France

Cauchemar résidentiel

Etre propriétaire, c’est épatant si l’on reste toute sa vie dans la même maison ou si les prix ont monté avant qu’on ait besoin ou envie de la revendre. Etre propriétaire, c’est épouvantable si l’on a perdu son emploi, qu’il n’y a pas de travail dans la localité où l’on se trouve et personne qui veuille racheter votre logement à un prix suffisant pour rembourser les emprunts contractés. Le cas – hélas ! – est de plus en plus fréquent. Des millions d’ex « heureux propriétaires » se retrouvent « scotchés ». Aux Etats-Unis - pays emblématique de la mobilité - la surprise est de taille. Jusqu’à la

Le secret du « Made in Germany »

Les élites françaises sont intelligentes mais trop généralistes. Le défaut est si ancien qu’une anecdote, datant des années 60, me revient en mémoire. Des bons esprits se réunissaient alors au « Club Jean Moulin » dans l’espoir d’un renouvellement de l’art de gouverner. Un soir, au cours d’un débat sur l’économie, un homme de grande qualité, brillant et respecté, émit l’opinion que l’industrie française allait rapidement devancer l’industrie allemande. Pourquoi ? « Parce que la France se spécialise dans les secteurs d’avenir, notamment l’informatique, alors que l’Allemagne s’encroûte dans le

Pour la dépendance vive l’assurance !

On a pu croire, pendant quelques jours, que Nicolas Sarkozy avait lancé un ambitieux débat sur la couverture du risque dépendance, complément logique de la réforme des retraites. Au cours de son intervention télévisée du 16 novembre, il a même reparlé de création d’une « nouvelle branche de la sécurité sociale » pour couvrir ce « cinquième risque » avec un calendrier qui semblait précis : consultation pendant six mois, loi à l’automne 2011. Et puis, dès le discours de politique générale du super-premier ministre François Fillon, le sujet semblait avoir dégringolé de plusieurs étages dans la

Reprofessionnaliser pour lutter contre le mal-être au travail

Les initiatives pour renforcer la place de l’humain dans la société ont pris de l’ampleur en France au cours de l’année 2010. Elles se sont déployées dans des cadres aussi divers que : L’Administration : le 30 juin, le Comité de modernisation du service public décide de renforcer le pilotage du projet d’amélioration de la performance de l’accueil dans l’Administration. L’entreprise : le 5 juillet, le nouveau patron de France Telecom annonce le projet « Conquêtes 2015 » dont une composante phare est de remettre l’humain au cœur de l’entreprise. La société civile : le 8 novembre, dans le blog de

Renforcer la culture du risque en France

A chaque sinistre systémique (crise boursière, alerte sanitaire, catastrophe naturelle, etc.), il est donné de repérer dans la société des attitudes préoccupantes : la réalité de l’exposition au risque était occultée, les mesures de prévention préconisées étaient au mieux négligées et au pire dénigrées, la survenance du risque est vécue comme un scandale, les préjudices subis par ceux qui n’avaient pas pris de mesures de prévention ou ne s’étaient pas couverts par l’assurance sont analysés comme des injustices, l’augmentation du coût de la couverture consécutive au sinistre est considérée

Merci à ... un officier allemand

En 1943, mes parents et moi vivions à Treignac, un bourg corrèzien où nous avions loué une petite maison au bout de la Grand rue. Tout était paisible … jusqu’à la nuit où des camions arrivent bourrés de soldats allemands. Ils appartiennent à la division « Das Reich » et sont chargés d’une mission « punitive » : ils doivent, par tous les moyens, « nettoyer » la région des maquisards et sympathisants. Dès le matin, ils font battre tambour pour que les hommes du village se réunissent sur la Grand place. Certains ne reviendront jamais, en particulier quelques Juifs qui ont la naïveté de se rendre

« Si j’étais Président » (jeu français)

On dit que les Français ne s’intéressent plus à la politique mais il suffit d’avoir écouté certaines conversations de vacances pour savoir qu’un de leurs jeux favoris pourrait s’intituler « Si j’étais Président ». Les propositions énoncées traduisent des inquiétudes et des aspirations diverses mais montrent, presque toutes, qu’une politique, pour être crédible, doit pouvoir se résumer en une phrase qui serve de pivot aux réformes à mettre en œuvre. C’est, en creux, le principal reproche fait à Nicolas Sarkozy. Le Président donne l’impression d’ouvrir des chantiers successifs et disparates. D

L’ère du mensonge

Colorier la carte de France. Tel était l’exercice demandé à un élève en classe de CE1. La maîtresse passe et, lui montrant la Corse, lui dit : j’ai demandé de colorier la France. Ce à quoi l’enfant rétorque : mais la Corse fait partie de la France. « Tu me copieras 100 fois "je ne réponds pas à la maîtresse".» Telle a été la sanction pour une parole de vérité. Autre situation : la marée noire en Louisiane. Un ingénieur de BP a écrit noir sur blanc dans un rapport interne de 2009 : le coffrage métallique de la plateforme n’était pas assez solide et qu’il pouvait céder sous la pression de la mer

Nucléaire : l’intelligence d’un client mécontent

La vente, par Areva, d’une centrale nucléaire de nouvelle génération (EPR) à TVO, un client Finlandais, ne contribue pas positivement, du moins pour le moment, à l’image de la filière nucléaire française. La livraison aura au moins trois ans de retard et Areva a dû mettre de coté dans ses comptes plus de deux milliards d’euros pour financer les surcoûts et les litiges. Dans cette situation, on n’a sans doute pas assez salué l’intelligence du client qui sera peut-être un jour considérée comme un cas d’école : tout en gérant le contentieux né du premier contrat, il négocie l’éventuel achat d’une

Retraites et illusions

En mythologie française, la retraite par répartition est « de gauche », la retraite par capitalisation « de droite ». En pratique, le jugement devrait varier à mesure que les gagnants et les perdants ne sont plus les mêmes. Quand il y a beaucoup plus d’actifs que de retraités, la répartition ne fait que des heureux : les actifs payent peu ; les retraités reçoivent beaucoup. Si le système n’est pas modifié quand la démographie change, il devient progressivement insupportable pour les actifs. C’est ce qui s’est passé en France au fil des ans. Le projet de réforme actuel ne fait qu’atténuer le