Un peu d'inflation pour la croissance

L'idée de voir revenir l'inflation qui est dans l'air du temps peut sembler intéressante. Si l'on se pose la question de la rémunération de l'argent sous forme du taux d'intérêt qui est habituel dans nos contrées occidentales, on peut s'étonner qu'il existe des civilisations pour lesquelles ce concept n'existe pas ou plus encore soit interdit ! A l'origine des origines, l'invention de la monnaie a été une idée géniale qui a permis de sortir de l'antique procédé du troc en transférant sur un "objet" reconnu par tous dans sa capacité  à nous libérer d'une dette envers un tiers. La monnaie est une forme de "dématérialisation" des échanges avant l'heure...

Le problème de l'inflation est en fait apparu lorsque l'objet monnaie, dont la quantité devait naturellement être fortement corrélée au niveau des échanges marchands du moment, est devenu lui-même un objet d'échange et donc de spéculation.. Nous connaissons tous la mécanique de la  "planche à billets". Je ne suis pas riche mais j'ai le droit d'imprimer des billets de banque ou des droits de tirage que tout le monde doit accepter ! Nos chers amis américains qui avaient longtemps accepté que leur Dollar soit mis en équivalence avec un stock physique d'or par exemple, n'ont-ils pas unilatéralement dénoncé les accords de Bretton Woods pour mieux pouvoir accompagner leur croissance économique mondiale et, accessoirement, se permettre d'entrer dans une économie du déficit public ! La monnaie est ainsi devenue comme cela le moyen de "stocker de la valeur marchande" de manière abstraite et universelle. D'où le succès de l'argent... Tout a commencé à dysfonctionner lorsque certains ont compris qu'il y avait là  un moyen de constituer une "économie de la finance" en parallèle avec "l'économie marchande réelle". C’est ainsi que l'activité de banque est née en Italie et aux Pays-Bas, quelques siècles auparavant. Tout cela ne sont qu'évidences connues de tous, bien sûr. Mais à partir du moment où le seul fait de disposer de monnaie, justifie, en soi, un revenu qui ne soit pas lié à une activité dite "productive" au sens de l'économie matérielle réelle, l’inflation devient, à ce moment là , le signe d'une économie réelle en croissance ! Tout est question de mesure, évidemment ! L'idée est qu'en l'absence d'inflation de la masse monétaire disponible pour l'économie, toute monnaie qui n'est pas "engagée" chaque jour dans un processus de production économique réel doit, logiquement, perdre mécaniquement de sa valeur. La contrepartie de la perte de valeur, c'est, normalement la justification du taux d'intérêt ! Si la monnaie souhaite obtenir une rémunération "sans risques" qui soit bien supérieure à  cette perte de valeur, elle doit la "prendre" sur celle dégagée par l'économie réelle générale. Pour éviter l'excès de ce "prélèvement ", les Banques Centrales tendent, en général, à  maintenir bas le niveau de rémunération de l'argent sans risques. On peut se demander s'il n'existe pas un lien logique entre inflation et croissance économique. Autrement dit, si un certain niveau d'inflation n’est pas le signe d'une croissance de l'activité économique. Bien entendu, on peut observer de l’inflation en cas de pénurie réelle de biens (l'Allemagne de l’après guerre et certains pays sous-développés) mais elle peut aussi être purement spéculative dans le cas de pénuries provoquée… Ainsi l'inflation pourrait être vue comme ce que les aviateurs appellent "le secret du petit angle". A l’image des ailes des avions qui ont besoin d’offrir une certaine résistance pour se maintenir en l’air et avancer, la société devrait accepter un niveau d’inflation raisonnable à même de stimuler la croissance. D'ici à ce que nos gourous de la macro économie, viennent nous dire que d'un mal il peut sortir un bien et acceptent un traitement homéopathique de nos économies à l'inflation, il n'y a qu'un pas…  

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Commentaires

Je n'ai rien compris ! Et vous ?

Gilles,

Ce que tentait d'expliquer Henri-Paul c'est que les problèmes de disparités se sont accrus lorsqu'il a suffi de l'argent pour fabriquer de l'argent. Tant que les échanges se limitaient ? de la production le système capitaliste tournait ? peu près rond, c'est schématiquement ce qui était appelé le capitalisme paternaliste. Le capitaliste avait besoin de ses outils de production et donc de la main d'oeuvre (les hommes) pour produire, il les protgeait parce qu'ils constituaient son seul moyen de continuer. Aujourd'hui nous sommes entrés dans une économie quasi-uniquement bancaire et financière et qui pourrait en pratique se passer presque totalement d'intervention humaine. L'être humain ne constituant plus un capital pour cette économie, elle ne s'en soucie plus et ne le protège plus.

