Société

Irak : quelle démocratie ?

Des élections, dans un pays où le respect des minorités n’est pas ancré dans les mœurs, peuvent faire plus de mal que de bien. Tel ne semble pas être le cas pour les récentes élections législatives irakiennes. Un certain nombre de signaux permettent d’être raisonnablement optimiste. Ainsi, en dépit de la lassitude de la population face au manque de services publics et aux difficultés de la vie quotidienne (38 morts le jour du scrutin), 62% des irakiens se sont déplacés pour aller voter. Les sunnites se sont mobilisés et sont de retour dans le jeu politique, ce qui marginalisera leur frange

21 avril 2002/avril 2012 ?

Le second tour des élections régionales est à méditer. Un Français sur deux n’a pas jugé utile d’aller voter. La droite est à son plus bas étiage depuis le début de la Vème République. La gauche est certes victorieuse mais semble loin d’une réelle dynamique de reconquête. Le front national est réintégré dans le paysage politique. Les élections présidentielles auront lieu dans deux ans. Dans l’état de déshérence sociale actuel –angoisses liées au chômage, aux déficits publics et sociaux abyssaux, au problème des retraites … - un nouveau "Big Bang" avec un front national mené par Marine Le Pen

Talibans : Hezbollah sinon rien

Parallèlement à une offensive militaire, le Président afghan et le commandement américain affirment de concert que le moment est venu de négocier avec les talibans. Comment ? Sous quelle forme ? Avec qui ? La confusion est totale. Certains voudraient d’abord affaiblir l’adversaire en favorisant le retour à la vie civile de rebelles égarés dans des zones non pachtounes. D’autres rêvent de « talibans modérés » qui (moyennant finance ?) accepteraient d’entrer au gouvernement. Mais quid des « vrais » talibans qui, après d’éventuelles négociations, veulent le vrai pouvoir ? Ils ne rendront pas les

Iran : ultime contradiction

L’Islam pur et dur est-il compatible avec la modernité ? Khomeiny a répondu « oui » et, depuis trente ans, la « République Islamique d’Iran » s’efforce de relever le défi. Ses adeptes ne trouvent donc pas contradictoire qu’une « pudeur », pointilleuse et réglementée soit imposée aux femmes mais que celles-ci aient librement accès à l’éducation. Aujourd’hui, l’Iran compte moins de 15 % d’illettrés et, à l’Université, les filles sont plus nombreuses que les garçons. Parallèlement, le taux de fécondité qui était supérieur à 4 enfants par femme en 1990, se stabilise maintenant autour de 2. Dans

Russie : le cul entre deux âges

La Russie est-elle un « grand pays émergent » ? Son retard économique et ses ressources naturelles pourraient le faire croire. Pourtant, il n’en est rien. La Russie est un vieux pays qui a beaucoup souffert . En 1904, il a été battu par un émergent de l’époque, le Japon. Après, il a connu deux guerres mondiales, la dictature communiste, des dizaines de millions de morts et la dislocation de l’empire. Le peuple est fatigué, les gens aspirent à un minimum de confort et dépensent le peu qu’ils gagnent tandis que des élites de pacotille mènent grand train.   Ce mode de vie consommatoire n’est pas

Plaie d’argent peut être mortelle

Jean-Christophe Rufin se méfie quand on lui parle de mondialisation. « Sortez, écrit-il du Sheraton d’Addis-Abeba, palais des mille et une nuits africain, et vous êtes encerclés de bidonvilles ». C’est tragiquement vrai. En dépit du développement accéléré de quelques zones des grands pays dits « émergents », la moitié de l’humanité se partage 1% du patrimoine mondial et reste plongée dans une misère abjecte.   Faut-il en déduire que les pays dits « riches » n’ont que le droit de se réjouir ? Non ! Chez eux aussi les plaies d’argent peuvent être mortelles. De plus en plus de démunis ont du mal

Gouverner la Chine

Gouverner la Chine est, depuis cinq mille ans, une mission impossible. L’histoire du pays est marquée par une succession de guerres civiles et de coups d’Etat renversant la dynastie qui a perdu le «mandat du ciel»,   sur fond de catastrophes naturelles et de famines meurtrières. Le gouvernement central, de tous temps, a rencontré les pires difficultés à faire exécuter ses ordres. «L’Empereur est loin et les montagnes sont hautes» a-t-on coutume de dire dans le sud et l’administration, parfois incompétente, parfois corrompue, n’a pas su constituer le ciment qui aurait pu faire tenir le tout.  

Fragilités agricoles

Produire plus de nourriture en utilisant mois d’eau est l’un des plus grands défis des prochaines décennies. A l’heure actuelle, environ un milliard d’êtres humains souffrent de malnutrition, allant parfois jusqu’à la famine. Et la population mondiale est censée augmenter jusqu’en 2050. 70% des ressources en eau sont utilisées pour l’agriculture . La déperdition est immense. Les nappes phréatiques s’épuisent tandis que, de la Corne de l’Afrique à l’Inde et à l’Australie, la sécheresse s’abat sur des terres agricoles.    Quoiqu’il advienne du changement climatique, une meilleure gestion de l

Mortifère identité

« S’interroger sur une identité, c’est déjà l’avoir perdue » écrivait le philosophe Emmanuel Lévinas. Ce qui suit concerne l’Algérie un pays que je connais bien et dont les dirigeants n’ont jamais cessé de brandir, près de 50 ans durant, le thème de l’identité, multipliant les tours de vis sur les esprits. Comme si l’identité se résumait à un viatique qu’on acquiert à la naissance dans une valise fermée à tout jamais . Le premier fut donné dans les années 70. Le peuple commence à douter d’un sort meilleur malgré les potentialités du pays ? Les dirigeants commencèrent à éructer « arabité

Web 2.0 : comprendre un monde toujours plus interconnecté

Lorsque les utilisateurs d’Internet ont pris le pouvoir sur les sites commerciaux, professionnels et institutionnels, on a parlé de la révolution du Web 2.0 : la masse des textes publiés par des anonymes dépassait celle des contenus officiels. Le web se mettait à fonctionner selon un schéma Botton up parce qu’un plus grand nombre de personnes avaient plus facilement accès à l’échange et parce que l’opinion ou le point de vue prenait le pas sur le savoir académique.   Aujourd’hui, les conversations qui se tiennent sur le web ont tendance à s’interconnecter. Les querelles de clochers, débats de