Démocratie

Pour la ré-invention d'un nouvel humanisme politique

Par goût et par expérience, Jean-Paul Delevoye est un observateur privilégié des évolutions de fond qui traversent le fonctionnement de notre société. En 2010, frappé par l’expérience qu’il vivait de médiateur de la République, il était venu au Club des vigilants nous parler de « La République en danger ». Il a depuis été président du Conseil économique, social et environnemental et occupe aujourd’hui la fonction de haut commissaire à la réforme des retraites (après avoir présidé cette année la commission nationale d’investiture aux législatives d’En Marche !). Son intervention et les échanges

Rwanda : ouvrons les archives !

Depuis quelques semaines, les accusations sur le rôle de la France pendant le génocide des Tutsis et des Hutus modérés se précisent*. La France aurait, en juin 1994, livré des armes aux forces gouvernementales rwandaises, responsables et actrices du génocide, alors en déroute face au FPR de Paul Kagamé et qui s’apprêtaient à passer au Zaïre. Outre qu’à cette date le génocide était consommé et que personne ne pouvait l’ignorer — encore moins les autorités françaises remarquablement informées par la DGSE et des organisations humanitaires —, le commerce des armes avec l’ensemble des belligérants

Le troisième saccage

Ce sera donc le troisième saccage. Dans un cycle d’une quinzaine d’années, le pouvoir fédéral américain se sera rendu responsable de trois séries d’événements cataclysmiques : la guerre en Irak, la dérégulation spéculative de l’industrie financière à l’origine de la crise de 2007, aujourd’hui la déstabilisation des instruments diplomatiques et juridiques de la lutte contre le réchauffement climatique. Les conséquences de cette dernière ne sont pas encore mesurés mais ils sont à peu près certains : l’impossibilité de contenir la hausse du climat à 2° et le cortège de dévastations qui s’ensuivra

Esprit de compromis contre esprit de radicalité

Lors du débat du second tour, celui qui était encore candidat a opposé l’esprit de conquête à l’esprit de défaite, cinglant résumé des forces en présence. La joute électorale passée, une autre dichotomie s’annonce tout aussi importante : esprit de compromis contre esprit de radicalité. Au premier tour, deux partis qui ont pour fonds culturel la radicalité ont totalisé 40% des voix. Ils partagent une culture du tout ou rien où le gagnant-gagnant est synonyme de soumission, mot-valise tant entendu pendant la campagne. Tendance nationale-mortifère ou libertaire-insoumise, ces radicaux désignent

Le président de la République a trop de pouvoirs en France

Ouf. Emmanuel Macron a été convenablement élu président de la République. Et nous faisons tous les vœux possibles pour qu’il réussisse. Mais imaginons notre consternation si le monarque républicain désigné le 7 mai par les électeurs avait été Marine Le Pen et qu’elle ait obtenu une majorité à l’Assemblée Nationale les 11 et 18 juin. Nous verrions toutes les dispositions conçues pour et par le Général de Gaulle pour éviter « l’impuissance » des gouvernements à permettre à un dirigeant dangereux pour la démocratie de s’emparer de toutes les manettes. Et pendant cinq ans nous nous interrogerions

Plaidoyer pour l’élite du temps présent

La campagne présidentielle est le point d’arrivée d’un long processus de rejet des élites politiques. L’absence, au second tour, des partis de gouvernement piliers de la V e république pourrait l’illustrer de façon spectaculaire. Plus généralement, une illégitimité semble frapper quiconque revendique une parcelle d’autorité. Aux fautes individuelles s’ajoute le reproche de protéger un système inégalitaire et indifférent au sort des vrais gens. L’engouement pré-électoral pour le tirage au sort est une autre facette, n’importe qui plutôt que ceux qui ont l’ambition de se distinguer ! La tendance

Emmanuel, dissipe les doutes !

Emmanuel Macron a de la chance, il en faut en politique. Mais quid de son programme? De son mouvement? De son futur gouvernement, s'il parvient à l'Elysée. Il doit d'ores et déjà répondre à ces interrogations. Par Pierre-Yves Cossé, ancien commissaire au Plan. Quand on fait de la politique, il est nécessaire d'avoir de la chance, autrement il faut faire autre chose. Si l'adage de Raymond Aron est exact, Emmanuel Macron se doit de continuer en politique. Quelle accumulation en quelques semaines ! Retrait de François Hollande ; puisque César s'est mué en Cincinnatus, il n'y a plus de Brutus et

Les USA, une « Trump country » ? Pas si simple…

Dès son arrivée au pouvoir, Trump, fidèle à ses provocations et, surtout, à ses promesses de campagne (plutôt positif pour un président, n’est-ce pas ?), s’est empressé de signer tout une série de décrets sous les vivats de ses supporters et les huées de ses détracteurs. La presse, d’ailleurs, n’a pas manqué ces images soigneusement mises en scène d’un Donald Trump signant, avec son éternelle moue dédaigneuse, ces décrets controversés, comme un directeur des notes de service. Mais voilà : les USA ne sont pas une entreprise dont Donald Trump serait le CEO. C’est une dé-mo-cra-tie, solide de

Et s’il n’y avait qu’un seul tour !

Les stratégies se font et se défont à l’aune des réalités. Quand la vision n’est pas là, quand l’intérêt personnel dépasse l’intérêt général, alors le champ des possibles s’ouvre et l’impensable devient réalisable. Les gauches se déchirent et la droite démontre au quotidien son incapacité à se rassembler. Les médias, perdus, s’en remettent désormais aux discours des extrêmes laissant le citoyen perplexe et désorienté. Qui d’entre nous à l’heure actuelle a la conviction de son prochain choix ? Alors on déroule le tapis rouge ou plutôt bleu marine, et l’on voit des journalistes déjà se ranger

Trumper le peuple

Stupeur et inquiétude envahissent la planète après l'élection surprise de Donald Trump. Les analystes se mettent au travail pour tenter d'expliquer pourquoi c'est arrivé. Les politiques réfléchissent à comment il va falloir gérer Trump Président. Notons d'abord que Hillary a obtenu plus de voix que Donald, avec encore 45 % d'abstentions. Ensuite, les républicains ne disposent désormais que d'un voix de majorité à la chambre des représentants. Quand on se rappelle que de nombreux élus républicains ont désavoué Trump pendant la campagne, on peut pronostiquer quelques embardées dans le système