Union Européenne

La dictature des taux

Dis-moi à quel taux tu empruntes, je te dirai comment tu vas. En étant obligée de payer plus de 6% d’intérêt pour emprunter à dix ans, la Grèce allait déjà très mal à la fin du mois de mars. Depuis, le marché a boudé et des transactions ont eu lieu sur une base supérieure. En « dernier recours », l’Europe semble disposée à prêter, sur trois ans, au taux de 5 %, ce qui est encore cher. Le niveau des taux est un thermomètre. Moins l’emprunteur paraît solvable, plus le prêteur a tendance à lui faire payer un intérêt élevé. C’est logique mais dangereux. Si la f acture devient trop lourde, le

Europe – Etats-Unis : fais-moi peur !

Nombreux sont les Américains que la montée de l’Extrême Droite en Europe effraye. Nombreux sont les Européens que la montée de l’Extrême Droite aux Etats-Unis effraye. Les uns et les autres ont de bonnes raisons de s’inquiéter et, par conséquent, de s’entraider pour conjurer le danger. En Europe, aucun pays n’est épargné. En Autriche, en Belgique, en France, en Hongrie, en Italie et même aux Pays Bas, les élections les plus récentes ont été marquées par une incontestable poussée de l’Extrême Droite. Néo-fascistes en Europe de l’Est, anti-immigrés en Europe de l’Ouest, l’importance numérique

Allemagne : quelques enseignements

Plusieurs correspondants ont fait part à Vigilances de leurs impressions sur Mme Merkel, l’Allemagne et l’Europe. Leurs rapports sont disparates mais complémentaires. Ci-dessous, une tentative de résumé. 1/ Angela Merkel devrait dire « merci » à son prédécesseur Gerhard Schröder. Ce chancelier (social démocrate) n’a pas hésité à bousculer son propre parti et sa coalition avec les Verts pour faire adopter en 2002 « L’agenda 2010 » qui étalait, sur plusieurs années, des réformes affectant à la fois le marché du travail, le système de santé et le système des retraites. Il y a eu des remous mais

Points forts d’une Europe faible

L’hégémonie fait peur, qu’elle soit américaine ou qu’elle devienne chinoise. L’Europe ne fait plus peur, son passé colonial est derrière elle. Cette apparente faiblesse est un premier atout. L’Europe en a d’autres. Elle peut encore les gâcher mais ils existent et peuvent se révéler gagnants. D’abord, l’Europe incarne la réconciliation de peuples autrefois ennemis. Ensuite, le tourisme le prouve, elle symbolise un certain art de vivre. Enfin, son marché est si vaste qu’elle dispose (autant que les Etats-Unis et la Chine) d’un pouvoir normatif. Si elle décide que tel ou tel produit, pour telle

Faillite des Etats et protection des peuples

Lorsqu’une entreprise fait faillite, la loi ne protège pas uniquement les créanciers. Elle essaye de tenir compte des autres besoins. Pour les Etats rien n’est prévu. En cas de défaillance, les peuples sont en danger. De ce constat, deux conclusions opposées peuvent être tirées. La première consiste à affirmer qu’il est urgent de mettre sur pied un Droit des faillites applicable aux Etats. La seconde souligne que l’existence même d’un tel Droit inciterait les Etats non défaillants et les institutions internationales à se croiser les bras au lieu de voler au secours des pays en difficulté. L

Régulations bancaires : l’Europe à contre-pied

Barack Obama s'est prononcé pour l'interdiction de toute activité spéculative et donc du "trading pour compte propre" des banques de dépôts. Nicolas Sarkozy, dans son discours de Davos, a semblé lui apporter son appui. Michel Barnier, commissaire européen en charge de ces questions complexes, s’est déclaré contre cette idée dans un délai de réaction incroyablement court pour quelqu’un qui, après tout, est un néophyte. Fallait-il politiquement faire plaisir à la City qui, devenue une simple annexe de Wall Street, est bien entendu contre toute régulation « dure » de l’activité des banques d

L’euro et la métaphore corse

Si la Corse était indépendante, son déficit commercial serait chronique et sa monnaie connaîtrait des dévaluations successives. Cela ne se voit pas car les comptes de la Corse sont noyés dans les comptes de la France. De même pour la plupart des régions du Sud de l’Italie. Celles du Nord en sont de plus en plus conscientes et un parti politique, la « Ligue », veut limiter les transferts de richesses. Malgré ces tensions, l’unité italienne n’est pas directement menacée. La nation tient le coup. En ira-t-il de même pour l’Euroland ? La Grèce, premier maillon faible, promet de se restreindre et a

Europe : d’une faiblesse à l’autre

Les chinois des années 2010 font penser aux Américains des années 1950. Ils trouvent dans le regard des autres l’assurance de leur propre puissance. A l’époque du « dollar gap », l’obséquiosité européenne à l’égard des Etats-Unis n’avait pas de bornes. De nombreux politiciens étaient aux ordres et la plupart des hommes d’affaires, béats d’admiration, auraient fait les pieds au mur pour s’introduire dans cet eldorado.    Aujourd’hui, le marché chinois fait saliver et aucun responsable européen ne veut causer la moindre peine à ceux qu’ils considèrent déjà comme les futurs « maîtres du monde »

Schizo-époque… !

Par la prime à la casse, dit l’un, le Gouvernement cherche à relancer les achats de voitures. C’est bizarre, dit l’autre, car je les entends dire que nous devons aussi tous nous préparer à nous déplacer autrement avec la fin des ressources pétrolières. Mais non, cela n’a rien de bizarre, vous êtes trop candides, dit le troisième, psychanalyste de son état, dans mon métier, c’est un mécanisme pathologique très clair et bien identifié, qui s’appelle la schizophrénie.   Le rallye automobile Paris-Dakar en tout cas, reprit le premier, en attendant cette ère nouvelle de l’après-pétrole, poursuit sa

2009 = 1913 … à un détail près !

En 1913, l’Allemagne, avec son industrie et ses universités, était le numéro un en Europe. La France était numéro deux tandis que Londres restait le phare du commerce mondial et que la Russie se modernisait à grands pas. La guerre de 14/18 a écrasé l’Allemagne, saigné la France et amené la Révolution en Russie. Hitler et Staline sont ses rejetons.   Après un siècle d’horreur, l’Histoire se réécrit en copier-coller. Berlin, qui vient de célébrer la chute du Mur, est, à nouveau, le centre de l’Europe. Petit détail : l’Europe a commis tellement de crimes et fait tellement de bêtises qu’elle n’est