Economie

Retraites : n’oublions pas les jeunes

Eric Woerth, nouveau ministre du Travail, va piloter en France une nouvelle réforme des retraites qui s’annonce ambitieuse. Une concertation est prévue avec diverses parties prenantes et, en particulier, les syndicats. Mais attention ! Si les interlocuteurs ont en moyenne plus de 50 ans, le malentendu risque d’être grave car la « solidarité intergénérationnelle » ne peut pas être à sens unique et le débat se limiter à un « Comment faire payer durablement par les jeunes la retraites des vieux dont le nombre va croissant ». Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas à la fête. Ils galèrent pour

Points forts d’une Europe faible

L’hégémonie fait peur, qu’elle soit américaine ou qu’elle devienne chinoise. L’Europe ne fait plus peur, son passé colonial est derrière elle. Cette apparente faiblesse est un premier atout. L’Europe en a d’autres. Elle peut encore les gâcher mais ils existent et peuvent se révéler gagnants. D’abord, l’Europe incarne la réconciliation de peuples autrefois ennemis. Ensuite, le tourisme le prouve, elle symbolise un certain art de vivre. Enfin, son marché est si vaste qu’elle dispose (autant que les Etats-Unis et la Chine) d’un pouvoir normatif. Si elle décide que tel ou tel produit, pour telle

Pour un nouveau contrat de base entre l’entreprise et la société

Les dirigeants des Etats de la planète sont confrontés au redoutable défi de faciliter l’émergence d’une socio-économie qui serait porteuse d’un développement durable, harmonieux et pacifique. L’avenir, cependant, dépendra en grande partie du comportement des entreprises. Les gens et la société moderne en Occident ne tolèrent plus une entreprise dont toute l’attention est centrée sur le court terme et sur le profit pour l’actionnaire. Un nouveau contrat de base entre l’entreprise et la société est en train d’émerger. La société attend une entreprise qui : - se conduit comme un organisme vivant

Faillite des Etats et protection des peuples

Lorsqu’une entreprise fait faillite, la loi ne protège pas uniquement les créanciers. Elle essaye de tenir compte des autres besoins. Pour les Etats rien n’est prévu. En cas de défaillance, les peuples sont en danger. De ce constat, deux conclusions opposées peuvent être tirées. La première consiste à affirmer qu’il est urgent de mettre sur pied un Droit des faillites applicable aux Etats. La seconde souligne que l’existence même d’un tel Droit inciterait les Etats non défaillants et les institutions internationales à se croiser les bras au lieu de voler au secours des pays en difficulté. L

Obama, Sarkozy : même cause, mêmes effets

En 2007, la crise n’était pas encore patente. Sarkozy a fait campagne sur le thème « Travailler plus pour gagner plus ». Dès son arrivée au pouvoir, il a détaxé les heures supplémentaires. La montée du chômage l’a pris à contre-pied. La fragilité du tissu social lui est apparue. Pour faire passer quelques réformes, il a humanisé son discours et donné des gages à la CGT. En 2008, la crise semblait surtout financière et l’économie dite « réelle » n’était que partiellement affectée. Obama, a fait campagne sur le thème de la justice et s’est engagé à réformer rapidement le système de santé. En

Crépuscule du théorème de Schmidt

Helmut Schmidt, quand il était chancelier de l’Allemagne Fédérale, a rendu célèbre un théorème de son invention. « Les profits que font les entreprises aujourd’hui, disait-il , sont les investissements de demain et les emplois d’après demain ». C’est encore partiellement vrai car, si les entreprises ne faisaient plus de profits, les investissements se tariraient. Le raisonnement, cependant, perd de sa simplicité puisque, dans le cadre de la mondialisation, beaucoup d’investissements partent à l’étranger et beaucoup de profits viennent de l’étranger. En Occident, le rôle des Etats devient

Sans ingénieurs, pas d’industrie !

A force de sous payer les ingénieurs, de bien payer les vendeurs et de sur payer les financiers, les pays, que l’on dit avancés, finissent par éloigner leur jeunesse de l’industrie. L’Allemagne fait (un peu) exception dans la mesure où des ingénieurs peuvent, à l’intérieur des entreprises, gravir l’échelle des responsabilités jusqu’à devenir patrons. A l’autre bout du spectre figurent les Etats-Unis. Ce pays (300 millions d’habitants), champion de l’innovation et incomparable fertiliseur de start-ups, forme à peu près autant d’ingénieurs que la Corée du Sud (50 millions d’habitants). A ce

Désindustrialisation de la France

J'ai eu récemment l'occasion de me rendre en Allemagne par le chemin des écoliers en traversant les Vosges et l'Alsace. Les vallées vosgiennes offrent un spectacle bien triste : on y va d'usines abandonnées en ruines industrielles, vestiges d'une mono-économie centrée sur le textile. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, après avoir franchi le Rhin on se retrouve dans le Bad Wurtemberg et la Forêt Noire, parfait symétrique (géologique tout au moins) des Vosges. Le spectacle change radicalement. Chaque agglomération, chaque village, a sa zone industrielle avec des usines rutilantes et des

Régulations bancaires : l’Europe à contre-pied

Barack Obama s'est prononcé pour l'interdiction de toute activité spéculative et donc du "trading pour compte propre" des banques de dépôts. Nicolas Sarkozy, dans son discours de Davos, a semblé lui apporter son appui. Michel Barnier, commissaire européen en charge de ces questions complexes, s’est déclaré contre cette idée dans un délai de réaction incroyablement court pour quelqu’un qui, après tout, est un néophyte. Fallait-il politiquement faire plaisir à la City qui, devenue une simple annexe de Wall Street, est bien entendu contre toute régulation « dure » de l’activité des banques d

L’euro et la métaphore corse

Si la Corse était indépendante, son déficit commercial serait chronique et sa monnaie connaîtrait des dévaluations successives. Cela ne se voit pas car les comptes de la Corse sont noyés dans les comptes de la France. De même pour la plupart des régions du Sud de l’Italie. Celles du Nord en sont de plus en plus conscientes et un parti politique, la « Ligue », veut limiter les transferts de richesses. Malgré ces tensions, l’unité italienne n’est pas directement menacée. La nation tient le coup. En ira-t-il de même pour l’Euroland ? La Grèce, premier maillon faible, promet de se restreindre et a