Géopolitique

Chine : le commerce et la peur

Début octobre, à Bruxelles, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a lancé un avertissement. Posant ses papiers, arrêtant de regarder ses notes, il a déclaré : « Si la Chine devait être confrontée à des troubles sociaux, les conséquences seraient désastreuses pour le monde entier ». Comme le discours de M. Wen avait été consacré aux problèmes économiques et monétaires, sa remarque a généralement été interprétée comme un simple plaidoyer pour le maintien à un niveau élevé des exportations chinoises. Le message, pourtant, allait au-delà. Certains de ses interlocuteurs européens l’ont compris

Wikileaks ne répond plus

Si vous tapez www.wikileaks.org, vous aurez droit à un beau message d’erreur. La raison ? L’entité qui gère les noms de domaine a décidé de le supprimer de ses bases de données. Depuis, le site est réapparu en Suisse sous le nom www.wikileaks.ch pour une durée indéterminée. Ce qui peut apparaître comme une bien faible forme de "censure" s’agissant d’un pays, les Etats-Unis, dont la puissance technologique est incomparable pose deux questions : est-ce un premier signal d’alerte avant représailles plus intenses ou simplement un aveu de faiblesse des autorités officielles ? Car autant il est

Benoît XVI : « Öst politik »

Jean-Paul II a été l’un des principaux artisans de la réunification européenne. C’est par son action en Pologne que tout a commencé. La déconfiture soviétique est, en partie, son œuvre. Benoît XVI conçoit maintenant une quasi alliance entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe. A ses yeux, la chrétienté pourrait servir de ciment à une entente paneuropéenne. Dans ce contexte, la Pologne (catholique) n’aurait plus à considérer la Russie (orthodoxe) comme son ennemi héréditaire. De même, les tensions intérieures à l’Ukraine n’auraient plus raison d’être et l’Allemagne (diversement chrétienne

Irak : le retour turc

Pendant que les Américains mettent en scène leur (relatif) départ et que les Iraniens pèsent (lourdement) sur la politique intérieure irakienne, les Turcs … construisent des ponts, des routes et des usines. Y a-t-il un appel d’offres où que ce soit en Irak, une ou plusieurs entreprises turques ont une offre à soumettre. Et, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Xavier Roze, chef de la Mission Interministérielle de Reconstruction de l’Irak, lors d’un récent déjeuner du mardi : les entreprises turques, à la différence de leurs homologues européennes, n’ont pas peur d’envoyer des responsables sur place

Merci à ... la Chine

Comment la Chine, nouvelle super puissance, se comportera-t-elle dans le « concert des nations » ? C’est une des inconnues majeures des prochaines années. Jusqu'à présent l’attitude de la délégation chinoise au G 20, parfois qualifiée de « passive », ne donne pas beaucoup d'indications. En sera-t-il autrement à Séoul, en novembre ? Peu vraisemblable. La réponse instinctive à la question est souvent teintée d'inquiétude. En effet, la Chine a entrepris de bâtir une puissance militaire et, notamment navale, de grande puissance. La Chine semble peu sensible aux exhortations répétées des Etats-Unis

Dilemme juif

Les citoyens israéliens ne se privent pas de critiquer leur gouvernement. Dans quelle mesure les Juifs de la diaspora peuvent-ils se le permettre ? De plus en plus nombreux sont ceux qui, en Europe et aux Etats-Unis, se posent ouvertement la question. L’Etat d’Israël a été consacré, en 1948, par un vote de l’ONU. Le Vatican, alors, a refusé de le reconnaître. Ses raisons n’étaient pas seulement politiques. Le vieil antisémitisme chrétien se complaisait dans le mythe du juif condamné à l’errance pour cause de déicide. L’anti-sionisme a pris le relais. Et ce, d’autant plus facilement qu’il n

« La Corrèze plutôt que le Zambèze » (version US)

Le chômage sévit, les services publics périclitent, les infrastructures tombent en ruine, les déficits s’accumulent mais des milliers de milliards sont dépensés aux quatre coins du monde. Pour une grande majorité d’Américains, le moment semble venu de crier : « Nous d’abord ! ». Un peu comme les Français disaient dans les années 50 : « La Corrèze plutôt que le Zambèze ! ». Il s’agit de rien de moins que de réévaluer les intérêts vitaux des États-Unis. Un repli s’imposera de toute façon. Ses conséquences pour le monde seront très différentes selon que Washington jouera la coopération ou s

Vers une nouvelle doctrine Monroe

Quels sont, à l’heure actuelle, les intérêts vitaux des Etats-Unis ? Les citoyens de la plus puissante nation du monde ne le savent pas. Ils sont perdus. Nous avec eux. En 1948, s’est installée la doctrine Truman. Elle a duré tant qu’a duré la guerre Froide et a consacré la primauté américaine. De 1989 (chute du Mur de Berlin) à 2001 (11 septembre) le flou s’est installé. Après le 11 septembre, G. W. Bush s’est comporté en aventurier et a laissé un champ de ruines. En 2011, avec le retrait programmé des troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan, il faudra jeter les bases d’une refondation

Cyberdéfense : un enjeu stratégique

Mieux vaut tard que jamais ! Deux instances officielles, la DGSE et la récente Agence Nationale pour la Sécurité des Systèmes d'Information (ANSSI), viennent d’annoncer un recrutement massif d'experts en sécurité, afin de combler le retard en matière de cyberdéfense face aux nouvelles menaces Internet. La première prévoit de créer une centaine de postes d'experts chaque année, tandis que la seconde envisage, rien que pour 2010, le recrutement de 70 spécialistes. Ces deux annonces sont emblématiques de la prise de conscience de l’enjeu stratégique de la sécurité Internet. L'État a compris le

Grandeur et gaspillage (bis)

Le gouvernement français s’est battu pour que le réacteur expérimental à fusion nucléaire Iter soit construit à Cadarache (Bouche du Rhône). Il a gagné. Peu après, en janvier 2006, Vigilances 39 a reproduit une opinion exprimée par Pierre-Gilles de Gennes. Ce Prix Nobel estimait que la merveilleuse machine ne servirait à rien et que, d’ailleurs, elle ne fonctionnerait pas. Si l’avenir montre que M. de Gennes s’est trompé, tant mieux ! En attendant, le coût d’Iter a triplé alors que, selon les estimations de départ, il fallait consacrer pendant trente ans, au moins 10 % des fonds alloués à la