Un système sans inflation protège la monnaie mais ne permet pas d'augmenter les marges de manoeuvre puisqu'il faut toujours chercher ? réduire les coûts pour vendre plus. Schématiquement la question que pose Henri-Paul pourrait être la suivante : ne faut-il pas diminuer un peu la valeur de la monnaie pour rééquilibrer la situation envers ceux qui n'en disposent que de peu ?

D'autre part le taux d'inflation est inversement proportionnel au taux de chômage (voir ici ).
En sachant cela on en déduit que la politique budgétaire influe directement sur le taux de chômage. Ce fort taux de chômage que nous connaissons est-il voulu et déterminé ? C'est une question intéressante...

Quant ? l'allusion au "petit angle", elle est assez astucieuse. En effet un avion pour pouvoir voler doit opposer une résistance ? l'air, c'est cette résistance qui constitue par effet de frottement la "portance". Henri-Paul suggère que l'économie capitaliste actuelle rencontre une certaine résistance, qui serait une légère inflation et qui par effet de frottement n'aurait pas pour objet de la plaquer au sol mais au contraire de lui permettre de se maintenir en vol. ;-)

Ceci étant, j'espère que je ne me suis pas trompé sur ses intentions parce que j'aurais l'air fin l? ...

Non,José,vous ne vous êtes pas trompé !

Vous avez seulement mis l'accent sur l'aspect " social " ou " humain " de la question. Accent auquel, ? titre personnel, je souscris car il est aisé de comprendre que l'absence d'inflation constatée, signifie qu'il y a stabilité de la masse monétaire correspondant ? l'activité économique qui la gage. Comme la "valeur" de la masse monétaire n'est, depuis la fin de Bretton Woods, que le "reflet" de la "valeur" de l'économie qui est maintenant la seule justification, la seule contrepartie de la monnaie, on comprend quen très logiquementn "absence d'inflation" implique "absence de croissance économque" !

Si la masse monétaire reste constante ( en l'absence d'inflation ) c'est que les flux constatés entre les différents acteurs de l'économie sont globalement ? l'équilibre de valeur. Cela ne signifie pas que chaque acteur soit lui-même ? l'équilibre vis ? vis des autres. Certains acteurs vont avoir tendance ? concentrer sur eux les flux en provenance des autres et donc ? s'enrichir au détriment... des autres. D'où l'inégalité croissante entre les acteurs !

Ce que je cherchais ? mettre en lumière, en tentant de montrer que cela peut être une sorte de "moteur" de l'activité économique, c'est qu'en l'absence d'inflation, l'argent gardant sa valeur, les acheteurs-acteurs économiques qui ont de l'argent ont tendance ? thésauriser et ? freiner leurs achats.

Si l'argent perd spontanément de valeur avec le temps qui passe,au contraire, la logique veut qu'il vaut mieux acheter tout de suite ce qui vaudra plus cher demain ! Il y a donc un motivation forte ? l'achat, dans la mesure évidemment où les revenus suivent.

Nous revenons dans un "univers en expansion" et c'est cela qui permet aussi une certaine redistribution des cartes entre les acteurs...

De l? ? se dire que la maîtrise des prix et des salaires que seul la Gauche française a su, dans les années 80, faire accepter aux Français est un peu ? l'origine d'une certaine paupérisation de la population et d'un certain refroidissement de l'économie, il n'y a qu'un pas !

Je comprends mieux avec ce qui est dit ci-dessus.

Cela me donne une idée ? souffler ? ceux qui vont devoir tirer des actions concrètes du récent rapport de Monsieur Pébereau.

Est-ce que l'inflation ne serait pas la manière la moins douloureuse pour tout le monde d'aider ? résorber l'énorme dette de la France ?

Gilles,

Le problème principal que soulève votre interrogation est le suivant : le taux d'inflation est directement issu de la politique monétaire. Or, dans l'Union européenne, la politique monétaire est déterminée par la BCE. Celle-ci, par ses statuts, est totalement indépendante du pouvoir politique. De surcroît elle gère la monnaie de tous les membres de la zone Euro qui ont évidemment des intérêts divergents selon leurs degrés de développement. Les pays nordiques ont bien compris l'ampleur des contraintes imposées par de tels statuts, c'est pourquoi ils ont refusé la monnaie unique.

