Politique

La tentation de Blair

David Cameron, le nouveau leader du Parti Conservateur britannique, est aussi jeune que Tony Blair l’était lorsqu’il a pris en main le « New Labour ». Il a aussi fréquenté les mêmes écoles et animé le même club dans la même université. De là à dire que Blair peut avoir plus de sympathie pour cet adversaire qu’il n’en a pour son successeur désigné, il n’y a pas loin. Gordon Brown, l’actuel ministre des finances a toujours été son rival et attend avec une impatience (trop) visible de prendre la relève. Il est un peu pour Blair ce que Rocard était pour Mitterrand. Le Premier ministre éprouverait

Désir de rupture

Sarkozy ou Villepin ? Ségolène ou un « Monsieur » ? Les Français ne parlent que de cela et il n’y a pas de quoi sourire. La France roupille depuis 18 ans et les gens ont compris qu’il était temps que ça bouge. Le deuxième septennat de Mitterrand a été celui d’un homme malade qui se réfugiait dans le « ni-ni ». L’immobilisme a continué sous Chirac dont c’est, sans doute, la nature profonde. Le malaise est, aujourd’hui, si palpable que les candidats ne peuvent plus se permettre de faire campagne sur le thème de la continuité. Sarkozy l’a compris depuis longtemps puisqu’il a été le premier à

Afghanistan : printemps pourri

Action Contre la Faim procède à la réouverture de bases qui fonctionnaient au ralenti pendant la période hivernale. Isabelle Moussard-Carlsen, responsable géographique pour l’Afghanistan, écrit, dans une communication datée du 23 mars : « Le retour du printemps, la réouverture progressive des cols de montagnes et des routes s’accompagnent de la recrudescence de l’insécurité. Le mollah Omar a lancé un appel pour faire de l’Afghanistan « un four en flammes ». A Kaboul, le nombre des victimes d’attentats a doublé sur la période 2005/2004. Nombreux incidents entre les Talibans d’une part et les

Coups tordus

L'affaire Clearstream provoque, avec raison, la nausée chez beaucoup de nos concitoyens. Quelle que soit la vérité et l'issue de ce sombre épisode de la vie politique française, on ne peut qu'être choqué par la bassesse des moyens employés par certains à seule fin d'assouvir des ambitions personnelles. Nous sommes bien loin des discours flamboyants et moralisateurs au Conseil de sécurité de l'O.N.U.. Nous devenons la risée du Monde. Les coups tordus ont toujours existé, et dans tous les pays. Ce qui est particulièrement choquant dans l'affaire Clearstream, est l'implication de nos services de

Viva Espaňa

Juan qui pleure souligne le déficit record du commerce extérieur espagnol. Juan qui rit note que le chômage est en baisse et que, parmi tous les pays d’Europe, l’Espagne est, après l’Irlande, celui qui affiche le meilleur taux de croissance. Pour le public, c’est cela qui compte. Le moral est bon. Les Espagnols, à la différence des Français, ont confiance dans l’avenir. Sans doute avec raison car les finances publiques sont saines, le budget est même en excédent et, l’euro servant de rempart sur le plan extérieur, on ne voit pas pourquoi le pays devrait sacrifier son développement sur l’autel

Canada : go West

Stephen Harper est le nouveau Premier ministre de la Fédération Canadienne. Le parti conservateur, dont il est le chef, a battu les Libéraux au pouvoir depuis 12 ans. La novation cependant est ailleurs, M. Harper est originaire de l’Alberta, un Etat de l’Ouest canadien dont les réserves en pétrole, en gaz et surtout en sables bitumineux sont immenses. Or, la constitution fédérale stipule que chaque Etat possède les ressources naturelles situées sur son territoire. M. Harper ne s’est nullement engagé à changer la Constitution mais sait que 3 millions d’Albertains ne doivent pas devenir

Prévenir les dictatures ou convertir les dictateurs

Milosevic est mort avant que le Tribunal Pénal International ait pu condamner le dictateur qui a supervisé « l’épuration ethnique ». Sa culpabilité ne fait pas de doute mais le drame aurait peut-être pu être évité si l’Europe, en amont, s’était montrée plus vigilante. A la mort de Tito, en 1980, les dirigeants européens craignaient l’embrasement de la Yougoslavie. Pas encore aveugles, ils ont huilé les rouages de la succession en accordant quelques aides économiques. Les choses, en apparence, se passaient bien : une présidence tournante semblait fonctionner et, en 1984, Sarajevo accueillait

Etats-Unis : guerre de demain, pensées d’hier

Donald Rumsfeld est incorrigible. Même lorsqu’il décrit des menaces modernes, il pense à des remèdes d’un autre âge. « Nous livrons aujourd’hui, a-t-il dit dans un message au Council on Foreign Relations, la première guerre de l’ère des emails, des Blogs, des messageries, … nous devrons [donc] développer notre capacité d’anticipation et de réaction en matière d’information ». Après un tel diagnostic, on s’attendrait à l’énoncé d’un projet novateur. Mais pas du tout ! « Pendant la guerre froide, ajoute le Secrétaire d’Etat à la Défense, des médias comme Radio Free Europe se sont avérés très

Iran : l’effet Le Pen

Un ami français qui séjourne régulièrement en Iran est revenu récemment. Selon lui, de très nombreux Iraniens ont voté pour Ahmadinejad sans croire qu’il pouvait vraiment être élu. C’était un vote de protestation, vaguement comparable à celui de certains Français qui ne pensaient pas, en 2002, que Le Pen pouvait distancer Jospin. Maintenant, l’ambiance est mitigée. Tous les Iraniens soutiennent Ahmadinejad lorsqu’il place l’affaire nucléaire sur le terrain de la fierté nationale. En revanche, le nouveau président agace par son rigorisme. Les jeunes (et pas seulement ceux des quartiers huppés)

Assèchement de la créativité politique

Aux Etats-Unis, le « New Deal » de la fin des années 30 a été créatif. La préparation et la conduite de la guerre l’ont été également. Le « Plan Marshall » et l’appui donné à la construction de l’Europe ont marqué une profonde novation de la pensée politique. Par la suite, la « guerre froide » a gelé les cerveaux et Eisenhower s’est inquiété, à juste titre, de l’influence croissante du « complexe militaro industriel ». L’amour de la technologie s’est emparé des esprits et l’idée s’est répandue qu’une suprématie militaro technologique pouvait suffire à venir à bout de toutes les crises. De « La