Sécu et préjugés

090921-CarteVitale.jpgCela fait au moins quarante ans que le système de santé américain est disséqué jusqu’à plus soif. Plusieurs administrations successives ont essayé en vain de le réformer. Obama, pendant la campagne électorale, s’est engagé à relever le défi.

Il risque de s’y user alors que le système actuel coûte plus cher à l’économie américaine que celui de tous les autres pays développés et qu’il laisse près de 50 millions d’Américains dépourvus de toute couverture. 

Il est normal que les compagnies d’assurance, les laboratoires pharmaceutiques et certains médecins soient contre un projet qui encadrerait leurs pratiques. Il est, en revanche, moins normal que leur « campagne d’information » rencontre un tel succès auprès d’une grande partie de l’opinion. En assimilant la notion de réforme à celle de "socialisme" et en dénonçant "l’étatisme", les lobbies touchent une corde sensible. En faisant croire que les "travailleurs" devront payer pour les "fainéants", ils alimentent de graves préjugés. 

Eisenhower, en son temps, mettait en garde la société américaine contre la puissance excessive du "complexe militaro-industriel". Aujourd’hui, les adversaires politiques d’Obama n’hésitent pas à voler au secours de ce que l’on pourrait appeler le "complexe médico-financier".

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Commentaires

Pour bien comprendre ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis, il ne faut surtout pas s’éloigner de la réalité américaine. Quelle est-elle ?
Premièrement, cela peut être surprenant vu de Paris mais politiquement parlant la santé n’a jamais été un thème déterminant dans le choix des électeurs américains. Ces derniers lui préfèrent l’économie et, ne l’oublions pas, c’est sur ce thème précis qu’a été élu Barack Obama .
Deuxièmement, la mutualisation du risque santé ne fait absolument pas partie de la culture américaine qui repose toute entière sur les vertus affirmées et revendiquées de l’individualisme.
Troisièmement, pour des raisons objectives liées à leur histoire, nos amis américains entretiennent à l’égard de l’Etat Fédéral une relation empreinte d’une grande méfiance à la limite, pour certains, de la défiance.
De fait la volonté du Président Obama de garantir l’accès de tous les citoyens américains à une couverture santé ne pouvait que déchainer les conservatismes les plus rétrogrades d’autant qu’il n’y a rien de plus simple pour un groupe de pression que de caricaturer un projet complexe en formulant des contre-vérités …
Aujourd’hui, le projet porté par les démocrates n’a pas d’autre ambition que le dépassement des intérêts particuliers au service d’un nouvel intérêt général. De vous à moi, c’est beaucoup plus qu’un projet complexe, c’est une révolution…

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