Tchernobyl pétrolier

La catastrophe de Tchernobyl a contribué à l’effondrement du régime soviétique considéré comme incapable de faire face aux évènements. Elle a aussi freiné le développement de l’énergie nucléaire dont la sécurité a semblé incertaine. Quelles seront les conséquences de l’actuelle marée noire ?

Elles seront lourdes car la catastrophe frappe d’autant plus l’opinion qu’elle se situe au large des Etats-Unis. Quand les dégâts ont lieu au Nigeria, les télévisions sont absentes et quand ils ont lieu au Mexique l’émotion n’est que passagère. Aujourd’hui, rien de tel. L’onde de choc sera politique, économique et environnementale.

L’issue politique est incertaine. Les adversaires d’Obama reprochent au Président de n’avoir rien fait. Ses amis stigmatisent l’Administration précédente qui, en raison de ses rapports étroits avec l’industrie pétrolière, n’était pas très regardante. Le débat est vif et, pour l’instant, joue en défaveur d’Obama.

Les conséquences économiques, elles, sont déjà partiellement prévisibles. L’Administration américaine demandera aux compagnies pétrolières d’appliquer, pour les forages en mer profonde, une sorte de principe de précaution. Cela augmentera les coûts et favorisera les grandes compagnies dans la mesure où les petites auront du mal à suivre. Pour toutes, grandes comme petites, les prix de revient augmenteront et la levée des fonds deviendra plus difficile.

Sur le plan environnemental, tout dépendra de la façon dont les Etats-Unis parviendront ou ne parviendront pas à déclencher un mouvement mondial. Ils vont essayer puisque, s’ils sont presque seuls à appliquer des règles strictes, leur pétrole sera plus cher que d’autres. De nombreux gouvernements (avides de royalties) seront, bien sûr, réticents.

Pour qui songe aux économies d’énergie et à la santé des océans (qui produisent l’essentiel de l’oxygène que nous respirons et absorbent 25 % des émissions de carbone), mieux vaudrait qu’Obama parvienne à transformer les futures normes américaines en obligation universelle.

Ce serait une amorce de gouvernance mondiale. Souhaitable mais – hélas ! – improbable.

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