Géopolitique

Afrique : après le printemps, les étés

Personne ne pouvait croire qu’après le « printemps arabe », la démocratie allait s’installer uniformément sur toutes les rives de la Méditerranée et jusqu’aux confins de l’Arabie. C’est donc avec un regard sur les particularités de chaque nation – et, là où il n’y a pas de vraie nation, de chaque communauté - que Vigilances a tenté dans ses précédents numéros de repérer quelques risques et quelques chances. De même aujourd’hui : Au Maroc, la Constitution proposée par le Roi et soumise à référendum est une incontestable avancée. Le souverain garde l’essentiel de ses prérogatives mais il y a

Libye : un avenir incertain

Nous avions, dès le départ, émis quelques réserves sur l’intervention en Libye mais nous ne disposions pas de correspondants sur place nous permettant de nous forger une vision claire de la situation et des enjeux. Lors de nos recherches documentaires, nous sommes tombés sur le document intitulé « Libye : un avenir incertain ». Ce rapport a été réalisé par une délégation internationale d'experts qui s'est rendue tour à tour à Tripoli et en Tripolitaine, puis à Benghazi et en Cyrénaïque, afin d'évaluer la situation libyenne en toute indépendance et neutralité et de rencontrer les représentants

« G2 » n’intéresse pas la Chine

Les Etats-Unis et la Chine étant les deux plus grandes puissances du monde, certains analystes ont prédit que les autres pays allaient être court-circuités : le « G8 » et le « G20 » seraient pour la galerie ; les affaires sérieuses seraient du ressort d’un « G2 » informel mais incontournable. Pur fantasme ! Le monde vu de Pékin est à la fois plus simple et plus complexe. Plus simple car l’Empire du Milieu est, d’abord et avant tout, autocentré. La Chine compte plus de 1,3 milliard d’habitants. Sur ce total, près d’un milliard sont encore pauvres et près de 500 millions encore très pauvres. De

Et pendant ce temps là … la Turquie investit

Forte de son essor économique (près 9% de croissance en 2010), la Turquie mène une reconquête pacifique de ses anciens vassaux. Où qu’il y ait des appels d’offres, les industriels turcs sont présents. Et – miracle ! – l’Ottoman ne fait plus peur. Sa diplomatie est souriante. Il s’entend avec tous et cherche à accommoder chacun. Leader traditionnel de l’espace arabo-sunnite, il fait ami-ami avec ce très grand pays chiite qu’est l’Iran. En cinq ans, de 2005 à 2010, le commerce turco-iranien a triplé. Et, malgré la prépondérance iranienne en Irak, les entreprises turques sont à l’avant-garde de

Irak : l’enjeu N°1

A Bahreïn, les chiites contestataires sont violemment réprimés. En Arabie, les chiites (même non contestataires) sont étroitement surveillés et souvent discriminés. Pourtant, l’Iran qui est, pour ainsi dire, leur « maison mère » se contente d’émettre de vagues protestations. Pourquoi ? Parce que les autorités de Téhéran ont une autre priorité. A leurs yeux le gros lot, le jackpot, c’est l’Irak. Le 31 décembre, toutes les troupes américaines (47.000 hommes et beaucoup d’équipements), devront avoir quitté le pays. Rien ne prouve que, dès le premier janvier 2012, les forces de sécurité irakiennes

Ukraine : l’impossible choix

L’Ukraine a vocation à être un pont entre la Russie et l’Europe de l‘Ouest. Pour l’instant, elle fait figure d’enjeu. Les enchères montent. Le moment décisif approche. Tout devrait être tenté pour sortir de l’impasse. Les acteurs sont au nombre de quatre : l’Ukraine dans le rôle de l’écartelé ; l’Union Européenne (UE) qui, depuis longtemps, négocie avec elle un accord de libre échange techniquement difficile ; l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dont l’Ukraine et l’UE doivent observer les règles ; enfin, l’Espace Economique Unique (EEU) qui regroupe la Russie, la Biélorussie et le

Le bon Dr Kretschmann

Les marginaux sont devenus « réalos » et les Grünen, après avoir gagné au Bade-Wurtemberg, aspirent à diriger la République Fédérale. Pour l’Allemagne, pour l’Europe, pour le monde, le 27 mars 2011 fera peut-être figure de date historique. Le Parti Chrétien Démocrate (CDU) tenait les rênes du Bade-Wurtemberg depuis 50 ans. Aujourd’hui, une coalition « écolo-socialo » a pris le pouvoir. Ce n’est pas rien. Après la Rhénanie du Nord-Westphalie et la Bavière, le Bade-Wurtemberg est l’Etat allemand le plus riche : des marques aussi prestigieuses que Audi, Mercedes et Porsche y ont leurs racines

Derrière l’intervention libyenne une question européenne

Français et Britanniques se battent ensemble en Libye. Les Allemands ont catégoriquement refusé l’intervention. Cette configuration n’empêchera certes pas Allemands et Français de se retrouver sur d’autres dossiers ni les Britanniques de conserver leurs relations privilégiées avec les Américains. Elle risque cependant d’affecter durablement les équilibres européens. D’autant qu’elle correspond à une réalité militaire et industrielle. Le traité « de coopération en matière de défense et de sécurité » signé en novembre dernier entre la France et le Royaume Uni, les deux principaux producteurs et

Libye : devoir d’explication

L’intervention en Libye part d’un bon sentiment. Il fallait agir vite si l’on voulait éviter le massacre des révoltés de Benghazi. L’accord obtenu à l’ONU est un heureux précédent pour légitimer l’ingérence humanitaire. Kadhafi est un horrible personnage. Tout cela est indéniable. Il n’en est pas moins vrai que la décision a été prise sans que les contre arguments aient été sérieusement examinés. Citons-en quelques uns : Les « comités populaires » de Kadhafi quadrillaient un pays de structure tribale quatre fois grand comme la France et peuplé seulement de 6 millions d’habitants. Ils

Alerte sur la dette américaine : une nouvelle … mais quelle nouvelle ?

La presse mondiale, non seulement financière mais généraliste, s’est fait aussitôt l’écho de cette nouvelle, et les marchés boursiers y ont réagi par une forte chute ponctuelle : la célèbre agence de notation Standard and Poor’s (S&P) vient de mettre sous surveillance négative pour une éventuelle dégradation, la note, le fameux AAA qui est la meilleure possible, des obligations du Trésor américain. Il est vrai qu’avec une dette publique de près de 15 000 milliards ou, pour parler franglais, 15 trillions de dollars, environ 100% du PIB, et un déficit budgétaire d’environ 10% du PIB, les Etats