Géopolitique

Pourquoi la France ne protège pas vraiment l'Ukraine

Passés les articles d’usage (fin des combat, retrait des armes lourdes, échanges des personnes retenues illégalement, etc.) les accords de Minsk II entérinent une partition de fait de l’Ukraine. Ils prévoient, au plus tard fin 2015, une réforme constitutionnelle avec comme élément clé, une décentralisation compte tenu des spécificités de certains arrondissements, les régions de Donetsk et de Louhansk notamment, disent les accords avec une précision lourde de sens. Une note en bas de page détaille ce que décentralisation veut dire ici: nomination des procureurs, création de milices et

Immigration sauvage : et si nous changions de perspective…

Nous sommes tous atterrés par le drame qui vient de se dérouler en Méditerranée : 800 morts noyés dans des conditions atroces, enfermés dans les cales de bateaux épaves. Le monde politique s’agite, s’indigne, annonce qu’il faut, qu’on doit prendre des mesures. Il semble tétanisé, impuissant. Ces personnes qui souhaitent quitter leur pays pour vivre mieux chez nous (en Europe dans ce cas d’espèce) ont le droit de le faire. Ce droit fondamental est inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Devons-nous tous les accueillir ? Certes non, puisque nos capacités d’accueil sont

Carton vert à la Lituanie

La Lituanie vient de décider de rétablir le service militaire, qui avait été abrogé en 2008. La présidence lituanienne a indiqué avoir l'intention d'appeler chaque année 3500 jeunes de 19 à 26 ans sous les drapeaux pendant 9 mois. Ce pays manifeste ainsi l'intention de se doter progressivement de moyens supplémentaires de défense de son territoire. Cette décision s'inscrit dans le contexte de la montée des tensions géopolitiques avec la Russie. Le gouvernement lituanien avait manifesté un vigoureux franc-parler à l'égard des actions de la Russie en Ukraine. La présidente lituanienne avait par

La fabrication de l’ennemi

Interviewé par notre ami Sky pour la chaîne ThinkerView, Pierre Conesa, expert en relations internationales et stratégiques (y compris militaires), se livre, sans langue de bois, à une analyse géostratégique du monde tel qu’il va, en particulier depuis la chute de l’URSS. « Dans les années 90, l’URSS nous fait la mauvaise blague de disparaître », affirme-t-il. Que faire lorsqu’on n’a plus d’ennemi ? En créer un. Comment ? Pierre Conesa, avec une liberté de ton ébouriffante, démonte, dans cet entretien d’une heure et quart, les rouages de ce qu’il appelle « la fabrication de l’ennemi ». Il

En 2015, on saura si l’Union Européenne est capable de changer

Avec trois petites pages de conclusions, loin des énumérations fastidieuses précédentes, le premier Conseil européen présidé par Donald Tusk s’est inscrit dans le vent de renouveau qui souffle à Bruxelles. Deux priorités seulement ont été inscrites à son agenda : l’investissement et la situation en Ukraine. En même temps il entérine le programme de travail de la Commission et lui assigne des délais de trois à six mois, inhabituellement courts pour présenter les propositions de mise en œuvre. Pour l’investissement, il s’agit de créer un Fonds Européen pour les Investissements Stratégiques (FESI

Colombie : peut-être la fin d'une guerre de cinquante ans

Cette semaine, le Président Juan Manuel Santos effectue un tour des Capitales européennes (Madrid, Lisbonne, Bruxelles, Berlin, Paris et Londres) dans une assez grande indifférence. L’objet principal de cette visite concerne pourtant le processus de paix formellement engagé depuis octobre 2012, à l’issue d’une période de rapprochements secrets entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC). Les négociations qui se déroulent à Cuba visent « un accord général pour la fin du conflit et l’instauration d’une paix stable et durable » selon les mots d’Ivan Marquez l

Terrorisme : l’heure des choix difficiles

L’effet Werther est bien connu des spécialistes des sciences sociales. Le nom vient de l’ouvrage Les Chagrins du Jeune Werther, qui en faisant l’apologie du suicide, a provoqué une vague de suicides en Europe il y a plus de deux siècles. Cet effet stipule que les transgressions de normes humanistes se propagent de manière épidémique quand elles sont médiatisées sans être dénoncées publiquement. J’avais eu l’occasion de signaler, dans une alerte intitulée " Les chagrins du jeune Werther", que cet effet Werther s’appliquait particulièrement au terrorisme salafiste qui faisait école dans les pays

Où va le Nouveau Califat de l’EI ?

L’organisation "Etat Islamique en Irak et au Levant" (EIIL) a mené le 6 Juin 2014 une attaque foudroyante contre l’armée irakienne à Mossoul la deuxième plus grande ville du pays. Elle a réussi à occuper la ville et sa province (environ 38 000 km2) aussi bien que d’autres villes environnantes en moins d’une semaine. Certes il y eu des défaillances dans l’armée Irakienne, voire même des trahisons disent certains, mais cela n’aurait pas pu se passer si l’EIIL ne disposait que de pistolets et des mitraillettes. C’est avec une armée, bien fournie en armes lourdes et semi-lourdes, et en moyens de

Rwanda – Reconnaître ses erreurs

Depuis vingt ans, de façon répétée, par divers commentateurs, la France est associée à la responsabilité du génocide rwandais. Des plaintes individuelles suivent leur cours en justice, certains évoquent une complicité de génocide. Les accusations sont graves, souvent factuelles, parfois terribles. Elles visent l’Etat, l’armée et divers individus qui prospèrent dans la zone grise des conflits. La France aurait armé, soutenu, encouragé puis protégé un gouvernement et une organisation génocidaires. La justice va continuer de poursuivre les crimes et établir les responsabilités individuelles. Au

Ukraine/Russie : Si l’Europe avait approfondi avant de s’élargir…

Nous nous inquiétons des désirs de reconstitution de l’ex URSS que dénote l’annexion de la Crimée. Nous nous inquiéterions peut-être aussi de désirs de reconstitution de l’ex bloc soviétique si l’Union Européenne n’avait pas accepté un mouvement d’élargissement rapide aux pays d’Europe de l’Est qui rend cette hypothèse aujourd’hui inconcevable. Certes l’intégration des pays Baltes, de la Pologne, de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Roumanie et autres composantes de l’ex Yougoslavie et de l’ex Tchécoslovaquie n’ont pas simplifié la vie de l’Union. Mais la crise actuelle nous rappelle leur