Politique

La démocratie change de visage…

A la faveur de la crise, l’homme politique généraliste reflue pour laisser place à des profils plus techniques et beaucoup moins politiques. C’est particulièrement vrai en Italie avec la récente nomination de Mario Monti mais aussi en Grèce avec l’arrivée aux forceps de Lucas Papademos… En soi, il n’y a rien d’illégitime à nommer à des postes de responsabilité des hommes et des femmes connus pour leurs compétences techniques. En revanche, il ne faudrait pas que la technocratie soit le seul vivier des futurs hommes et femmes politiques. Si tel devait être le cas, la démocratie y perdrait en

Les marchés sont révolutionnaires

Qui sont ces marchés qui sifflent sur nos têtes ? Nés de la rencontre organisée des acheteurs et des vendeurs de risques et de produits où se forme un point d’équilibre, ils sont devenus une abstraction désignant des forces profondes capables de diriger les événements avec une extra lucidité souterraine, digne de la ruse de la raison hégélienne. Les marchés ont leur grammaire. Dans leur langage, ils viennent de dire que le système fondé sur la distribution de pouvoir d’achat grâce à l’endettement plutôt que la recherche laborieuse de valeur ajoutée a atteint ses limites. Accessoirement, ils

Le gène de finitude …

Tout le monde en France ne cesse de se plaindre de la complexité des lois et règlements administratifs ainsi que du magnifique millefeuille de nos textes… On peut se demander pourquoi une telle situation semble être une spécialité française ... Peut-être parce qu’en bon esprit cartésien nous pensons que toute « vérité » exprimée par une loi humaine est presque de nature « divine » donc éternelle ? Toute loi, toute règle, toute convention devrait être comme tout être vivant, mortelle par nature. Par contre, la « résurrection » donc une seconde vie ne devrait pas être impossible… Comment ? En

Reconstruction

La gestion économique et financière de la France (comme de la plupart des pays occidentaux) se heurte à ses limites. Nous tendons vers une situation d’insolvabilité qui peut nous amener, à moins de changer profondément de modèle, non seulement à rogner largement sur les prestations sociales, mais aussi à entraver dangereusement le bon fonctionnement des services de l’Etat et des collectivités locales. Si nous ne prenons pas l’initiative du changement, il s’imposera à nous probablement très vite, à savoir le jour où les marchés financiers ne prêteront plus à la Grèce, l’Italie, etc., y compris

L’Europe, pourquoi faire ?

« Quand on veut, on peut ! » est un adage français. « Where there is a will, there is a way » est l’adage anglais correspondant. L’idée est la même mais la distinction entre le “ will” et le “ way” rend les choses plus claires : pour qu’une réelle volonté puisse se manifester, il faut qu’il y ait un but, c’est-à-dire l’impératif d’un « pourquoi » tandis que le « chemin » évoque le choix des moyens, c’est-à-dire la contingence du « comment ». Après la guerre, le « pourquoi » de l’Europe était lumineux : il fallait enterrer les vieilles querelles qui avaient ensanglanté l’Ancien Continent et s

Ténacité et courage vs velléité

Lorsqu’une personne est malade, elle va voir un médecin qui va établir un diagnostic et prescrire une ordonnance. Sauf, mauvais diagnostic, à la fin du traitement, la personne est rétablie. Filons cette parabole à quelques cas concernant non pas une personne mais un pays, en l’occurrence la France. Je citerai trois exemples : Prenons le cas des PME-PMI. Depuis le début de mes études en économie dans les années 80, j’entends et je lis le même diagnostic : absence de taille critique, faiblesse du développement à l’international, maigre niveau d’innovation… Près de trois décennies plus tard, rien

Russie : dangereuse chorégraphie

Samedi 24 septembre : les délégués du parti Russie-Unie sont réunis en congrès au stade Luzhniki à Moscou. Le Président, Dimitri Medvedev, annonce que le Premier ministre, Vladimir Vladimirovitch Poutine, sera candidat aux élections présidentielles de mars 2012 et demande qu’on le soutienne. Les 11.000 membres présents se lèvent et applaudissent. L’ex et futur président remercie et affirme qu’un « accord sur ce qui devrait être fait » était intervenu entre Medvedev et lui « il y a plusieurs années ». Vrai ou pas vrai ? Aucune enquête sérieuse n’est disponible pour mesurer ce que pense l

Argent et politique

La France et les Etats-Unis sont, chacun à leur manière, deux exemples à ne pas suivre. En France, les campagnes électorales sont prises en charge par l’Etat. Hormis des dons individuels strictement limités, les contributions privées sont interdites. Résultat : il y a de la triche ; des « mallettes » circulent. Aux Etats-Unis, les limites précédemment fixées aux contributions privées ont été levées. Chacun donne ce qu’il veut à condition que cela soit fait ouvertement. Résultat : l’argent en provenance des intérêts les plus puissants peut faire pencher la balance. Conclusion : de bons exemples

L’indignation en tant que préalable

Avant de décerner le prix Nobel de la Paix à trois activistes des droits de la Femme (deux libériennes et une yéménite), le jury norvégien avait songé à désigner Stéphane Hessel dont l’« Indignez-vous ! » a des répercutions mondiales. Cette quasi consécration a incité des hommes de bonne volonté à croire ou à prétendre que c’était le contenu de l’opuscule et non son titre qui était à l’origine du phénomène. L’auteur lui-même est allé jusqu’à émettre quelques réserves et à laisser entendre que le choix venait de l’éditeur. Si tel est le cas, Bravo l’éditeur ! Stéphane Hessel devrait le

Constitution américaine : un chef d’œuvre en péril

Les « Founding Fathers » l’avaient compris : faute de règles pérennes, les bonnes volontés sont passagères et aléatoires. Les constitutions sont faites pour que le respect des textes tempère les émotions. Ainsi, dans la plupart des cas, la cohabitation à l’américaine (Président d’un bord et majorité(s) parlementaire(s) de l’autre) a bien fonctionné. Le Président et les leaders des majorités parlementaires se rencontraient régulièrement et, de leurs délibérations, découlaient des compromis. Aujourd’hui, l’usine à consensus est en arrêt de travail. La majorité sénatoriale est prise en otage par