Science sans conscience…

Les petits-déjeuners du Club nous ont offert récemment deux approches radicalement différentes de la médecine et de la biologie. En novembre 2005 le Professeur Derenne, personnage haut en couleurs, a fait un très brillant exposé sur le thème : "Ils ont tué Hippocrate". Il dénonçait certaines dérives actuelles de la politique de santé et le comportement de nombre de ses collègues qui n'agissent plus en médecins mais en techniciens, oubliant que les patients sont des êtres humains.

Le 16 mai, le Professeur Joël Bockaert nous a fait part des dernières recherches sur le fonctionnement du cerveau et en particulier le rôle des récepteurs. L'avenir du traitement des maladies et des désordres du cerveau réside dans la mise au point de nouvelles molécules, ce que personne ne peut totalement écarter, mais la chimie, en laquelle le Professeur Bockaert met manifestement tous ses espoirs, est-elle, seule, la clé pour traiter les dysfonctionnements du cerveau ?

Peut-on ironiser, comme il le fait, sur l'aspect placebo des discussions avec son psychiatre pour soigner une dépression ? Quant à justifier le recours au dopage sous le prétexte que le sport de haut niveau est devenu aberrant, c'est un raisonnement qui peut mener fort loin et rappelle Aldous Huxley. C'était certainement un trait d'humour, du moins je l'espère.

Heureusement au cours de la discussion le mot "éthique" a été prononcé. Les recherches sur le cerveau sont au moins aussi sensibles que les dernières découvertes dans le domaine des manipulations génétiques et la fameuse phrase de Pantagruel doit alors prendre tout son sens. Le progrès scientifique est la clé du développement de l'homme, machine pensante. Ce progrès doit toutefois être réfléchi, pensé et pesé en fonction de notre héritage culturel et spirituel. La réflexion est un exercice difficile si l'on veut raison garder.

Nier la science, comme le font de plus en plus d'extrémistes de tous bords, est la négation de l'intelligence humaine. Il ne faut pas pour autant absoudre toutes les utopies. L'équilibre est infiniment délicat à trouver. Les activistes qui ont manifesté le Ier juin contre la création à Grenoble d'un pôle de nanotechnologies avec comme slogan le refus de la "technification du monde imposée aux populations" ne font certainement pas honneur aux capacités de l'homme à gérer son futur.

Quoi qu'il en soit, ainsi qu'illustré récemment dans tous les domaines, notre société n'est pas loin de la dérive car on a oublié les valeurs fondamentales et tout particulièrement l'éthique telle qu'enseignée par les philosophes grecs.

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