Démocratie

Résilience démocratique

Il y a deux ans, les démocraties occidentales paraissaient poussées vers un déclin inexorable. Prises au dépourvu par la pandémie du COVID elles se battaient entre elles pour obtenir de précieuses cargaisons (masques, respirateurs et autres principes actifs) venues d’une Chine disciplinée qui soulignait à l’envi le chaos occidental. Les démocraties illibérales, Hongrie en tête, s’engouffraient dans la brèche géopolitique et claironnaient la supériorité des vaccins russe et chinois pour ajouter à l’humiliation. Trump récoltait 74 millions de voix, manquait de peu sa réélection et imposait son

Ukraine, comment vaincre la résistance de Poutine à la modernité ?

Les analyses abondent et convergent pour dire que Poutine s’enfonce dans la guerre. A défaut d’avoir l’initiative miliaire, il pousse les feux sur les fronts de la guerre hybride (pseudo-annexions, menace nucléaire, gazoducs/ énergie) qui ne peuvent rien si ce n’est aggraver sa fuite en avant. Sur le terrain les choses accélèrent. L’armée ukrainienne avance avec détermination et efficacité, elle pousse l’armée russe dans la spirale de l’échec, c’est-à-dire l’accumulation de mauvais réflexes et d’erreurs. Le pari de la mobilisation est douteux. Dans La conduite de la guerre [1], le major Fuller

Elections australiennes : résultats et enseignements

Nous pourrions envier le taux de participation aux élections fédérales australiennes, il a dépassé les 92%. Il est vrai que le vote est obligatoire depuis 1924 et qu’avec cette obligation les Australiens semblent se souvenir d’une évidence : la démocratie ne s’use que si on ne s’en sert pas ! Le scrutin renverse la majorité national liberal aux affaires depuis neuf ans (trois mandats). La victoire revient au Labor d’Anthony Albanese qui obtient de justesse la majorité absolue à la chambre basse (77, +8 élus), condition pour gouverner dans cette démocratie parlementaire [1]. La défaite est

Liban : la fin du printemps ou enfin une lueur d’espoir ?

Le 15 mai dernier ont eu lieu au Liban des élections législatives sous tension, dans un contexte de crise aiguë qui s’éternise depuis plus de deux ans, sur fond de faillite économique, de corruption politique, de misère sociale et de conflits confessionnels. Qualifiée de « printemps arabe à retardement », la révolution d’octobre 2019 portait pourtant les espoirs d’une population qui, excédée par les abus de la classe dirigeante, était massivement descendue dans la rue, exigeant la démission de ces hauts responsables corrompus et ayant mené le pays à la banqueroute, suite aux larges dérives

Macron. Prendre son temps.

Le choix d’une équipe ne se fait pas en une semaine. Connaissez-vous une institution, entreprise ou association, dont le président soit tenu de nommer un nouveau DG et l’équipe qui l’entoure en moins d’une semaine ? Aucun choix n’est plus délicat que celui des hommes, qui doit être associé à une mission précise. Il faut discerner les compétences et les caractères, éliminer les caractériels et les dangereux, pressentir les incompatibilités. Tous ceux qui ont exercé des responsabilités ont fait l’expérience de décisions hâtives et imprudentes qu’ils ont longtemps regrettées. Sauf catastrophe

Et dans cinq ans ?

On a eu un peu peur en 2017, on a eu très peur en 2022 et on a toutes les raisons d’être angoissé pour 2027. Peur de l’extrême droite ? Du populisme ? Du national-socialisme ? Peur d’un mouvement dangereux pour la démocratie, incarné aujourd’hui par Marine Le Pen, qui se sera sans doute recomposé d’ici là. Qu’elle, ses amis et ses semblables aient envie de prendre le pouvoir par les urnes ne rassure pas quant à leur attachement à la démocratie. Mussolini et Hitler l’ont fait jadis. Leur ami Orban vient de le refaire en Hongrie. Le quitteraient-ils quand la faillite de leur programme serait

Bruno Piriou : être maire en 2022

La société française bouge beaucoup, le pays est en profonde transformation. Qu’est-ce que son expérience de la politique et du "terrain" enseignent à Bruno Piriou, maire de Corbeil-Essonnes, sur le rôle d'un maire aujourd’hui ? Ce qu’il évoque en premier est le phénomène de déstructuration de la vie politique française. En quelques décennies on a assisté à la quasi disparition des corps intermédiaires classiques (partis politiques, syndicats, associations). Le maire, lui, est toujours là et se retrouve ainsi en quelque sorte en ligne directe avec les habitants. Pour Bruno Piriou ceci fait

La Langue de Zemmour

Professeur à l’université de Stanford (États-Unis), chercheuse associée au Cevipof de Sciences Po, Cécile Alduy s’est penchée sur les procédés rhétoriques du candidat aux élections présidentielles Éric Zemmour, dans un essai bref et incisif, La Langue de Zemmour (Éditions du Seuil, 2022). Elle montre que son style s’inscrit dans une longue tradition de la langue fasciste. Disséquant le discours du candidat à la magistrature suprême, elle montre les procédés par lesquels il clôt toute discussion : la répétition à outrance et l'assertion de vérités générales ( « on sait que », « depuis la nuit

Profilage et démocratie sont incompatibles

La France aborde deux campagnes électorales capitales, pour les présidentielles et les législatives. On surveillera beaucoup les temps de paroles et les financements. Surveille-t-on assez ce qui se passe sur les réseaux sociaux ? Sur Facebook et ses filiales ? Sur Google ? Le Club des vigilants a décidé de mettre un accent particulier cette année sur les aspects concrets de la démocratie et sur la puissance excessive des GAFAM, les grands groupes d’internet. La question est au croisement de ces deux thèmes. Un scandale un peu ancien, l’affaire Cambridge Analytica qui date de l’élection de

Et si l’on écoutait un peu plus « la France des terrasses et des barbecues » !

C’était comme une évidence : Thierry Keller, co-fondateur d’Usbek et Rika, le « média du futur », qui (c’est ainsi qu’il le décrit) « tient la chronique des bouleversements de notre temps, avec une méthode prospective et un état d’esprit : vigilance et optimisme » ne pouvait pas ne pas être un jour l’invité des Vigilants, dont « l’optimisme » est l’une des valeurs dominantes clairement affichée. La sortie de son dernier livre « Entre déclin et grandeur. Regard des Français sur leur pays » co-écrit avec Arnaud Zegierman (fondateur de l’institut Viavoice) nous a fourni l’occasion d’échanger avec