvoir auront du mal à relancer l’économie et même, plus modestement, à remplir les assiettes de ceux qui ont faim. Ils perdront de leur aura religieuse, seront jugés aux résultats, leur popularité devrait s’en ressentir. Les réformistes (Musulmans modérés, Coptes ou Laïcs) espèrent en profiter mais les Frères les plus combatifs risquent d’être prompts à les accuser de sabotage tandis qu’au

Euro : la BCE met les gouvernements au défi

En novembre 2011, alors que Mario Draghi venait de remplacer Jean-Claude Trichet, Vigilances écrivait : « Comme il faudrait une gouvernance européenne et que, pour l’instant, il n’y en a pas, c’est la Banque Centrale qui, pour une période encore indéfinie, devra agir ... Tel Atlas qui portait le monde sur ses épaules, Mario Draghi devra porter l’Europe. Rarement responsabilité si grande aura pesé sur un homme si seul ». Dix mois plus tard, l’éminent ancien élève des Jésuites italiens est parvenu à concilier l’étroitesse des statuts de la BCE avec la volonté de faire survivre la monnaie unique

Euro : qui se souvient des « montants compensatoires » ?

La Politique Agricole Commune existait avant l’Euro. Les prix des principales denrées devaient être les mêmes alors que les monnaies fluctuaient. Pour concilier l’inconciliable, d’ingénieux technocrates ont inventé les « montants compensatoires ». Cela compliquait les transactions mais les principes étaient saufs. Aujourd’hui, la crise de l’Euro pose le problème à l’envers : la monnaie se doit d’être unique mais, pour pouvoir exporter plus facilement, certains pays aimeraient être autorisés à jouer sur les prix. A première vue, cela semble impossible mais l’ingéniosité technocratique

Armées françaises : le trop nucléaire

Le président de la République a été clair : d'une part la Défense ne servira plus de variable d'ajustement pour le budget mais elle devra s'adapter comme la plupart des missions budgétaires aux efforts financiers de l’État. Ceci était prévu et n'est pas contraire aux engagements du candidat François Hollande. En revanche, comment ne pas s'étonner quand, au cours de son audition par la commission « Défense » de l'Assemblée nationale, le chef d'état major des armées (CEMA) annonce en juillet qu'il faudra donner « ponctuellement » un peu plus pour la dissuasion nucléaire ? Ceci revient à dire

Pour un palais du bien vivre

A Paris, l’ancien Hôtel de la Marine, Place de la Concorde, fait l’objet de toutes les convoitises. L’emplacement est prestigieux, la surface est immense, les réalisations pourraient être grandioses. Le désastre de l’Ile Seguin hante les mémoires. Sur cet ancien siège des usines Renault à Billancourt, devaient se construire des merveilles. Les projets étaient nombreux dont celui du milliardaire François Pinault qui, faute d’accord de toutes les instances concernées, a fini par se concrétiser à Venise. L’Hôtel de la Marine fait partie du patrimoine national et le nouveau gouvernement a décidé