Société

Un chemin long et difficile

Cher Henrique, Tes questions à propos des conséquences possibles de notre élection présidentielle tombent à pic. Je dois écrire un papier à ce sujet sous forme d’une lettre à un ami étranger, j’en profite. Tu sais comme moi que la France se trouve, au moins pour ce qui concerne son économie, bloquée comme un véhicule sur un rond point au milieu d’un embouteillage monstre avec peu de bretelles de sortie hormis des sens interdits et des voies sans issues. On sait comment cet embouteillage s’est formé depuis trente ans, de Giscard - Mitterrand jusqu’à Sarkozy. Il demeurera inextricable tant que

Nos démocraties sont fatiguées

Tu me demandes où va la France ? Difficile de te répondre, nous ne sommes pas un peuple simple. Il y a quelques années on pouvait lire dans News Week « les français sont presque aussi importants qu’ils le croient ». Ainsi avons-nous l’impression que l’alternance du 6 mai va changer le cours de l’Europe. Mais comme nous sommes également le peuple le plus pessimiste de la terre nous n’attendons pas grand-chose du nouveau Président. Où mon pays peut bien aller ? J’ai du mal à trouver les mots pour te le dire. D’ailleurs, nous manquons de mots. Ça ne se limite pas à la France et ça ne date pas d

La France a un problème de passage à l’acte

Mon cher Wang, J’imagine que tu dois contempler avec incompréhension et inquiétude la crise persistante qui affecte l’Europe et plus particulièrement la « zone euro ». La crise financière provoquée par les grands déséquilibres consécutifs à une globalisation mal maîtrisée et par la dérégulation voulue par les USA et le Royaume-Uni provoque aujourd’hui une grande instabilité politique en Europe, en Grèce, en Italie, en Espagne. Elle affecte également d’autres pays, notamment la Hollande et même la France. C’est que le processus d’intégration engagé en Europe depuis plus de 50 ans est aujourd

L’opposition à sa Majesté Merkel

Cher Helmut, La presse financière anglo-saxonne (FT et The Economist) a été négative sur la campagne électorale française comme sur le candidat finalement élu, François Hollande. Ce n’est pas complètement nouveau. On se souvient de la « Une » de The Economist montrant le déjeuner sur l’herbe de Manet, avec Hollande et Sarkozy mollement étendus aux côtés de jeunes femmes dévêtues. C’était, comme souvent avec The Economist, très intelligent, très amusant, et assez faux (je pense à leur « Une » aux débuts de la crise saluant un petit coup d’arrêt salutaire au crédit trop facile). La France va-t

La France souffre, la France est fragile

La France vient de se donner un nouveau Président de la République. Il va avoir fort à faire. Car la France souffre, la France est fragile. Certes, nous autres français, sommes réputés pour être particulièrement pessimistes. Diverses études montrent que nous sommes plus inquiets que la plupart des citoyens des autres pays vis-à-vis de l’avenir de notre pays. C’est un fait que de nombreux problèmes se sont fait jour ou fortement aggravés depuis une dizaine d’années : le chômage et la précarité, des jeunes notamment, le montant – abyssal - de la dette souveraine, le déséquilibre récurrent de nos

« Où va la France ? »

A la demande du comité éditoriale, plusieurs membres du Club ont écrit à des amis étrangers (réels ou imaginaires) qui, après l’élection présidentielle se demandent « Où va la France ? ». La diversité et la qualité des points de vue exprimés reflètent l’indépendance et le sérieux de notre association. Ces points de vue seront, progressivement, publiés sur le Blog et une synthèse en langue anglaise de ce florilège sera prochainement disponible. Nous espérons que les membres du Club ainsi que tous les internautes les enrichiront de leurs commentaires. Merci.

Gagner pour perdre ? Danger

Pour gagner l’élection, il est certes utile : De ne pas trop parler d’ austérité, De laisser croire que la croissance va reprendre à partir de bonnes mesures d’assainissement de nos finances publiques, De laisser croire que le chômage va diminuer à partir du retour de la confiance que nous allons rétablir, De répéter que la création de 60 000 emplois dans l’enseignement et le contrat de génération ont un coût apprécié par des experts extrêmement compétents dont ils ont trouvé le financement, De répéter que l’on supprimera le moins possible d’emplois dans le secteur public, sauf dans les zones

Etat « cigale » et Peuple « fourmi »

Le taux d’épargne des ménages français, déjà l’un des plus élevés au monde, a encore grimpé, atteignant 16,8 % fin 2011, et renouant ainsi avec un record d’il y a près de 30 ans. Cela n’est pas bon signe pour les moteurs de la croissance, puisque ce qui est épargné n’est pas consommé, et que, côté investissement, l’épargne des Français est majoritairement constituée d’immobilier et minoritairement de placements en comptes sur livrets et en assurance-vie qui ne sont que très marginalement affectés aux entreprises. Resterait le moteur de l’exportation, mais celui-ci, toujours plombé par un Euro

La dette et la diète

Quelques réalités européennes toutes simples s’imposeront au prochain président de la République française, qu’il s’appelle Hollande ou Sarkozy : - L’Allemagne est au centre du jeu. - La récession, qui frappe non seulement la Grèce mais d’autres pays de la zone euro dont le Portugal, l’Irlande et l’Espagne, illustre les limites d’une austérité imposée. Comme le dit George Soros : « On ne peut soigner la dette uniquement par la diète ». - La récession, qui atteint désormais la Grande Bretagne, prouve, en outre, que le décrochage progressif d’une monnaie (équivalant à une dévaluation) ne suffit

Ingénieurs : prémices d’un retour en grâce

L’industrie allemande a perdu la guerre mais a gagné la paix. C’est grâce à elle et à ses gains à l’exportation que le chancelier Kohl a pu disposer de milliards pour amadouer Gorbatchev et contribuer à le convaincre d’accepter la réunification de l’Allemagne. C’est encore grâce à elle que cette réunification a pu se transformer (lentement et péniblement) en réussite économique. Et c’est toujours grâce à elle que l’Allemagne figure aujourd’hui parmi les gagnants au grand jeu de la mondialisation. Une vigoureuse tradition a permis à l’industrie allemande de résister aux assauts de la finance