Géopolitique

L’évènement le plus important de l’été

Quel est pour vous l’évènement le plus important de l’été ? Faute d’évolution décisive de la crise européenne et du drame syrien, c’est à mon avis l’entrée de la Russie à l’ OMC (Organisation Mondiale du Commerce), devenue effective le 22 août. D’apparence horriblement technique, sous commenté par les politiques, sous couvert par les média, c’est le tournant le plus porteur d’avenir. Après des années de négociations, c’est sans doute le pari le plus important que Vladimir Poutine ait jamais fait. Oublions les « détails », rythme de baisse des droits d’importation et autre périodes de

Syrie : que peut faire l’Iran ?

Le rêve de Khomeiny achève de se briser. Immédiatement après sa prise de pouvoir en 1979, l’austère Ayatollah a mobilisé des dizaines d’érudits pour entamer la rédaction d’une « encyclopédie islamique ». Consigne était donnée d’être fidèle aux enseignements chiites tout en se gardant de heurter les consciences sunnites (voir le supplément Spécial Iran , janvier 2006). Cette tentative de réconciliation doctrinale était accompagnée d’une vision géopolitique dont le Hezbollah était la pièce centrale. Ce mouvement (chiite) libanais devait soutenir la résistance palestinienne (sunnite) et avait la

Europe : où est la troisième voie ?

Si la perspective d’une véritable fédération européenne enthousiasmait les foules, si les « États-Unis d’Europe » pouvaient être présentés comme un idéal à atteindre, les rudes chemins de la solidarité seraient plus faciles à gravir qu’ils ne le sont aujourd’hui. L’Europe arrive au terme d’un long simulacre et paye le prix d’une volontaire ambiguïté. Ainsi, les partisans de la monnaie unique n’ignoraient pas que, faute de politiques budgétaire, fiscale et sociale harmonisées, l’euro serait de fragile constitution. Cependant, comme ils n’avaient pas la possibilité de faire « tout à la fois »

Le changement c’est maintenant ?

Cher Tahar, Quels changements importants le Président peut-il provoquer avec une voie qui se rétrécit un peu plus chaque jour ? Et maintenant est-ce le moment le plus favorable ? Rude tâche pour le capitaine que de naviguer dans une mer démontée, semée d’autant d’écueils. 1. Il y a d’abord l’imprévisible : - Grèce demain - Espagne - Euro - Syrie, Maghreb, etc. 2. L’Europe - La renégociation voulue par la France est un vœu pieux. - Tout le monde souhaite un peu de relance mais les méthodes divergent. - La France, peu appuyée (Belgique), fragile, veut une relance keynésienne. - L’Allemagne de

Duel arabo-persique

Ce n’est pas la force de l’Iran qui effraye. C’est sa faiblesse. La faiblesse pousse aux rodomontades et les provocations peuvent se révéler suicidaires. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1979, l’Ayatollah Khomeini a tenté d’apaiser – à son profit – l’ancestrale querelle entre Chiites et Sunnites. Des centaines d’érudits ont été mobilisés pour travailler à une « grande encyclopédie islamique » où, sans rien renier de la doctrine chiite, ils devaient se garder de toute agressivité à l’égard du sunnisme. L’Islam, pensait Khomeini, devait s’unir contre l’Occident et la lutte contre Israël

Europe : le cauchemar anglais

Une Europe Continentale unie sous la prédominance d’un de ses Etats, c’est, depuis toujours, le cauchemar anglais. D’ici à ce que « Kaiser Merkel » soit caricaturée en Napoléon à la Une d’un tabloïd, il n’y a pas loin. Les dirigeants britanniques ont une marge de manœuvre limitée. Une déconfiture de l’euro ne ferait pas leur affaire car les finances mondiales seraient toutes entières ébranlées. Il s’agit donc à la fois de limiter les dégâts monétaires et d’éviter que l’Euroland s’engage sur une voie fédérale que la Grande Bretagne s’interdit d’emprunter. Une double offensive semble probable :

Allemagne : double jeu ? Non, jeu double !

En veillant au respect des statuts restrictifs de la Banque Centrale Européenne et donc en l’empêchant d’émettre de la monnaie pour se porter directement acheteur de bons émis par les pays européens en difficulté, l’Allemagne se pose en gardienne des disciplines budgétaires et rend l’ajustement aléatoire. Ca passe ou ça casse. Dans un cas, la zone euro – d’abord, telle qu’elle existe aujourd’hui, puis éventuellement élargie – se renforcera selon le modèle allemand et tout le monde pourra s’en féliciter. La République Fédérale a l’expérience de la subsidiarité. Une « Europe des Nations »

La Syrie n’est pas une île

La Syrie a des frontières communes avec la Turquie, le Liban, Israël, la Jordanie et l’Irak. La frontière avec l’Irak, longue de 600 km, est éminemment perméable aux trafics en tous genres. Pendant des années, des armes ont été acheminées de la Syrie vers l’Irak pour approvisionner des milices chiites irakiennes fidèles aux mollahs iraniens. Maintenant, le président syrien Bachar el-Assad craint que le courant s’inverse et que des mouvements irakiens sunnites arment des déserteurs de sa propre armée. Curieuse armée syrienne où les officiers sont alaouites (11 % de la population dont

La démocratie est-elle menacée par le modèle de développement chinois ?

Dirigée depuis soixante deux ans par un parti unique, adepte du centralisme démocratique et réfractaire aux Droits de l’Homme, la République populaire de Chine est en passe de devenir la première puissance économique mondiale. Dans le même temps, les démocraties occidentales, déstabilisées par une croissance molle, vont devoir composer avec des sociétés de plus en plus déstructurées et frustrées de ne pas pouvoir consommer. La montée en puissance des mouvements de protestation sociale dans les pays européens (Espagne, Grèce, Italie, etc.) mais aussi au-delà comme en Israël, préfigure le futur

Chine/Pakistan : une alliance en devenir

Les Etats-Unis et le Pakistan sont, en principe, alliés mais on a rarement vu des alliés qui se méfient autant l’un de l’autre. Plus le temps passe, plus les Etats-Unis se rapprochent de l’Inde en qui le Pakistan voit son ennemi majeur. Ainsi, la Chine devient-elle l’alliée de rechange. Malgré une situation économique désastreuse, on y achète des armes : avions par-ci, sous-marins par-là, il y en a (si l’on compte les livraisons effectuées depuis deux ans et les contrats en cours de négociation) pour plus de 5 milliards de dollars. Un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre, il faudra bien