Société

L’exemple du suicide assisté suisse, grand absent des Etats généraux de la bioéthique

Des débats complexes entourent la fin de vie médicalisée, c’est-à-dire l’arrêt des soins : où passe la frontière de l’acharnement thérapeutique ? Qui décide de l’arrêt des soins, des proches du malade ou des médecins ? Ces débats sont logiques : la fin de vie est désormais médicalisée pour l’immense majorité des Français. Mais ils transforment un débat éthique sur la fin de vie en un débat d’éthique médicale sur la fin de vie médicalisée. Du coup, une autre question éthique fondamentale se trouve mise de côté : au nom de quelle morale interdit-on en France l’assistance au suicide ? Mes deux

Combien de Français pas vraiment... français ? Les chiffres qui obligent à réfléchir

Combien de Français d’origine étrangère ne se sentent pas complètement français ? Parce qu’ils sont éternellement considérés comme « d’origine asiatique, africaine, maghrébine ». Ou parce qu’ils n’ont pas envie de s’intégrer. Ou pour ces deux raisons réunies qui se nourrissent l’une l’autre. Difficile d’être précis. On peut seulement soupçonner que ce nombre trop important fait peser de graves dangers sur la société française. C’est pourquoi un groupe de travail du Club a décidé de creuser la question depuis l’automne. Faute de chiffrer directement la « non-intégration » on peut cerner l

Julien Damon : Vouloir «zéro SDF» impliquerait d’être moins permissif.

C’est bien de se donner comme objectif d’avoir zéro Sans Domicile Fixe en France, but qui semble désormais faire consensus chez les politiques. C’est un « appel à réformer » les politiques menées dans ce domaine. En adoptant un tel objectif, l’ État s’oblige à « vérifier si l’action est efficace » et à en mesurer les résultats. Mais, pour que la perspective ainsi tracée ait un sens, il faudrait une politique européenne de l’immigration (ou une fermeture des frontières), il faudrait être capable de mieux mesurer le nombre de SDF et il faudrait envisager « d’empêcher les gens de dormir dehors »

La fin de la domination masculine, symptôme de la métamorphose de nos sociétés

Depuis quelques jours paraissent dans les médias de nombreux articles en réaction au « texte des 100 femmes » publié dans le Monde le 9 janvier par un collectif de femmes pour manifester leur opposition « féministe » à l’égard du mouvement #MeToo (en France #BalanceTonPorc), rendu possible par sa véritable propagation sur Twitter. Ce texte semble très symptomatique de la période de transition, parfois difficile, que nos sociétés traversent. C’est ce qu’Alain de Vulpian (auteur de « Eloge de la Métamorphose. En marche vers une nouvelle humanité », éditions Saint-Simon, prix de l’Essai de l

Pour la ré-invention d'un nouvel humanisme politique

Par goût et par expérience, Jean-Paul Delevoye est un observateur privilégié des évolutions de fond qui traversent le fonctionnement de notre société. En 2010, frappé par l’expérience qu’il vivait de médiateur de la République, il était venu au Club des vigilants nous parler de « La République en danger ». Il a depuis été président du Conseil économique, social et environnemental et occupe aujourd’hui la fonction de haut commissaire à la réforme des retraites (après avoir présidé cette année la commission nationale d’investiture aux législatives d’En Marche !). Son intervention et les échanges

De l'opinion ou la société de l'invective

Qui y a-t-il de plus respectable que l’opinion d’une personne ? En cette période troublée - elle l’est depuis longtemps -, certaines personnes détiendraient la vérité plus que d’autres. Il y aurait ceux qui savent et ceux qui sont dans l’erreur et, qui plus est, dans l’erreur absolue. A l’aune de cette situation des murs et des frontières se construisent, séparant les "bien-disants" de la frange "mal-pensante" de la population. On ne cherche plus à comprendre l’autre, on le pourfend et le renvoie à son infamie. On ne débat plus, on critique et on calomnie la personne au lieu d’en considérer

Algorithmes : les outils de la vigilance sont en chantier

Les algorithmes qui traitent les multiples données que l’on collecte sur nous (les big data) doivent être surveillés. Encore faut-il disposer des outils nécessaires. Leur collecte et leur perfectionnement sont en cours. C’est ce qu’a expliqué Nozha Boujemaa, directrice de recherche à l’INRIA, Chargée de la plateforme Transalgo, lancée à la suite de la loi pour une République numérique. Elle était l’invitée du Club des vigilants le 12 septembre. Cette spécialiste internationale des « datas »** n’a certes pas peur des algorithmes… Sans eux « les données sont inertes » et ils rendent donc des

Homo Deus : faut-il avoir peur des algorithmes ?

Sur quels enjeux notre civilisation va-t-elle exercer son pouvoir collectif, non pas à 20 ans, mais à 100 ou 200 ans ? Dans cette perspective longue, Yuval Noah Harari ( Homo Deus, A Brief History of Tomorrow, 2016 pour la version anglaise, 2017 pour la version française à paraître) nous annonce d’emblée que nos trois problèmes historiques, la faim, la maladie et la guerre, peuvent être considérés comme résolus. Sa thèse principale est celle d’une prise de pouvoir par les algorithmes, dont la prochaine Matinale du Club permettra de débattre le 12 septembre grâce à Nozha Boujemaa, spécialiste

Edith Cresson et les Ecoles de la 2e chance ou comment contourner les blocages du système français pour faire réussir des jeunes qui ont tout raté

« Chaque année, plus de 100 000 jeunes sortent sans diplôme du système scolaire ». Plus de 20 ans après avoir initié son projet des « E2C », Edith Cresson continue d’affirmer sa révolte. « C’est criminel de mettre des jeunes dans un système dont on sait qu’il ne fonctionnera pas ! ». Il ne s’agit pas de tous les jeunes mais de « ceux qui, principalement par manque d’appui au sein de leur famille ET par l’inadaptation du système scolaire français, échouent très jeunes et se retrouvent hors course ». Ces jeunes ont « lâché » et ont été lâchés : 20% de ceux qui sortent de CM2 ne savent pas

Plaidoyer pour l’élite du temps présent

La campagne présidentielle est le point d’arrivée d’un long processus de rejet des élites politiques. L’absence, au second tour, des partis de gouvernement piliers de la V e république pourrait l’illustrer de façon spectaculaire. Plus généralement, une illégitimité semble frapper quiconque revendique une parcelle d’autorité. Aux fautes individuelles s’ajoute le reproche de protéger un système inégalitaire et indifférent au sort des vrais gens. L’engouement pré-électoral pour le tirage au sort est une autre facette, n’importe qui plutôt que ceux qui ont l’ambition de se distinguer ! La tendance