Quant ? la dette de l'État elle n'est pas due ? une mauvaise économie ou ? la faillite du "modèle social" mais intégralement le résultat d'une mauvaise gestion, d'un État qui aurait toujours besoin de plus d'argent parce qu'il ne se soucie pas du bien-fondé de ses dépenses. L'image est basique mais on peut comparer cette gestion ? un foyer qui emprunte pour rembourser les intérêts de ses crédits. La spirale du surendettement n'est pas bien loin.

Emprunter pour investir dans une entreprise bien gérée est louable et productif. Emprunter et distribuer son argent sans se soucier de son utilisation est la règle des politiques économiques menées en France depuis 20 ans.

Ce n'est pas la France qui vit au dessus de ses moyens mais l'État. Avec une telle politique, inflation ou pas ne change rien. Cela soulagerait provisoirement les ménages les moins riches mais aucunement l'État s'il continue ? depenser de cette façon. Rendre l'argent moins cher permet d'emprunter plus...

D'autre part tout dépend auprès de qui l'on a des dettes, c'est la toute la difficulté de la parité entre les différentes monnaies. C'est le problème que soulevait Henri-Paul, il n'y a plus de valeur étalon, valeur qui était l'or.

Ce que je crois comprendre en fait de tous ces échanges c'est qu'une baisse systématique des prix, celle que nous susurrent en plublicité les grandes surfaces pour que nous achetions chez elle, est dangereuse.

En poussant le consommateur de base ? acheter "tout" de "moins en moins cher" chacune des grandes enseignes de la distribution cherche en fait ? faire venir vers elle le maximum de flux financiers. Cela est son objectif réel, la baisse des prix proposée n'en étant que le moyen. C'est une logique de concurrence commerciale vraie et forte.

En ayant l'impression d'acheter tout, de moins en moins cher, le consommateur a l'illusion d'optique d'avoir de plus en plus de pouvoir d'achat. En fait, il ne fait que déclencher un "processus déflationniste" (le contraire de l'inflation) et donc il tue la croissance potentielle dans l'oeuf !

Conclusion apparemment logique : pour relancer la croissance, il faut un peu plus d'inflation et pour cela il faut donc arrêter de baisser les prix... ? tout prix, ce qui limitera l'envie folle de toujours baisser les charges... Comme la drogue, la baisse des prix rend très heureux au début mais bientôt elle laissera ? nos contemporains ébahis une vraie... gueule de bois !

Gilles,

Effectivement vous avez compris le problème de la baisse perpétuelle des prix.

Dans les faits il existe deux motivations ? la baisse des prix : la première, logique, se réalise en augmentant la productivité par la technologie. C'est en fait une simple répercussion de la baisse de coût de fabrication. Les marges sont respectées, ce qui n'entraîne pas une baisse du niveau de vie de la main d'oeuvre puisqu'il n'est alors pas nécessaire de la réduire en nombre. Elle produit plus et participe alors ? la vitalité de l'entreprise.

La seconde a des effets pervers parce qu'elle paraît attirante ? court terme mais se révèle désastreuse socialement sur les moyen et long terme. Schématiquement, elle a été initié par la grande distribution. Ce fut la stratégie des produits d'appel qui consistait en vendre des produits ? prix coûtant pour attirer de la clientèle. Ce faisant on a rendu l'initiative générale, les enseignes sont devenues des marques "Premier prix" et tous les prix ont été tirés vers le bas, d'où l'émergence des "discount". Le phénomène pervers est que la concurrence par le prix et non par la qualité entraîne forcément une baisse de tous les coûts soit en allant chercher ou produire l? où c'est fabriqué le moins cher (délocalisations ou importations massives), soit en baissant la rémunération des employés productifs. Descendant alors leur niveau de rémunération, il faut vendre encore moins cher, etc. C'est une spirale infernale.

Imginez un instant une PME du bâtiment, par exemple, qui rafle tous les appels d'offre parce qu'elle casse les prix. Ne pouvant plus payer ses employés correctement elle en perd mais pour tenter de se redresser elle prend encore plus d'appels d'offre ? prix cassés... La suite logique est la faillite de tous les maillons de la châine.

Le raisonnable eut voulu que l'on garde le "juste prix" et que pour vendre plus on ne vende pas moins cher mais que l'on donne plus de moyens d'acheter. Le seul inconvénient, et c'est ce qui a été très bien anticipé et mis en oeuvre, c'est que dans cette alternative on ne peut pas être certain que l'argent revienne dans le circuit par la consommation puisque cela permet d'épargner afin de pallier les mauvais coups du sort. Tandis qu'en descendant les prix sans baisser les coûts vitaux (logement, énergie, nourriture, etc.) on empêche l'épargne et on continue ? vendre en mettant les prix ? la portée des baisses de revenus.

