"Privacy" contre "vie privée" : deux visions différentes à réconcilier

privacyLes Etats-Unis et l'Europe se querellent à propos des problèmes croissants posés par la dégradation de la protection de la vie privée sur les réseaux Internet, chacun ayant en effet sa propre définition de la vie privée ("Privacy").

Contrairement à l'opinion populaire, les Américains tiennent à leur vie privée, et la divulgation d'informations personnelles sans leur consentement est pour eux inacceptable. Ils acceptent en revanche aisément la collecte de ces informations, du moment que cela ne leur cause aucun préjudice. Pour les Européens, la limite est franchie dès la collecte, soit bien en amont. Dès lors, un dialogue de sourds s’installe dès que l'on aborde le sujet.

La stratégie numérique initiée aux Etats-Unis se base désormais sur la collecte et le traitement massif d'informations personnelles (réseaux sociaux, big-data, Cloud computing, mobilité, cyber-sécurité...). Pour les Américains, cette collecte de données ne pose aucun problème tant que celles-ci ne sont pas divulguées publiquement. On compte d’ailleurs sur cette stratégie pour maintenir l’économie à flot, comme le détaille le rapport “Big Data and Privacy” publié en début de mois par la Maison Blanche, et un effort particulier est mené pour protéger ces données face aux cyberattaques et autres risques de perte de confiance dans ce modèle.

Les Européens, eux, crient au scandale face à ces innovations, car selon leur définition, la violation de la vie privée commence dès la collecte. Il est en effet facile d’imaginer les dommages qu’un Etat non démocratique ou une société mal intentionnée pourrait engendrer avec de telles informations en main. Il n'est pourtant pas raisonnable d'imaginer à court terme un Internet indépendant des choix effectués outre-Atlantique, et les Européens devront faire avec durant quelques décennies encore, le temps de développer un savoir-faire souverain.

Dès lors, comment se mettre d'accord ?

Probablement, pour les Européens, en faisant confiance au modèle américain qui affiche un haut niveau de protection des données collectées notamment face aux cyber-menaces.

Mais pour cela, les Etats-Unis devront d’abord adapter leur modèle en y ajoutant le droit à l’oubli ainsi qu’une transparence absolue, gage indispensable de confiance qui limitera les abus et les tentations des institutions privées et publiques, tant chez eux, que dans le reste du monde.

Share

Commentaires

excellent, Bruno

voilà un éclairage bien utile

Ajouter un commentaire