Rêve de paix

090603-MondeMusulman.jpgCoup de prose dans l’eau ou coup de cœur dans le mille ? Le « grand discours au monde arabe » que Barack Hussein Obama doit prononcer au Caire dans quelques heures peut être l’un ou l’autre. Les conséquences positives, ou négatives, seront immenses.

Si l’essentiel du discours est rédigé par des « experts », le mur des ressentiments restera intact ; la brèche ne peut venir que si le souffle est personnel et la parole authentique. Il faut espérer qu’Obama parlera peu de politique et beaucoup de lui-même, de sa vie, des souffrances qu’il a endurées à cause de la brisure du monde, des incompréhensions raciales et des antagonismes religieux. 

L’élément clef est qu’Obama n’est pas seulement président des Etats-Unis, il est une universelle légende qui, pour les Musulmans, constitue une énigme : Comment un « Hussein » a-t-il pu devenir puissant parmi les puissants ? Est-il une menace pour l’Islam ou incarne-t-il un espoir ? 

La question n’est pas anodine mais vitale. Au-delà des gouvernements, elle concerne les peuples avec leurs masses de déshérités et leurs élites frustrées. Elle se pose à un moment qui, lui-même, est crucial : le terrorisme est sur le point de devenir un moment de l’Islam. Ses héros, ses martyrs peuvent enflammer l’imaginaire et balayer les réticences de millions d’hésitants raisonnables. 

Souvenons-nous. Au moment des Croisades, tous les Chrétiens n’étaient sûrement pas des fanatiques. La guerre « Sainte » les a pourtant enthousiasmés. En 1095, le pape Urbain II, a promis aux « hérauts du Christ » qui s’engageraient « dans la bataille contre les païens », la rémission des péchés. En bout de course, dans Jérusalem « délivrée », les « Sarrasins » ont été exterminés. Guillaume de Tyr, chroniqueur de la première Croisade, rapporte que « Nul n’a jamais ouï, nul n’a jamais vu pareil carnage de la gent païenne : des bûchers étaient disposés comme des bornes et nul, si ce n’est Dieu, ne connaissait leur nombre ».  

Des Don Quichotte du « Djihad » rêvent de revanche mondialisée. Les Sancho Pança du bonheur ont besoin qu’un citoyen du monde légitimise leur rêve de paix. Si Obama y parvient, « l’intendance suivra ».

Share

Ajouter un commentaire