Cohésion sociale

Crise de la jeunesse, quelques sujets qui fâchent.

La jeunesse paie un lourd tribut à la pandémie qui, là comme ailleurs, révèle des problèmes qui la précédaient. La classe politique s’en empare pour une inévitable polarisation. Concours de déploration face aux témoignages de détresse et dyptique partisan se mettent en place avec précision : prêt remboursable à taux zéro (un endettement immoral pour les uns), contre RSA à 18 ans (une culture d’assistanat pour les autres), on est en terrain connu. L’idéologie est le carburant du capital politique, elle résout rarement les difficultés. Alors descendons d’un cran pour voir quelques sujets, très

Sommes-nous aveuglés par les Lumières... et la laïcité ?

« Nous ne comprenons pas ce qui nous arrive ». Ainsi débute la tribune de Jacob Rogozinski publiée dans le Monde du 12 novembre, avec laquelle il ouvre ce webinaire consacré à la laïcité. Il évoque ainsi les déferlements de colère, voire de haine dans le monde arabe après l'intervention d'Emmanuel Macron défendant les caricatures. Il rappelle d'emblée qu'il est lui-même descendant d'immigrés juif polonais, marié à une catholique et que ses enfants fréquentent l'école laïque. Ce professeur de philosophie, qui a beaucoup travaillé sur l'incitation à la haine et a récemment publié « Djihadisme

Pour agir… soyons abstraits

La crise de la pandémie s’entremêle avec d’autres. Les bases tremblent. Le sentiment de subir nous submerge, l’analyse se brouille, l’action, toujours méritoire, patine. Il y a des tendances lourdes, il faut changer la donne. Première tendance : le renversement de la perspective de Tocqueville, c’est-à-dire l’évolution tendancielle vers la démocratie et la fine lame égalisatrice du système électoral, « un Homme, une voix ». La démocratie occidentale est en compétition avec les oligarchies et les démocraties autoritaires qui réussissent dans la mondialisation, il fallait s’y attendre. La

Peut-on réellement « conforter les principes républicains » par la loi ?

Dès 2003, Bernard Stasi, président d'une commission chargée par Jacques Chirac de réfléchir et faire des propositions sur l'application du principe de laïcité dans la République, énonçait ce constat : « Les fondements du pacte social sont sapés par un repli communautaire plus subi que voulu au sein de quartiers relégués, par la menace qui pèse sur les libertés individuelles et par le développement de discriminations fondées sur le sexe ou les origines ». Cette commission avait alors proposé la rédaction d'une loi loi sur la laïcité, qui précisait l'interdiction, à l'école, des signes religieux

Le "coup de gueule" du philosophe André Comte-Sponville sur l'après-confinement

André Comte-Sponville est un philosophe rationaliste, disciple de Spinoza, auteur prolifique notamment sur l'éthique et la morale. Lors d'une interview sur France Inter, il s'est récemment étonné de l'affolement collectif qui a saisi nos concitoyens à propos de la pandémie actuelle, rappelant que « la mort fait partie de la vie », appelant à « ne pas faire de la santé la valeur suprême de nos existences ». Selon lui on assiste à un renversement complet des valeurs de nos civilisations « où l'on considérait, à l'inverse, que la santé n'était qu'un moyen, alors certes particulièrement précieux

Lettre à un ami qui ne voulait pas défendre ses mœurs

A l'occasion des discussions du groupe de travail portant sur l'intégration des enfants d'immigrés en France des opinions divergentes ont été émises sur la question de la nécessité ou de l'opportunité de la préservation des mœurs caractérisant le mode de vie français. Cette question me tenant à coeur j'ai transformé la réponse au groupe de travail en lettre ouverte. A l’infini nous débattons. Libre choix des descendants d’immigrés de notre pays de vivre en accord avec leurs coutumes ou intégration à la société française. Je suis le liberticide, le dictateur en puissance qui nie l’altérité et

« L’hypervoisinage », une richesse à exploiter pour la ville de demain

« Si on dynamise le lien de voisinage entre habitants d’une ville on crée une richesse qu’on ne sait pas encore très bien mesurer ». Fort de cette conviction et d’une expérience de la presse régionale dont la valeur est assise sur le lien de proximité, Patrick Bernard a créé il y a trois ans dans une partie du quatorzième arrondissement de Paris « La République des Hyper Voisins ». Il est venu parler au Club des Vigilants le 29 janvier de cette expérience qui a assez vite attiré l’attention de la ville de Paris, puis de presque tous les candidats aux prochaines élections municipales*. Mounir

Est-il encore possible de créer du lien dans une société fragmentée ?

Cette Matinale a été plutôt orientée vers les causes de la fragmentation que les possibilités de recréer du lien entre les différentes îles françaises Première cause de cette "archipélisation" de la société, la disparition de la matrice structurante « catho-laïque ». Le déclin du catholicisme commencé dans les années 60 est désormais avéré. Cela se traduit par une baisse des pratiques religieuses (seuls 6% des catholiques vont à la messe tous les dimanches en 2012 vs 35% en 1961), une perte d’influence culturelle du catholicisme mais aussi par des basculements civilisationnels du référentiel

Éradiquer la grande pauvreté, c'est possible !

Cette question, le CESE se l’est posée dès 1987 avec Joseph Wresinski, puis en 1995 avec Geneviève Anthonioz de Gaulle et les avis formulés alors sont à l’origine de la création du RMI et de la couverture médicale universelle. Aujourd’hui, le nombre de pauvres reste important en France, et le CESE, voix de la société civile, formule de nouvelles recommandations. Mais comment estimer le nombre de personnes pauvres ? Il existe plusieurs méthodes : « pauvreté monétaire » en dessous de 60% du revenu médian, « pauvreté de niveau de vie », liée aux conditions de vie, « pauvreté absolue » au dessous

Bonnes et mauvaises inégalités

Le récent livre de Thomas Piketty, Capital et Idéologie, a relancé le débat sur les moyens de réduire les inégalités. Les positions sont politiquement très clivées : la réduction des inégalités est valorisée à gauche, critiquée à droite et chacun invoque ses arguments économiques ou moraux. Gauche et droite invoquent d’ailleurs chacune la justice à l’appui de leur thèse : la juste égalité entre les citoyens, contre la juste valorisation de chaque réussite individuelle. Pour nous aider à nous mettre d’accord, je suggère d’utiliser un critère que j’appelle la jouabilité d’une institution : si l