Il est évident aussi qu'en tant qu'acteurs (clients) nous jouons aussi notre rôle dans cette spirale, pourquoi vouloir acheter ce dont nous n'avons pas besoin ? Pourquoi acheter gros si nous n'avons besoin que de petit ? Que vous rapporte le dernier téléphone portable ? la mode qui vous servirait presque le café le matin si vous n'en utilisez que la fonction téléphone ?

Les besoins ne remontent plus aujourd'hui, ils sont créés et générés. C'est ce que l'on appelle le consumérisme.

Mais je suis sûr que beaucoup de membres du Club des Vigilants sont beaucoup plus qualifiés que moi sur ces sujets, je ne vais donc pas monopoliser votre écran... ;-)

Ah, enfin un bel et long échange sur ce site !

Dommage qu'il n'y en ait pas plus souvent. Mais les Vigilants en question n'ont ils rien à dire ?

Je trouve que les lecteurs de ce site, pourtant riche et intéressant, devraient s'exprimer sur ce sujet crucial de l'inflation et des risques que font peser à terme les prix trop bas.

Tous les marchés en matière domestique, ceux qui concernent les besoins vitaux des gens, ne sont pas flexibles et la fameuse "loi du marché" fonctionne mal...

La vraie question est de distinguer ce qu'on appelle "produits vitaux" pour les gens. L'écran plasma et le téléphone portable sont ils vitaux ?

Ca ce sont de vrais sujets d'actualité qu'un club comme le votre devrait évoquer !!!

Chers amis du Club des Vigilants,

Une idée qui m'est venue ce matin "en me rasant" :

" Pourquoi le site du Club ne ferait-il pas une relecture systématique des billets déjà parus pour mesurer leur pertinence ou leur "impertinence" par rapport à la situation du jour ? ".

L'idée d'un besoin d'inflation raisonnable à l'aube de la "stagflation" qui menace pratiquement tous les pays développés me semble avoir repris un... coup de jeune. Non ?

Merci de vos commentaires, même et surtout s'ils sont acérés !

HPS

Chers amis du Club des Vigilants,
Une idée qui m'est venue ce matin "en me rasant" :
" Pourquoi le site du Club ne ferait-il pas une relecture systématique des billets déjà parus pour mesurer leur pertinence ou leur "impertinence" par rapport à la situation du jour ? ".
L'idée d'un besoin d'inflation raisonnable à l'aube de la "stagflation" qui menace pratiquement tous les pays développés me semble avoir repris un... coup de jeune. Non ?
Merci de vos commentaires, même et surtout s'ils sont acérés !
HPS

L'idée serait-elle que l'inflation pourrait être un substitut à la croissance du volume des échanges marchands entre les acteurs de l'économie ?

Ce que mesure, au fond, le PIB et le PNB.

En l'absence d'une indexation partielle des revenus fixes sur cette inflation, c'est là un risque de "rendre tout le monde pauvre", sauf ceux qui ont le pouvoir de faire évoluer les prix et d'en retirer la meilleure part ...

Il me semble que le problème que nous avons, dans nos pays riches, c'est que la nécessité d'échanger des biens et des services réels basés sur les biens et les services historiques va en déclinant fortement. C'est une conséquence logique du fait que nous sommes... riches !

La voie à creuser me semblerait passer par l'idée d'accorder de la valeur à des biens ou à des activités qui aujourd'hui n'en ont pas on n'en ont que peu.

Evidemment, cel passe par un évolution forte des valeurs sociales dominantes". Cela n'est donc pas simple mais n'est pas impossible.

Si on se réfère à la traditionnelle pyramide des besoins humains de Monsieur Maslow, on comprend que, dans nos pays riches, quoi qu'on en dise, les besoins fondamentaux traditionnels du bas de la pyramide sont grosso modo satisfaits en ce qui concerne la plus grande partie de la population ( besoins physiologiques, besoins de sécurité physique et sociale,... )

La plus grande partie des besoins potentiels existants (source d'une nouvelle croissance ?) se situe dans des domaines un peu moins "matériels" qu'aujourd'hui. Ces besoins nouveaux se positionnent dans des étages plus élevés de la fameurse pyramide : besoins d'amour et de relations, besoins d'estime et besoins d'auto-réalisation.

Sans doute qu' Internet arrive à valoriser certains de ces besoins humains fondamentaux, ce qui peut expliquer son succès.

Pour ma part, je crois fermement que c'est "la voie " à emprunter aujourd'hui. Nos politiciens et nos économistes de haut vol devraient commencer à l'emprunter et à la découvrir !

Un exemple, que penser du besoin de spiritualité, de don et de partage ?

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