Les "Occupy" : révolte ou révolution ?

Lancé le 17 septembre à  Zuccotti Park, rebaptisé Liberty Square,  le mouvement "Occupy Wall Street" dont le mot d'ordre est " nous sommes les 99 %" » a essaimé dans près d’une centaine de villes américaines. Près de trois mois plus tard, les "99 %" sont toujours là et le mouvement ne faiblit pas.

Je suis allée à Zuccotti Park à quelques 500 mètres de Wall Street. Sa taille, celle d’un square de quartier parisien, comme ses occupants, quelques centaines à certaines heures du jour, donne au lieu un petit côté de kermesse. Il y là le coin café, restaurant, épicerie, fripe, librairie… Mais il y aussi des ateliers de discussion par thématique et même un atelier de formation à la non violence !

Ces troupes étiques sur place ne doivent toutefois pas faire illusion. L’effet "Occupy" surclasse l’effet "Tea Party". Des sondages, semaine après semaine, indiquent que plus de 60 % des Américains soutiennent le mouvement. Des millions d’internautes échangent, discutent, planifient sur le site Occupywallst.org qui tient lieu d’agora plus large. Des versions du site en français et en espagnol sont en construction. Enfin une couverture médiatique qui ne faiblit pas sur un mouvement porté par des jeunes agissant en as en termes de communication et d’organisation.

Pourquoi ce ras le bol ? « Notre système politique doit être au service de tous, de l’intérêt général et non juste au service des riches et des puissants. Nous sommes les 99 % et nous sommes là pour nous réapproprier et régénérer notre démocratie. » Longtemps atone, la classe moyenne américaine se rebiffe et donne de la voix au travers de ses enfants. Une classe qui s’est fait laminer ces vingt dernières années et qui craint pour le futur de ses enfants au cœur de la première puissance mondiale ! Des enfants qui croulent sous les dettes – la dette cumulée des étudiants américains est de mille milliards de dollars ! - pour des études universitaires censées leur assurer un emploi. Des jeunes qui ne trouvent plus d’emploi. Des jeunes qui, avec ou sans emploi, doivent commencer les remboursements six mois après la fin des études… Des jeunes pour qui la finance ne finance plus rien qu’elle-même, tue les emplois dans l’économie réelle, bouche l’avenir. Cette finance là est, à leurs yeux, un vrai danger pour la démocratie.

Les classes moyennes ont jusqu’ici incarné la matrice de la démocratie. Ce sont elles aussi qui, le plus souvent, ont mené les révolutions. Le pire serait que la cécité des 1 % ne favorise cette dernière option.

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